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A la loupe : Confusions et amalgames
Publié le jeudi 11 juin 2015  |  Le Prétoire
Cérémonie
© aBamako.com par mouhamar
Cérémonie d`ouverture de la première édition du Festi` Bazin
Bamako, le 04 Septembre 2014 au Palais des sports. Madame le ministre de la culture, Ndiaye Ramatoulaye Diallo a présidé ce jeudi, la cérémonie d` ouverture de la première édition du festival de Bazin (FESTI`BAZIN) qui se tient du 04 au 06 Septembre 2014.Photo: ministre des Affaires religieuses et Culte, M. Thierno Amadou Omar Hass Diallo.




Vendredi dernier, l’imam Tierno Amadou Omar Hass Diallo, ministre des affaires religieuses et du culte, a présidé à Ségou la cérémonie de clôture de la formation des formateurs arabophones en entreprenariat. Même si ce ministre est classé très loin dans l’ordre de préséance des membres du gouvernement et que son département constitue une entorse à la laïcité de l’Etat, ce choix n’aurait rien de surprenant s’il n’y avait pas un ministre chargé de l’emploi et de la formation professionnelle et un autre en charge de l’éducation nationale ou de l’enseignement supérieur. Mais apparemment, dans ce gouvernement formé on ne sait dans quel véritable but, les membres continuent à se méprendre sur leurs rôle et responsabilités. Ce qui crée de plus en plus amalgames et confusions.

Ainsi, parce que des diplômés sont sortis de medersas ou universités arabes, il faut nécessairement que le ministre des religions et cultes soit présent à la fin de leur formation. Le ministre, avant son départ pour Ségou, ignorait-il que ces diplômés avaient été formés en entreprenariat afin qu’ils forment eux-mêmes d’autres diplômés en entreprenariat ? Croyait-il que ces diplômés allaient clôturer une séance de prière collective afin que la paix et la réconciliation soient des réalités au Mali ?

Ce ministre n’a donc rien de mieux à faire qu’à gaspiller l’argent du contribuable dans des voyages inutiles pour assister à des cérémonies qui ne le concernent en rien ? Car il s’agit bien de cela, le ministre des affaires religieuses et cultuelles, Tierno Amadou Omar Hass Diallo, n’est pas concerné par ce genre de cérémonie. Et même s’il y est invité, le bon sens et la raison voudraient qu’il décline l’invitation. Pour éviter les amalgames et les graves conséquences qui peuvent en découler.

Car en se rendant à une cérémonie de formation en entreprenariat, mais s’il ne s’agit que des arabophones, le ministre des religions a tendance à donner à son geste des relents de religiosité, or l’arabe n’est pas forcément l’islam, et on ne rentre pas dans une medersa ou une université arabe pour y apprendre seulement le Coran mais bien d’autres connaissances nécessaires à la vie pratique. Musulman ne veut pas dire islamiste

C’est parce que ce genre d’amalgame est fait que dans certains pays occidentaux des Arabes paient très cher la folie des islamistes. En France, après l’attaque contre le journal Charlie Hebdo, beaucoup de Français de nationalité ont été pris à partie à cause de leur ascendance arabe par des illuminés qui ignorent ou feignent d’ignorer qu’il existe des Arabes chrétiens, juifs, athées ou d’autres confessions religieuses. Ces mêmes illuminés ignorent ou feignent d’ignorer que tous les musulmans ne sont pas des illuminés, fanatiques, extrémistes comme eux. Mais il est tellement facile de se cacher derrière ces amalgames qui tuent de plus en plus.

Alors, à l’avenir, Monsieur le ministre, tâchez d’éviter ce genre d’impair. Même si votre véritable mission est ignorée de tout le monde, hormis de vous-même et du président de la République, il serait bon de ne pas confondre une cérémonie de formation des formateurs en entreprenariat avec l’inauguration d’une mosquée, d’une église, d’un temple, d’une synagogue et d’un autel ou encore avec la célébration de l’apparition du kômo.

Les questions religieuses sont beaucoup trop sensibles pour être exposées à des interprétations douteuses dont les conséquences sont connues partout. Notamment et surtout au Mali dont le nord a été occupé pendant de longs mois par des individus qui croient avoir l’apanage de la religion mahométane. Certains d’entre eux sont là, y compris dans le sud du pays, prêts à profiter des nombreuses fissures que votre gouvernement provoque dans la laïcité de la République.
Menaces pour la gouvernance.

Mais si l’amalgame est une menace pour la cohésion sociale, la confusion des rôles et responsables en est une pour la gouvernance. Or, depuis l’avènement de cette pseudo-démocratie en 1991, la confusion règne au plus haut sommet de l’Etat. Notamment quand un conseiller, fut-il celui du président de la République, se permet, par une simple note, d’ordonner l’attribution de gré à gré de marchés publics concernant des domaines de souveraineté comme la défense nationale et la sécurité intérieure du pays.

Ou quand un ministre des affaires étrangères traite d’égal à égal avec des représentants de groupes rebelles terroristes comme si ceux-ci étaient les représentants d’un autre gouvernement, en l’occurrence l’Azawad. Ou quand, plus d’un an après les faits, on ne sait toujours pas qui du politique ou du militaire a donné l’ordre de mener le calamiteux et désastreux assaut contre le gouvernorat de Kidal en mai 2014.

Tout compte fait, cela est normal dans un pays où le Premier ministre ne fait sa Déclaration de Politique Générale que cinq mois après sa nomination, donnant l’impression que les membres nommés dans ce gouvernement depuis janvier travaillaient pendant tout ce temps sans feuille de route ni programme. A moins que la navigation à vue soit effectivement le cas depuis l’élection d’un IBK dépourvu d’un projet de société et d’un programme de gouvernement.
Cheick TANDINA
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