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A la loupe : Un accord avec le peuple
Publié le lundi 22 juin 2015  |  Le Prétoire




Les Maliens, c’est connu, aiment les fêtes grandioses et les cérémonies pompeuses. En l’espace de vingt-deux mois d’une gouvernance cahoteuse par un pouvoir déprécié, le président de la République a offert à son peuple trois occasions nettes de se divertir tout en s’adonnant à un exercice dont le seul objectif, notamment en ce qui concerne les deux dernières, est de se délecter du futile au détriment de l’utile.

Alger : la médiation propose un nouveau document à la signatureA quoi servait, en effet, un accord de paix signé le 15 mai entre deux partenaires non antagonistes, le gouvernement malien et les mouvements d’autodéfense, parfaitement en accord dans leur lutte contre un ennemi commun, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) ? A quoi servira un accord de paix entre ces deux entités et une CMA qui ne constitue plus depuis plusieurs mois une véritable menace pour la paix et la réconciliation au Mali ? Comble de pitrerie, le chef de l’Etat se félicite de cette cérémonie de signature au cours de laquelle les terroristes rebelles étaient représentés par un sous-fifre apatride, qui a tenu un discours accusateur contre le pouvoir central, et mandatés par un larbin, qui a signé le document censé être de paix. Appartenant respectivement au Mnla et au MAA, les sieurs Maïga et Ould Sidaty ne sont représentatifs d’aucune communauté du nord et longtemps ont été désavoués par les leurs, tout comme leurs autres camarades qui siègent dans les directions politiques et militaires de ces groupes.

Ni armée ni Minusma encore moins Mnla

Depuis leur défaite de juin 2012 face au jihadistes et leur fuite, les rebelles terroristes étaient devenus inoffensifs, dans les faits, en tant que Mouvement de libération. Leur victoire sur l’armée malienne, en mai 2014, à Kidal, après la visite du Premier ministre Moussa Mara, n’est due qu’à l’aide qu’ils ont obtenue de certains qui prétendent encore être des « amis » du Mali. Aujourd’hui, ces mêmes faux amis de ce pays sont en train de tout mettre en œuvre pour déstabiliser le nord et terroriser ses populations en tentant de désarmer les groupes armés qu’elles requièrent pour leur protection. Or, à l’heure actuelle, ce n’est pas la Minusma, avec le mandat qu’elle a, qui peut assurer la stabilité de la zone et y maintenir la paix, ses rapports avec certains groupes terroristes rebelles, malgré les dénégations et professions de foi, demeurent ambigus. Son empressement et son entêtement à faire partir de chez eux ces natifs et ressortissants de Ménaka, qui ont bien voulu venir au secours de leurs frères et sœurs opprimés par l’occupation du Mnla et consort, sont plus que suspects. Et, samedi dernier, à Bamako, lors de la grosse farce, le discours de son chef était beaucoup trop mielleux et populiste pour convaincre les moins sceptiques dans l’implication de la mission onusienne aux côtés des groupes rebelles terroristes. Ce n’est pas non plus en l’armée nationale, dans l’état de désarmement moral où elle se trouve, cantonnée dans les seconds rôles, que les populations du nord placeront leur confiance en ce qui concerne leur protection. Et ces populations restent toujours sceptiques malgré la signature en deux actes d’un accord pour la paix, sachant que les menaces sont toujours là, palpables.

Alliance rebelles-terroristes

La vraie menace pour la stabilité du pays était l’alliance que certains terroristes rebelles touareg –comme l’ancien député, sur lequel la justice malienne avait émis un mandat d’arrêt international pour crimes de guerre et contre l’humanité, Alghabass Ag Intalla, présent à Bamako pour la bouffonnerie parce que tous les mandats contre lui et ses camarades ont été levés pour raison d’Etat– ont nouée avec les groupes jihado-narcoterroristes. Cette menace demeure même si elle a changé de visage, de forme et de lieu. Les nombreuses interventions des forces françaises de l’opération Serval puis de Barkhane et l’activisme des troupes tchadiennes déployées au Mali ont permis de détruire plusieurs réseaux terroristes dans le nord du pays depuis janvier 2013. Cependant, des poches de résistance existent encore et les jihadistes redeviennent de plus en plus actives, contre les populations mais aussi contre les troupes de la Minusma, dont les hommes et les véhicules sautent très souvent sur des mines quand ils ne reçoivent pas des roquettes. Beaucoup de ces résistants à l’intervention franco-tchadienne étaient à Konna, en janvier 2013, après « le repli stratégique » des forces armées maliennes dû à l’avancée jihadiste. Et s’ils étaient à Konna, c’est parce qu’ils sont originaires de cette région centrale du Mali, mais ont dû fuir avec leurs camarades terroristes vers le nord. Après avoir suffisamment résisté aux interventions militaires, ils rejoignent les zones qu’ils connaissent le mieux, sans avoir renoncé à leur jihad, et en recrutant de nouveaux adeptes ou en réveillant leurs cellules dormantes. Aujourd’hui, leur terrain de prédilection est la zone du delta central du Niger. La région de Mopti.

Nuisances humaines

Comme il y a quelques mois dans celles de Gao et de Tombouctou, la guerre contre ces groupes fanatisés sera rude et délicate. Il ne s’agit plus, comme dans les grottes du Tegharghar, de traquer des hommes en djellaba, avec le teint clair et très différent des autochtones, la barbe très fournie et le pantalon raccourci, mais d’identifier au sein même des populations les terroristes qui s’y cachent sans aucune marque distinctive. Car ces terroristes sont bel et bien des autochtones de la région du centre, comme jadis ils étaient natifs des les régions du nord. Ça et là, ils sont confondus avec les populations locales.

Pour les débusquer, il faut la collaboration entière de ces populations locales, lesquelles, il faut le rappeler, ont toujours préféré les terroristes jihadistes aux terroristes rebelles. Or, la politique de l’actuel gouvernement, qui consiste à signer des accords de paix et d’arrangements sécuritaires avec ces terroristes rebelles, à leur donner l’accolade tout en les congratulant, n’est pas de nature à rassurer des populations qui attendent toujours de voir ces nuisances humaines payer pour leurs nombreux crimes. C’est avec ces populations que les autorités doivent passer un accord. Mais pour cela, il faut d’abord poursuivre et juger tous ceux sur lesquels pèsent de lourdes charges de crimes graves.

Cheick TANDINA
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