BAMAKO - Cheick Modibo Diarra, le premier ministre malien arrêté par des militaires, était avant sa nomination en avril un astrophysicien de renommée internationale qui avait décidé en 2011 de se lancer en politique.
Cet homme de 60 ans au physique imposant, a notamment vendu des colliers africains sur Madison Avenue avant de devenir "navigateur interplanétaire", titre d'un livre sorti en 2000 qui résume son parcours extraordinaire.
Il a été nommé Premier ministre en avril par le président par intérim Dioncounda Traoré, désigné après la remise du pouvoir à des civils à la suite d'un coup d'Etat militaire qui, le 22 mars avait renversé le président Amadou Toumani Touré et précipité la chute du nord du Mali aux mains de groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda.
Ce sont les putschistes du capitaine Amadou Haya Sanogo qui l'ont arrêté après ses prises de position en faveur d'une intervention militaire internationale pour reconquérir le Nord.
Né en 1952 à Nioro du Sahel (ouest), il a grandi à Ségou "avec une
confiance illimitée dans la vie", indique-t-il dans son livre. Il y fait ses
études primaires jusqu'à 1972, puis se rend à Bamako pour le lycée technique.
Il poursuit ses études à Paris, où il obtient une licence en mathématiques,
en mécanique analytique et physique, puis une maîtrise en mécanique des
fluides, avant de se rendre aux Etats-Unis.
Pendant six ans, de 1984 à 1989, il est professeur assistant à l'Ecole
d'ingénieurs de l'Université de Howard, puis navigateur interplanétaire (de
juillet 1989 à novembre 2002) au Jet Propulsion Laboratory (JPL), laboratoire
de l'Institut californien de technologie, sous contrat avec la Nasa, l'agence
spatiale américaine.
Chercheur à la Nasa
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A ce titre, il dirige plusieurs missions spatiales pour la Nasa, le JPL
explorant le système solaire grâce à des sondes équipées de robots.
Le pilotage des vols vers Mars le rend célèbre car il a l'idée de faire
suivre, en direct sur Internet, le vol de 1997, "Pathfinder", installant à
travers le monde des sites miroirs: chacun sur terre peut voir en temps réel
le robot "Sojourner" escalader les cailloux de la planète rouge.
Salué, sollicité, décoré, l'enfant malien devenu citoyen américain occupe
des fonctions importantes ou de prestige: ambassadeur de bonne volonté auprès
de l'Unesco, premier président de l'Université virtuelle africaine (UVA),
basée au Kenya, qu'il a quittée en 2005 pour co-fonder l'université numérique
francophone mondiale, président de Microsoft Corporation pour l'Afrique
(depuis 2006).
Mais Cheick Modibo Diarra, marié et père de trois enfants, n'oublie pas le
Mali, où il est aussi connu comme le gendre du deuxième président, Moussa
Traoré, militaire renversé en 1991 après 23 ans de pouvoir autoritaire.
Le 7 mars 2011, il présente à Bamako son parti politique, le Rassemblement
pour le développement du Mali (RpDM), à un peu plus d'un an de la
présidentielle, annulée par le putsch du 22 mars. "La politique ne doit pas
seulement être une affaire de professionnels", avait-il dit.
Lors de sa nomination, il avait assuré que le choix de sa "modeste
personne" comme Premier ministre l'avait "rempli d'humilité", et exhorté les
Maliens à s'investir pour résoudre la crise et réunifier leur pays divisé dont
toute la vaste partie nord est occupée par des islamistes armés liés à
Al-Qaïda.
