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Scandale de l’engrais frelaté : Fuite de responsabilité au sommet de l’Etat
Publié le mardi 7 juillet 2015  |  Le Républicain
Conférence
© aBamako.com par A.S
Conférence débat sur les engrais hors normes
Bamako, le 04 juillet 2015 le parti PARENA a organisé une conférence débat sur les engrais hors normes au CICB.




Qui pour assumer la responsabilité de l’engrais frelaté importé au Mali pour la campagne agricole 2015-16 ? Le Président de la République dénonce la situation et parle d’éthique et de morale, le ministre du développement rural indique ne pas être dans le coup, alors qu’ils ont tous deux validé la décision du groupement d’intérêt économique (GIE) Présidé par Bakary Togola, le tout puissant président de l’Apcam, soutient à son tour que tout ce qui est importé au Mali est frelaté, sans s’attarder sur la question de responsabilité. Au contraire, il trouve même inapproprié que l’on fasse de la question d’engrais une telle fixation, inappropriée à ses yeux.
Il a fallu plusieurs mois pour que le Président de la République s’exprime sur une situation qui concerne un secteur clé de l’économie malienne, l’agriculture dont les intrants sont subventionnés à 35 milliards de francs cfa. Le Président IBK a certes choisi un moment symbolique, le Conseil supérieur de l’Agriculture, pour dénoncer le scandale de l’importation des engrais ne respectant pas les normes recommandées.
En effet le Président s’est indigné contre la situation évoquant la question d’éthique et de morale. Aussi, a-t-il promis qu’il n’y aura pas d’impunité. Au regard de cette déclaration, les Maliens avaient compris une désapprobation du Président IBK des faits. En conséquence, IBK ne devait pas être concerné. Et pourtant le doute n’est plus permis, car le président a connaissance de l’affaire, et a même tout validé. Le Chef de l’Etat qui a présidé les travaux du Conseil supérieur de l’Agriculture, s’est prononcé tardivement sur cette situation, soit 17 mois plus après la mise en garde du gouvernement ivoirien.
Est-ce à dire qu’il n’était pas au courant de la correspondance du gouvernement ivoirien ? Comment est-ce possible qu’on arrive à identifier durant des mois un problème qui menace la production agricole de la nation et que le président ne soit pas mis au courant? Quelle gouvernance ? Etrange situation ou quel drôle de gestion? Interpellé deux fois à l’assemblée nationale, le ministre du développement rural réfute toute implication à ce scandale alors que son département a participé et validé la passation des marchés de l’engrais et des pesticides pour la campagne agricole.
Ce qui met en évidence les contrevérités du ministre qui en réalité voulait se désolidariser de cette affaire, mais peut-on nier l’évidence ? Actuellement, les Maliens n’arrivent pas à comprendre qu’une telle situation s’est produite dans un secteur stratégique de l’économie nationale. Pourquoi le ministre n’a-t-il pas réagi dans l’immédiat après avoir été alerté par son homologue de la Côte d’Ivoire ?
Après l’éclatement de cette affaire au vu et au su de tous, le président du Groupement d’Intérêt Economique n’a trouvé mieux que de se taire sur les vraies questions que suscite cette affaire. Au lieu de se prononcer sur l’engrais incriminé, le Président Bakary Togola a préféré se chercher d’autres coupables pour ne pas être seul dans la faute, accusant aussi les importateurs de sucre, de lait… et même de batterie.
Tout ce qui est importé au Mali est mauvais, frelaté, ce n’est pas seulement l’engrais. Alors pourquoi moi ? a voulu dire Bakary Togola. « Moi je ne suis pas politique, je suis un cultivateur. Que chacun reste dans son domaine : les politiques dans leurs partis politiques et notre parti c’est le champ, c’est d’être cultivateur. Tiebilé vous ne pouvez pas me demander de démissionner car vous ne m’avez pas mis là », a martelé Bakary Togola sous les ovations des paysans qu’il a fait venir. Bakary Togola avait-il oublié, avant que Tiebilé Dramé ne le lui rappelle, que l’agriculture, le développement rural, sont une question nationale qui n’intéresse pas que les paysans seulement. Mais intéresse toute la nation, donc une question politique.
De la part de nos autorités, rien ne nous étonne plus. Si non étant averties plusieurs mois avant, les autorités auraient dû prendre des dispositions idoines pour éviter la dérive. On a préféré laisser trainer les choses jusqu’au dernier moment avant de prendre une décision, lorsque les interpellations ont été fortes. C’est à se poser la question aujourd’hui, qui d’IBK, de Tréta ou de Bakary Togola est le vrai coupable, au-delà de leur responsabilité collective. Responsables de négligence coupable, qui aura certainement des impacts négatifs sur la production agricole de cette année. La faute connue du président restera-t-elle impunie, comme dans le cas des précédentes affaires ?
Ousmane Baba Dramé
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