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Chronique satirique : Des accords pour amuser la galerie
Publié le mercredi 8 juillet 2015  |  Le Procès Verbal
Cérémonie
© aBamako.com par A S
Cérémonie de signature de l`accord de paix par la CMA
La CMA a signé l`accord de paix et réconciliation le 20 Juin 2015 à Bamako




Ladji Bourama est un as de la diplomatie. Il vient de signer un accord de paix qui apportera tout sauf la paix. En effet, après avoir boudé la cérémonie de signature du 15 mai 2015, les bandits enturbannés du nord ont obligé le Mali à signer un avenant le 5 juin 2015. Aux termes de cet avenant, qui réduit à néant l’accord principal, les bandits se taillent la part du lion:

– reconnaissance de l’Azawad comme « entité politique, juridique et territoriale »;

– reconnaissance et réparation par le Mali des « crimes qu’ils a commis depuis 1963 dans l’Azawad »;

– Acceptation que la CMA (groupes rebelles) « demeure dans sa mission primordiale de défense et de lutte pour les aspirations du peuple de l’Azawad »;

– « Création d’une assemblée régionale regroupant les régions de Gao, Tombouctou, Kidal, Ménaka et Taoudéni dont les prérogatives relèvent des domaines spécifiques de l’Azawad »;

– sursis à l’organisation de toute élection « jusqu’au retour des refugiés et jusqu’à la mise en oeuvre du nouveau découpage » territorial;

– affectation à l’Azawad d’un « quota pour les départements de souveraineté, les grands services de l’Etat, les représentantions diplomatiques et les organisations internationales »;

– Octroi à des ressortissants de l’Azawad de 80% des effectifs et du commandement des forces de défense à l’intérieur de l’Azawad;

– Pendant la période intérimaire, « mise en place d’unités spéciales mixtes comprenant 80% de ressortissants de l’Azawad »;

– Octroi à des ressortissants de l’Azawad du commandement des zones de défense et de sécurité de l’Azawad »;

– Autorisation donnée à la CMA de « définir elle-même la liste des combattants et déterminer leur grade » dans le cadre de leur intégration dans « l’armée nationale reconstituée »;

– Criminaliser « l’utilisation de milices », tels le GATIA, le Ganda Koy et autres Ganda Izo.

A travers ces dispositions, le Mali dit définitivement adieu à sa souveraineté sur le nord qui, ne l’oublions pas, représente deux tiers du territoire national. Avec un territoire reconnu par le Mali lui-même, une population bien reconnaissable à son turban, une autorité politique élue et une armée autonome composée de généraux et de colonels souverainement désignés par les bandits armés, l’Azawad, l’Azawad a tout d’un Etat, bien que les accords ne prononcent pas ce mot fatidique. Bien entendu, ledit Etat ne manquera pas d’être reconnu par de vieux amis comme le Qatar, la Suisse, la Belgique, la Mauritanie, voire l’ONU. Il faudrait alors, pour se rendre en territoire azawadien, que les Maliens du sud sollicitent un visa ! Et comme si tout cela ne suffisait pas, notre pays s’engage à nourrir au biberon le « peuple de l’Azawad » pendant deux bonnes décennies. Le temps que messieurs les Azawadiens deviennent suffisamment grands pour se déclarer totalement indépendants. Ainsi donc, il sera créé un « fonds spécial pour l’Azawad sur le budget de l’Etat à hauteur de 40% sur une période de 20 ans en vue de résorber un retard de plus de 50 ans ». En clair, l’Azawad, avec 1.293. 000 habitants (9% de la population nationale), raflera 40% du budget national pendant 20 ans ! Quant à nous autres sudistes (13, 2 millions d’habitants), il ne nous restera que de l’herbe verte à brouter et nos yeux pour pleurer! L’appétit venant en mangeant et bien décidés à manger sans travailler, les bandits enturbannés exigent, par-dessus le marché, 20% de toutes ressources minières et énergétiques de l’Azawad, lesquelles ne seront d’ailleurs exploitées qu’avec « l’autorisation préalable de l’Assemblée inter-régionale, après avis de l’Assemblée régionale ». En somme, l’Azawad nous aide à manger nos trois repas quotidiens et garde ses propres greniers pour ses seuls enfants. Drôle de fédération!

Le comble, c’est que malgré la capitulation du Mali, il n’a toujours pas la paix. Les bandits azawadiens continuent de se payer allègrement notre tête en poursuivant leurs attentats un peu partout au nord et même au sud, dans la région de Sikasso. Une partie des bandits, qui se fait appeler « MNLA-Europe », prétend ne pas reconnaître les accords signés et promet de relancer la guerre d’indépendance. L’explication tient à trois choses:

– le « MNLA-Europe » n’est que l’autre face de la CMA qui s’aménage, à travers ces nouveaux agitateurs, des voies pour torpiller les accords au cas où leur mise en oeuvre ne l’arrangerait pas;

– MNLA-Europe et CMA travaillent, en réalité, main dans la main avec Iyad Ag Ghali pour continuer à semer la terreur jusque dans la région de Sikasso car ils tiennent à préserver les intérêts de leurs alliés narco-trafiquants qui ne trouvent pas leur compte dans un règlement politique et se fichent de l’Azawad comme de leur dernier chameau;

– la stratégie de violence permanente vise enfin à convaincre les Maliens de laisser gagner les représentants des bandits armés lors des élections prévues pour la mise en place des assemblées régionales et inter-régionales du nord. Le message « est le suivant: « Si vous faites en sorte que la majorité noire l’emporte lors des élections, vous n’aurez jamais la paix ! ». Et s’il arrive, malgré tout, que les Noirs l’emportent, dans les urnes, sur les insurgés touaregs et arabes, la violence s’accentuera puisque les insurgés, forts de leur monopole militaire, ont tout le loisir de dire non aux ordres des autrorités élues. A moins que les Noirs ne prennent, à leur tour, les armes, ce qui serait synonyme de guerre civile. On le voit, pour gérer l’après-accord, Ladji Bourama va devoir recourir à autre chose qu’au latin.Et en attendant qu’il trouve une solution, l’opposition malienne, naguère si bruyante, se tait comme un cadavre. De peur de déplaire à la France ?





Tiékorobani
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