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L'Indépendant N° 3163 du 12/12/2012

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Censé en partance sur Paris pour des raisons médicales lundi après-midi : Comment le PM Cheick Modibo Diarra a été contraint à la démission ?
Publié le mercredi 12 decembre 2012  |  L'Indépendant


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© Autre presse par dr
Le Premier ministre malien Cheick Modibo Diarra


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» … Moi, Cheick Modibo Diarra démissionne avec tout mon gouvernement, ce mardi 11 décembre 2012. Je m’excuse auprès de l’ensemble des populations du Mali qui souffrent de cette crise sous plusieurs formes, et cela, à tous les niveaux. Je remercie les membres du gouvernement, tous leurs collaborateurs pour les efforts dont ils n’ont pas fait économie… « . C’est par ces mots que le désormais ex-chef du Gouvernement, Dr Cheick Modibo Diarra s’est exprimé au petit matin du mardi 11 décembre 2012. Il avait, vers 23 heures, ce lundi 10 décembre été arrêté par des militaires se réclamant du Capitaine Sanogo. Ceux-ci l’auraient conduit à Kati où il aurait eu de chaudes explications avec l’ex-putschiste.

Cheick Modibo Diarra

Le film de la chute du Premier ministre de pleins pouvoirs a commencé dans l’après-midi du lundi avant de s’accélérer dans la soirée pour connaître son épilogue au petit matin du mardi 11 décembre. Dans la mi-journée du lundi, des informations, sous le sceau de la confidentialité, faisaient état du projet de voyage du Premier ministre sur Paris pour des raisons de santé. Il souffre de malaises dont des problèmes d’origine pulmonaire. Dr Cheick Modibo Diarra (CMD) devait subir un check up avec un professeur spécialiste du système respiratoire à Paris. Sa propension au tabagisme et son volume de travail sous pression intense par ces temps de crise ont mis à rude épreuve son organisme.

Vers seize heures, les valises du Chef du Gouvernement arrivent à l’aéroport pour être embarquées à bord de l’appareil qui doit faire le voyage. La présence des militaires, raconte un employé de l’aéroport, est anormalement renforcée. L’ordre aurait été donné de ne pas laisser le chef du gouvernement embarquer. L’ORTM avait déjà reçu, depuis le samedi 8 décembre, des instructions de ne diffuser aucun communiqué ni aucune image du Premier ministre. Informé de l’ordre visant à l’empêcher de faire son voyage, Cheick Modibo Diarra aurait piqué une colère noire demandant de qui l’ordre vient.

Il doit s’imaginer que l’ordre ne peut venir que de Kati. Entre 19 heures et vingt heures, l’astrophysicien malien aurait reçu un coup de fil lui demandant de se rendre au Qg de l’ex-junte, la ville garnison de Kati. Il se serait montré réticent, arguant qu’il est souffrant. Des échanges, des discussions houleuses au téléphone, affirment nos sources, auraient eu lieu durant deux heures, entre le PM et les autorités sécuritaires.

Aux alentours de 23h30, des hommes en armes, une vingtaine de militaires bien armés, se présentent au portail du domicile du chef du gouvernement. Un témoin, joint par RFI, raconte qu’ils forcent la porte, et expliquent au Premier ministre qu’ils sont venus sur ordre du capitaine Sanogo, pour le faire venir, de gré ou de force, à Kati. Quelques minutes après, cinq militaires armés jusqu’aux dents forcent l’entrée de la résidence du PM par la porte de secours. Ils lui demandent de les suivre à Kati pour aller voir l’homme fort, le capitaine Sanogo. Quelques éléments de sa garde rapprochée tentent de résister. Ils ont été déconseillés par les visiteurs inattendus. Malgré tout, un d’entre eux s’engouffre avec lui dans la voiture : direction Kati.

M. Diarra est emmené, entouré des hommes en armes, dans un 4×4, direction le camp de Kati, le quartier général du capitaine Sanogo. Et, c’est après un entretien qualifié de vif avec lui qu’il enregistre une déclaration diffusée à la télévision. Il annonce sa démission, il s’excuse auprès des populations pour la crise qui secoue le pays et il souhaite bonne chance à son successeur. L’ex-navigateur interplanétaire serait actuellement en résidence surveillée à son domicile ?

Rappelons que le Premier ministre Cheick Modibo Diarra a été nommé le 17 avril 2012 à la suite de la signature de l’accord-cadre du 6 avril 2012, signé par la junte (qui a renversé le pouvoir du président Amadou Toumani Touré) et la CEDEAO. Depuis, le pays n’arrive pas à sortir ni de la crise institutionnelle encore moins de la crise sécuritaire dans lesquelles le pays a sombré. Pire, une cacophonie se fait sentir au sommet de l’Etat, dirigée finalement par un triumvirat : président intérimaire-Premier ministre et chef de l’ex-junte.

Le président de la République par intérim, Pr Dioncounda Traoré devrait s’adresser à la nation pour probablement condamner cette intervention des militaires pour contraindre le PM à la démission.

Il se résoudra tout de même à prendre acte de cette démission avant de nommer, dans les prochaines quarante huit heures, un nouveau chef du gouvernement capable de relancer le processus de reconquête de l’intégrité du territoire et d’organiser dans les meilleurs délais les élections. En attendant, le gouvernement démissionnaire va expédier les affaires courantes. Ce qui pourrait conduire à un nouveau report des concertations nationales, dont l’ouverture des travaux a été reportée à cet après-midi. Que Dieu bénisse le Mali !

Bruno D SEGBEDJI

Les raisons d’une démission

Ce n’est plus un secret pour personne que le torchon brûle depuis des mois entre le chef du Gouvernement et différents pôles politiques du pays. Des «actes d’insoumission caractérisés» du lundi 10 décembre ont fini par sceller le sort d’un Premier ministre de pleins pouvoirs qui aura passé seulement huit mois tumultueux à la primature. Lundi 10 décembre vers 20 heures, le président de la République appelle au téléphone en vain le Premier ministre Cheick Modibo Diarra. Il aurait refusé de décrocher. Le capitaine Sanogo pour lui dire que le chef du Gouvernement refuse de le prendre au téléphone, alors qu’il est informé qu’il s’apprête à voyager sur Paris. Le chef de l’ex-junte pris son téléphone et appelle l’astrophysicien qui n’a pas décroché. La Sécurité d’Etat entre dans la danse pour informer le président intérimaire et l’homme fort de Kati du projet de voyage du Premier ministre sur Paris. Kati a alors décidé d’agir en envoyant une équipe cuiellir l’ex-navigateur interplanétaire.

On signale que le divorce était consommé depuis belle lurette entre Kati et le désormais ex-Premier ministre. Son agenda caché d’être candidat à la prochaine élection présidentielle dérange les militaires qui l’ont nommé de concert avec la CEDEAO. L’ambition de présidentiable de Cheick Modibo Diarra a suscité récemment une levée de boucliers (en conseil des ministres) entre lui et deux ministres très proches du capitaine Sanogo : le Colonel Moussa Sinko Coulibaly de l’Administration territoriale et le Colonel-major Yamoussa Camara de la Défense.

Aux yeux de Kati, le bateau Cheick Modibo Diarra a sérieusement commencé à prendre de l’eau quand il a été soupçonné de vouloir nommer Doua Abraham Sissoko dit Ramos (beau-frère du Général Moussa Traoré) comme PDG de PMU-Mali. Le ressentiment des militaires pour le Premier ministre s’est exacerbé lorsque celui-ci a convoqué récemment à son domicile les chefs d’Etats-majors de l’Armée pour leur demander de ne se rallier qu’à son autorité. Cette réunion avec la crème de l’Armée s’est faite en toute discrétion en l’absence au pays du président de la République intérimaire, Pr Dioncounda Traoré (en déplacement au Niger) et à l’insu du Capitaine. Informé à Kati, le capitaine Sanogo aurait piqué une colère pour conclure que Cheick Modibo Diarra a franchi le seuil du tolérable, dans son…émancipation.

Tous ces faits sont venus s’ajouter aux incompréhensions entre le Premier ministre et plusieurs de ses ministres, sa rébellion à peine dissimulée contre le président intérimaire. A titre d’exemple, le Premier ministre tient un autre discours (au Tchad) que le chef de l’Etat (au Niger) sur la crise sécuritaire au Nord. Il fait platement abstraction du nom du président de la République et du chef du Comité militaire de la réforme de l’armée dans ses sorties. Il fait dire à son Directeur de cabinet à travers la presse que la délégation malienne (mandatée par le président de la République pour un début de dialogue) à Ouaga n’est pas mandatée par le Gouvernement . Sans oublier les actions de soutiens ou de protestation de ses partisans sur ses instructions.

C’est, en définitive, Diango Sissoko qui a été nommé hier dans la soirée au poste de nouveau Premier ministre pour succéder au Dr Cheick Modibo Diarra .

Bruno D S

Réactions de quelques acteurs politiques

Ousmane Sy : «J’avais plaidé pour son départ mais pas de cette manière»

« Personnellement j’avais plaidé depuis un moment pour le départ du Premier ministre. Il n’était pas à la hauteur de la mission. Comme notre parti et le FDR aussi l’avaient demandé sans être entendus. Mais, en tant que républicains et démocrates, nous condamnons cette manière avec laquelle les militaires interviennent dans son départ. Il devrait remettre sa démission au président de la République. Cette façon de faire n’honore pas notre pays. C’est dommage dans le processus de résolution de la crise que le pays traverse. Je précise que cette analyse est mon point de vue personnel. Le CE de l’Adéma va se réunir aujourd’hui pour faire connaître sa position officielle »

Housseini Amion Guindo, président de la CODEM: «Le plus important c’est la stabilité du pays»

« J’ai appris comme tout le monde à la télévision la démission du Premier ministre. La CODEM prend acte de cette démission. Si cela peut contribuer à la stabilité du pays, comme il l’a laissé entendre, nous ne pouvons qu’en prendre acte. Maintenant, certains médias disent qu’il s’agit d’une démission forcée. Nous, nous pensons qu’il faut prendre le Premier ministre au mot. Pour la CODEM, il ne s’agit pas d’une question de personne ; mais l’essentiel, c’est la stabilité du pays »

Dr Modibo Soumaré, président de l’URP et de la FRDP-Mali Kô:

«Nous prenons acte de cette démission»

« Nous prenons acte de cette démission du Premier ministre avec l’ensemble de son Gouvernement. Nous invitons le président de la République par intérim à mettre en place un véritable Gouvernement d’union nationale composé de l’ensemble des forces vives de la nation, à travers les différents regroupements reflétant la légitimité populaire.

Nous invitons l’ensemble des forces vives de la nation à la cohésion sociale et à une plus grande solidarité. En appelons au sens élevé de la responsabilité des acteurs du Mali »

Ibrahima N’Diaye, vice-président du FDR : «Nous sommes très préoccupés et appelons à la nomination d’un nouveau PM consensuel»

«Le FDR a appris avec surprise sur les antennes de l’ORTM la démission du premier Ministre Cheick Modibo Diarra. Le FDR exprime sa vive préoccupation face à cette gestion de l’Etat qui rompt avec les règles du bon fonctionnement des institutions de la République. Le FDR est grandement préoccupé par les menaces pressantes qui pèsent sur le retour effectif à l’ordre constitutionnel. Le FDR invite le Président de la République par intérim à mesurer la gravité de la situation et à consulter dans les meilleurs délais les forces vives de la nation en vue de la nomination d’un Premier Ministre consensuel au fait des affaires de l’Etat et former un gouvernement d’union national inclusif. Le FDR invite les populations à la vigilance et au sens des responsabilités. Le FDR invite la communauté internationale à continuer à accompagner le Mali dans ces moments extrêmement difficiles que traverse notre pays…».

IBK après la démission de Cheick Modibo : « Le prochain gouvernement devra être dirigé par un Premier ministre consensuel, un homme compétent «

Le Premier ministre Cheick Modibo Diarra a annoncé, brutalement, le mardi 11 décembre 2012, sur les antennes de l’ORTM, sa démission et celle de son Gouvernement. Les conditions dans lesquelles cette décision est intervenue sont regrettables. Cette démission intervient après huit mois d’errements et de cacophonie au sommet de l’Etat. Aujourd’hui, il est impératif que les Autorités de l’État prennent les décisions appropriées pour redresser le cours de la Transition qui doit s’achever dans le temps quatre mois, c’est-à-dire en avril 2013.

Le prochain gouvernement devra être dirigé par un Premier ministre consensuel, un homme compétent qui doit s’atteler, sans tarder, à la réalisation de deux missions essentielles.

Premièrement, la reconquête de l’intégrité territoriale à travers, d’une part, le déclenchement d’un dialogue politique avec les groupes armés se démarquant clairement du terrorisme et d’autre part, la préparation active de l’intervention militaire pour chasser hors du territoire national les organisations terroristes et criminelles.

Deuxièmement, il s’agira de préparer les conditions matérielles, financières, et techniques, en vue de la tenue des élections générales en 2013 afin de doter le pays de dirigeants légitimes capables de prendre les décisions engageant l’avenir du pays.

Enfin, j’exhorte les Autorités de l’État à organiser, dans les meilleurs délais, les Concertations nationales qui doivent avoir pour objectif principal de renforcer la cohésion nationale autour d’une feuille de route consensuelle visant à terminer la Transition dans les délais requis.

J’appelle tous les Maliens et toutes les Maliennes, sans exclusive, à s’unir autour de l’essentiel : le Mali, afin de faire face avec détermination aux défis gigantesques qui s’imposent à nous.

C’est dans l’unité et la cohésion de la Nation que le Mali retrouvera sa place en Afrique et dans le Monde.

Ibrahim Boubacar Kéïta

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