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Discours de « fermeté » d’IBK : Enième envolée lyrique ou véritable changement de cap ?
Publié le mercredi 22 juillet 2015  |  L’Indicateur Renouveau
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© aBamako.com par A.S
Lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita
Bamako, le 11 juin 2015, le CICB a abrité la cérémonie de lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita, c`était sous la Haute présidence de SEM, Ibrahim Boubacar KEITA




Le palais de Koulouba a servi de cadre le vendredi 17 juillet dernier à une cérémonie de présentation de vœux du gouvernement, des institutions de la République, des diplomates de pays musulmans, des chefs religieux et autres notabilités coutumières au président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita. Face aux vérités crues assénées par certains de ses interlocuteurs du jour, le chef de l’Etat s’est voulu une fois de plus ferme et déterminé à combattre toutes les pratiques malsaines que lui-même qualifie de « dérives criminelles intolérables ». Quant aux actes concrets, le peuple piaffe d’impatience, la désillusion et la déception allant crescendo.



Pour l’observateur averti, ce n’est ni la première ni la deuxième fois que le président de la République tient un tel discours. Malheureusement, dans ce sens, les actes n’ont jamais suivi les mots et autres discours mielleux.

D’où le dépit et la désillusion qui commencent à s’installer dans l’opinion publique quant à une réelle volonté ou capacité du chef de l’Etat à combattre le fléau, malgré les scandales à répétition qui affectent la gouvernance des affaires publiques depuis son élection à la magistrature suprême en 2013 avec un score sans appel de 77,63 % de suffrages exprimés en sa faveur face à son challenger Soumaïla Cissé, aujourd’hui chef de file de l’opposition.

En effet, là où l’imam Mahmoud Dicko attire son attention sur « l’expansion généralisée de sentiments d’injustice et de profondes déceptions qui se propagent au sein de la population » du fait de la corruption et de l’absence de réponses appropriées aux multiples maux qui minent la société, le président de la République s’est une fois de plus adonné à un exercice qu’il semble visiblement affectionner depuis son investiture dans ses hautes fonctions le 4 septembre 2013.



Aveu d’impuissance ou volonté de reprise en main ?

Pour montrer qu’il était suffisamment au courant de toutes les dérives qui minent sa gouvernance, IBK a fait allusion aux rétro-commissions qu’exigeraient certains de ses ministres sur tous les grands projets de développement du pays. Aussi rappelle-t-il au besoin : « Je le dis avec gravité et avec solennité, face au peuple malien : chacun répondra devant l’histoire de ce peuple, de ce pays et devant nous de son degré d’engagement patriotique, de sa loyauté à accomplir parfaitement et totalement les missions assignées. Nous serons sans aucun état d’âme ». Et de poursuivre : « J’ai écouté avec beaucoup de plaisir vos propos, et je voudrai dire que je sais gré à tous ceux qui ont pu faire aujourd’hui le déplacement de Koulouba pour venir nous entendre encore, peut-être, dire des choses redondantes, mais les meilleures choses gagnent toujours à être redites, pour qu’on ne sache pas les oublier. Et on le dit avec d’autant plus de convictions, que ce sont là des actes de foi, sincères, profonds ».



De la morale et de belles intentions en attendant des actes concrets

« Je voudrais souhaiter à ce pays, tout le bonheur auquel il a droit, et auquel il est dédié ». Pour ce faire, le président préconise : « Il est temps que nous nous reprenions, que nous ayons des villes et des marchés propres et avenants. Nos marchés grouillent de religieux, grouillent de gens de foi… Je ne puis comprendre une seconde que quelqu’un reconnu et réputé comme grand musulman puisse s’asseoir à longueur de journée devant un tas d’ordures, à l’odeur que je ne vous dis pas et attendre toujours que ce soit la puissante publique qui vienne gérer ça. Je ne comprends pas ça. Il y a un minimum qui appartient à chacun de nous (…) Il n’y a aucune honte au travail, quel qu’il soit. Il faut qu’on change, nous sommes esclaves de nous-mêmes. Tant que nous ne serons pas libérés, nous n’aurons pas ce que nous souhaitons. Quand nous voyons les séries américaines et autres, de simples maisons bien tenues, cela nous fait envie et plaisir. Et alors pourquoi pas nous-mêmes et quelques fois peu d’efforts, peu d’efforts ».



Quand l’émotion prend le dessus sur la raison et l’efficacité

Plus émotif que raisonnable, le chef de l’Etat se prend à rêver. C’est pourquoi il prédit : « Ces longues routes, ces autoroutes, que nous admirons ailleurs, où les terre-pleins sont des jardins, ce sont des merveilles, où vous ne trouverez pas un mégot de cigarette, je rêve un peu de ça.

Nous allons avoir bientôt des autoroutes dans ce pays, car le pays le mérite. Celle de Koulikoro-Bamako va commencer. Si j’ai compris le ministre de l’Equipement, celle de Ségou va être en chantier. Tous équipements qui seront pour nous des tests. Des tests pour ce que nous voulons pour nous-mêmes. Le temps du travail, bien fait, et honnêtement fait, pas au préjudice du Mali, parce que moi je veux des dividendes, je veux des rétro-commissions Non !!! Non !!! Je serai impitoyable désormais. Des rétro-commissions sur le dos du Mali ? Dans un domaine où il y a un besoin avéré ? Mais c’est criminel simplement et ça mérite le traitement réservé à un criminel, à un criminel ».

Certes le rêve est légitime, voire normal pour toute personne ayant des ambitions. Mais lorsque ces mots sont de la bouche de celui-là même qui préside aux destinées du pays, ils font froid dans le dos de tous ceux qui ont une certaine capacité d’analyse. Car, les maux que le président de la République dénonce avec une telle véhémence, incombent principalement à ses plus proches collaborateurs à lui, de gens qui lui doivent leurs postes et fonctions actuels.

N’est-ce pas donc un aveu d’incapacité à sanctionner les présumés coupables, qu’il semble bien connaître ?

Alors, lorsqu’il dit « je serai impitoyable… désormais », l’observateur pourrait donc se demander si jusque-là le chef de l’Etat a laissé « le sentiment de pitié » prendre le dessus sur la raison et l’efficacité dans la gestion des affaires de l’Etat ? Faut-il rappeler que déjà lors de la cérémonie de son investiture le 4 septembre 2013, le président IBK avait promis « de faire toute la lumière sur les responsabilités, à quelque niveau que ce soit », à la suite des meurtrières inondations qui venaient juste d’endeuiller la capitale Bamako. Il en fut ainsi dans le scandale des surfacturations avérées dans l’acquisition de l’avion présidentiel et autres matériels et équipements militaires.

Dans chacun de ces cas, l’on attend toujours et encore que « toute la lumière soit faite ». Mais, cette attente semble étrangement vaine.

Pour ces raisons, il y a lieu d’être un peu perplexe quant à l’effectivité de cette volonté, de cette détermination et de cette fermeté que le chef de l’Etat a voulu afficher encore à l’occasion de la récente cérémonie de présentation de vœux à Koulouba.

En la matière, les actes sont beaucoup plus parlants que les mots et le verbiage inutile, auxquels peu de gens croient désormais ! C’est aussi simple que ça, surtout lorsqu’on a entre ses mains autant de pouvoirs que ceux conférés au président de la République par notre Constitution. Aux actes donc M. le président !

B. Sidibé
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