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A la loupe : Les sous et les dessous de l’Accord
Publié le vendredi 31 juillet 2015  |  Le Prétoire
Cérémonie
© aBamako.com par A S
Cérémonie de signature de l`accord de paix par la CMA
La CMA a signé l`accord de paix et réconciliation le 20 Juin 2015 à Bamako




Ils étaient nombreux à se demander par quel miracle la Coordination des mouvements terroristes rebelles de l’Azawad étaient finalement parvenus à accepter de venir à Bamako pour signer l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger. Ils pourraient avoir un début de réponse avec cette information qui circule sur l’Internet et que le confrère Le Guido a révélé dans sa livraison de mardi dernier. Ce qu’ils soupçonnaient depuis longtemps sans en avoir la preuve pourrait être vrai : les rebelles terroristes, qui se veulent purs et durs, sont aussi monnayables qu’une vulgaire brebis galeuse. Et si Mahamadou Djery Maïga, vice-président de la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma) et du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla), ne pourrait pas être nommé dans le gouvernement n’ayant pas le bagage intellectuel requis, il semble bien qu’il se tire d’affaire avec un joli butin de guerre. Et s’il n’y a pas confirmation de son interpellation à l’aéroport d’Abidjan avec des mallettes contenant des centaines millions de F Cfa, rien n’écarte cette éventualité. Car le fait est qu’il a bien eu affaire avec les autorités ivoiriennes. Selon les uns, il aurait été interpellé dans l’application du mandat d’arrêt international que les autorités judiciaires maliennes avaient lancé, mandat qui avait été suspendu plus tard pour donner une chance aux négociations à Alger d’aboutir à un accord de paix et de réconciliation. Aux premières loges du règlement de la crise malienne que leur président pilotait en sa qualité de président en exercice de la Cedeao, les autorités judiciaires ivoiriennes ne pouvaient pas ne pas avoir été mises au courant par leurs homologues maliennes. De plus, Mahamadou Djéry Maïga, depuis la suspension de ces mandats et sans doute avant cela, avait effectué de nombreux séjours en Côte d’Ivoire sans être inquiété outre mesure. Pourquoi faudrait-il alors qu’il soit interpellé maintenant que tout le monde n’attend plus la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation signé les 15 mai et 20 juin ? Pour d’autres, le vice-président de la Cma et du Mnla a été interpellé parce qu’il transportait effectivement de l’argent en quantité très importante. Or, depuis qu’il y a eu des attentats terroristes dans la région malienne de Sikasso, les Ivoiriens sont devenus attentifs et sourcilleux envers tout ce qui se passe dans cette zone où les villages chevauchent la frontière entre leur pays et le Mali. De sources concordantes, d’importants moyens sécuritaires ont été mobilisés par la Côte d’Ivoire pour sécuriser son territoire.
Un combat pour rien
En outre, les autorités ivoiriennes ont de solides raisons de croire que si un haut responsable du Mnla et de la Cma foule le sol ivoirien avec des mallettes emplies de billets de banque, il y a de fortes choses que ce soit pour y financer des activités terroristes liées au mouvement Ansar Eddine d’Iyad Ag Ghaly qui n’a pas caché ses intentions de faire payer à la Côte d’Ivoire l’aide que le pays d’Alassane Dramane Ouattara apporte au Mali dans le cadre de la lutte contre les mouvements armés islamistes. Ansar Eddine comme le Mnla sont des groupes armés composés essentiellement de Touareg. Et si Mahamadou Djéry Maïga n’est pas un targui il est tout de même le numéro 2 d’un mouvement indépendantiste touareg. Et puis, le Mnla et Ansar Eddine ont longtemps évolué ensemble dans la perpétration des actes de terrorisme dans le nord malien avant leur sanglante séparation en juin 2012. Mais aujourd’hui, le principal allié du mouvement de Mahamadou Djéry Maïga est le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad, le Hcua qui est en réalité un Ansar Eddine bis, la face la plus présentable de Janus. Ces deux mouvements n’ont jamais vraiment coupé les ponts et chacun d’eux travaille selon le rôle qui lui a été attribué par le malin.
Autre fait troublant : Mahamadou Djéry Maïga se serait-il permis de faire du simple tourisme dans la sous-région pendant que de graves dissensions handicapent la mise en place des membres du Comité de suivi de l’Accord et la constitution des sous-comités ? Il avait certainement de sérieuses raisons de se trouver en ces lieux où pullulent les cellules dormantes et les réseaux actifs du terrorisme transfrontalier.
Ceux qui ont financé les rebelles terroristes afin qu’ils acceptent de signer l’Accord issu d’Alger doivent maintenant s’en mordre les doigts, sachant désormais à quoi s’en tenir quant à l’utilisation de leurs fonds.
Ils ne sont pas les seuls. Les combattants à la base doivent également se demander pourquoi Mahamadou Djéry Maïga et les autres responsables de leurs mouvements restent à Bamako ou se baladent dans la sous-région au lieu de les rejoindre à Kidal, Ménaka, Tombouctou ou Gao. Ont-ils l’intention de partager avec eux les importantes sommes d’argents qu’ils ont perçues ? Les combattants auraient-ils risqué leur vie pour rien dans un combat qui se révèle ne pas être le leur ? Mahamadou Djéry Maïga et consorts sont fortement attendus sur le terrain par une troupe qui est convaincue que six cent millions ne représentent qu’une infime partie du pactole.
Cheick TANDINA
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