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Soumaïla Cissé: « Aujourd’hui, la Nation est meurtrie, la République est fragilisée, la démocratie fracturée. Les maliens se sentent humiliés, indignement traités et trahis…. »
Publié le mardi 4 aout 2015  |  le Pays
Conférence
© aBamako.com par A.S
Conférence de presse de Soumaila Cissé
Bamako, le 30 juillet 2015. Le chef de file de l’opposition malienne, honorable Soumaila Cissé était face à la presse à la Maison de la presse. Objectif : échanger avec les hommes de media sur le statut de l’opposition, le rôle du chef de file et donner son point de vue sur l’actualité au Mali




Le président de l’Union pour la République et non moins chef de file de l’Opposition, Soumaïla Cissé, est sorti de sa réserve à la faveur d’une conférence de presse tenue, jeudi 30 juillet 2015, à la Maison de la presse. Il a dénoncé avec véhémence la succession des scandales (affaire de l’avion présidentiel, contrat d’équipements militaires, engrais frelatés, affaire des passeports, des démolitions de maisons, attribution de logements sociaux…) sous le régime IBK. A l’en croire, aujourd’hui la nation est meurtrie, la République est fragilisée, la démocratie fracturée…

Après sa nomination à la tête de l’opposition du décret N° 2015/ 0428-PRM du 10 juin 2015 par le président de la République, Soumaïla Cissé était face à la presse pour parler du statut de l’opposition, les droits et devoirs des partis de l’opposition avant de se prononcer sur les questions d’actualité. Animée par l’élu de Niafunké et l’honorable Mody N’Diaye, président du groupe parlementaire VRD, cette conférence de presse a enregistré la présence des leaders de tous les partis de l’opposition.

Une opposition patriotique, responsable et républicaine….

Dans son intervention, le chef file de l’opposition a reconnu que la démocratie malienne a connu des avancées, mais aussi des faiblesses pendant les 20 ans. Selon lui, le statut juridique de l’opposition ne date pas d’aujourd’hui, elle a été initiée depuis 1995. Ce statut, explique-t-il, fruit de long processus, permet à l’opposition de s’exprimer correctement et de bien mener ses missions. Aux dires de l’honorable Soumaïla Cissé, l’article 5 du statut de l’opposition reconnait les droits et devoirs des partis de l’opposition. Dans ce cadre, il a jugé nécessaire que les partis de l’opposition soient consultés sur les problèmes de la nation. A l’en croire, le statut de l’opposition recommande aux partis de l’opposition de respecter les autorités élues, de veiller à l’intégrité territoriale du pays, de défendre les intérêts supérieurs de la nation et de bannir toutes formes de violences comme moyens d’expression. « Le titre de chef de file de l’opposition est reconnu par l’article 13 du statut de l’opposition qui stipule que l’opposition est représentée par un chef de file d’un membre du parti qui a le plus grand nombre des députés à l’Assemblée nationale et qui est déclaré dans l’opposition », a-t-il indiqué.

Le choix de l’Urd d’être dans l’opposition pour Soumaïla Cissé est librement fait sans contrainte. « L’Urd est dans l’opposition depuis longtemps. Nous avons choisi librement d’être dans l’opposition pour servir le pays selon notre vision. La démocratie, c’est une majorité et une opposition. Sans opposition, il n’y a pas de démocratie. Le chef de file de l’opposition a plus de légitimité que le Premier ministre car le président peut changer le Premier ministre à tout moment, tans dis que cela n’est pas possible avec le chef de fille », a-t-il souligné. Avant d’ajouter qu’il est inutile de rappeler les dérives et les abus qui continuent de caractériser le régime en place. L’URD ne cessera jamais de les dénoncer sans violence aucune.

Le chef de file de l’opposition s’est également prononcé sur des sujets brulants de l’heure notamment la cherté de la vie, la corruption, la non concertation de l’opposition lors de l’accord de paix d’Alger et l’organisation précipitée des élections communales, régionales et du district de Bamako.

« Aujourd’hui, la Nation est meurtrie, la République est fragilisée, la démocratie fracturée. Les maliens se sentent humiliés, indignement traités et trahis. Ils subissent un quotidien insoutenable. Ils deviennent de plus en plus nostalgiques du passé. On a l’impression que dans ce pays, un scandale chasse un autre chaque jour que Dieu fait. Les scandales sont devenus la règle. Pour ce régime, le peuple ne constitue plus une priorité » , a-t-il dénoncé.

L’inertie du régime face à la souffrance des Maliens

Concernant, la cherté de la vie, le député de Niafunké a déploré l’inertie du régime actuel face à la souffrance des Maliens. A l’en croire, le président de la République n’a aucune solution de sortie de crise. En plus, il a dénoncé la gestion actuelle du pays. Pour l’honorable Cissé, les Maliens sont meurtris, la démocratie est fracturée, les promesses restent sans suite, la corruption est devenue monnaie courante et les autorités peinent à mobiliser et à créer les opportunités.

S’agissant de l’attribution des logements sociaux et la démolition des maisons de Souleymanebougou, l’honorable Soumaïla Cissé a déploré l’octroi des logements sociaux aux ministres. « Après les affaires d’avion, les matériels d’armement et l’engrais frelaté, le régime d’IBK vient de prouver une fois ses faiblesses et sa corruption en octroyant des maisons des pauvres aux ministres », a-t-il déclaré. Pour le chef de file de l’opposition, la démolition des maisons de Souleymanebougou est un acte de gaspillage qui ne servira à rien. C’est pourquoi, il a invité le président de la République et son gouvernement à arrêter la démolition des biens des Maliens.

S’exprimant sur la crise du nord et l’accord de pais d’Alger, l’ancien président de la commission de l’Union africaine a déploré la non association de l’opposition à l’élaboration des textes de l’accord. Il a ensuite demandé à IBK de renoncer à la construction d’un salon présidentielle à 8 milliards de F CFA à l’aéroport pour acheter des matériels à nos braves militaires. Pour M. Cissé, la construction d’une telle salle au moment ou nos militaires ont besoin des armes et munitions ne servira à rien. Selon lui, le président doit arrêter les dépenses de prestige et faire face à l’essentiel.

S’agissant de la tenue des élections communales, régionales et du district de Bamako, à la date du 25 octobre 2015, le président de l’Urd, Soumaïla Cissé, a été on peut plus clair : « Nous n’avons pas de prise pour la date, mais notre rôle est d’attirer l’attention des autorités sur les conséquences d’une élection prématurée en cette période ou le pays sort à peine de la crise et que l’insécurité est toujours d’actualité. Une élection dans cette condition sans les réfugiés et sans certaines parties du pays sera un gros risque de la part du gouvernement ».

« La lutte corruption a laissé la place à une course effrénée pour la promotion de la corruption… »

Le chef de file de l’opposition a rappelé que l’année 2014 a été déclarée année de lutte contre la corruption. Mais, dira-t-il, ce slogan a laissé la place à une course effrénée pour la promotion de la corruption jusqu’au sommet de l’Etat. La corruption florissante, au contraire de l’emploi qui s’assèche, a atteint des proportions inquiétantes dans tous les domaines et les atteintes graves au droit des travailleurs sont devenues monnaie courante avec des relèves de cadres et d’agents dans tous les secteurs pour seul motif politique.

A en croire Soumaïla Cissé, le régime peine à créer l’espoir, à mobiliser les énergies et à faire appel au génie créateur du peuple malien. Pour la majorité qui gouverne, a-t-il poursuivi, les jeunes et les femmes sont loin d’être les véritables atouts de l’avenir. Les populations attendent désespérément les services sociaux de base promis.

Pour lui, seule une saine distribution de la justice permet de sanctionner les errements inadmissibles.

Recrudescence de l’insécurité

Le chef de file de l’opposition, Soumaila Cissé, a également rappelé avec insistance et sans succès que la montée fulgurante des attaques terroristes et jihadistes dans le pays requiert une vigilance sans faille, une mobilisation permanente et un engagement responsable du Gouvernement à travers des actions appropriées pour combattre les menaces afin d’assurer aux populations la protection de leur personne et de leurs biens. « L’accord issu du processus d’Alger, auquel nous n’avons pas été associés malgré notre insistance, était censé ramener la paix et la quiétude dans notre Pays. Hélas ! Depuis la signature dudit document, l’insécurité se généralise », a-t-il regretté

Il n’a pas manqué de saluer le courage et l’engagement des forces armées et de sécurité du Mali, qui opèrent parfois dans des conditions très difficiles.

Et de souligner avoir demandé au gouvernement de différer la construction du projet de pavillon présidentiel à l’aéroport pour 8 milliards FCFA et d’affecter ce montant à l’équipement des forces de défense et de sécurité. Il a aussi indiqué que l’opposition a toujours exigé que les responsables des actes terroristes criminels soient recherchés, poursuivis, jugés et punis. Mais l’on constate qu’ils sont plutôt libérés en douce par les autorités du pays

« Malgré l’arrogance des réponses réservées à nos nombreuses critiques, motion de censure et autres interpellations, les maux demeurent nombreux, les dérives insupportables à tel point que le président de la République, après les avoir reconnus récemment à l’occasion de la fête de l’Aïd El Fitr, a promis de sévir et d’être impitoyable », a conclu le chef de file de l’Opposition.

Aliou Agmour
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