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Capitaine Amadou Aya Sanogo : Le « gardien » de la constitution du Mali ?
Publié le vendredi 14 decembre 2012  |  L'enquêteur


Le
© aBamako.com
Le capitaine Amadou Haya Sanogo, président du CNRDRE
22 mars 2012.Camp Soundiata Keita de Kati.


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Dans un système démocratique qui fonctionne avec des institutions fortes, le militaire n’est ni visible ni audible et son absence ne gêne personne parce qu’elle est l’expression d’une normalité élémentaire. Un système civil au sein duquel les militaires sont trop présents, font la pluie et le beau temps, est un système en faillite et la classe politique doit alors faire sa mea-culpa, accepter qu’elle a failli à sa mission d’instauration et de pérennisation d’un système démocratique opérationnel. Ainsi elle pourra faire amende honorable et espèrer créer les conditions normales d’un vrai système démocratique à travers de nouvelles institutions fortes, de nouveaux hommes et femmes crédibles et vertueux et de nouvelles garanties de justice sociale, de libertés individuelles et collectives.
Par conséquent Il ne sert à rien d’énoncer des chapelets de principes ou des déclarations d’intentions si la faute commise pour en arriver à une telle situation regrettable n’est pas reconnue après une analyse froide et approfondie de la situation. Ce que le penseur politique Lénine appelle « l’analyse concrète d’une situation concrète ». Comment ne pas reconnaître que dans le Mali d’aujourd’hui, le capitaine Sanogo est un officier qui ne reçoit ses ordres d’aucune personne ni d’aucune institution et peut même en donner à tout le monde, fût-il un ministre, un Général et même un Président de la République ? C’est cela la réalité des rapports de force actuels au Mali ; il faut juste souhaiter que le jeune capitaine de Kati ait la sagesse nécessaire pour ne pas abuser du pouvoir qu’il détient et qu’il se trompe le moins possible dans ses décisions qui, bien qu’étant souvent spectaculaires, sont pourtant le fidèle reflet de la réalité institutionnelle du Mali.

Quand le Président par intérim assure les fonctions de Président de la République grâce à son statut de dauphin constitutionnel du Président ATT déchu par les militaires pour ses errements politiques, sa gouvernance vicieuse et corrompue et son commandement désastreux, dont il fût pourtant l’un des plus proches collaborateurs depuis la révolution de Mars 1992.

Quand on sait que le Président par intérim actuel fut le Président de l’Assemblée nationale malienne qui était chargée de recevoir, d’apprécier, de valider pour veiller à leur bonne exécution par le gouvernement ou de rejeter purement et simplement les projets de lois émanant de l’exécutif à la tête duquel se trouvait le Président ATT déchu par les militaires.

Quand on se souvient que les militaires tombeurs du président ATT ont rendu le pouvoir qu’ils avaient illégalement acquis par coup d’Etat pour favoriser la continuité institutionnelle avec les mêmes institutions de la République et les mêmes personnes qui les incarnent et qui avaient accompagné avec docilité et cupidité le Président ATT dans ses 10 ans de mission de déstructuration de l’Etat, de détournement illicite des richesses du pays, de démoralisation de la troupe et d’assujettissement du peuple.

Alors on comprend aisément que c’est le système d’ATT sans ATT avec les mêmes chefs des institutions, avec les mêmes hommes dans les hautes sphères de prise de décision de l’Etat, avec la même administration et ses mêmes serviteurs, qui continue ses opérations au Mali avec les mêmes réflexes et pratiques.

C’est déjà là l’expression d’une situation d’exception de fait. Pendant ce temps-là, la classe politique malienne composée, d’une part, en grande partie, d‘hommes et de femmes qui ont toujours donné caution morale et appuis politique et intellectuel aux pratiques mafieuses des régimes des Présidents Konaré et ATT et des opposants acharnés à ces régimes d’autre part, ne perdent aucune occasion, pendant que le pays est sous occupation et a besoin d’une union sacrée de ses fils et filles, pour se donner en spectacle à travers la presse et au cours de manifestations politiques, au grand dam des populations maliennes qui ne disposent, hélas, d’aucun moyen de dissuasion contre eux.

Quand autant de dysfonctionnements sont visibles au sommet de l’Etat dont ils menacent même les fondements que sont la souveraineté et la sécurité, Il ne faut ni s’étonner ni s’émouvoir, ni même regretter de voir l’armée faire irruption dans l’espace public, à travers ses officiers, pour siffler la fin de la recréation aux fins de recadrer les institutions quant des personnalités qui les incarnent perdent le sens de l’Etat au point d’entrer en rébellion ouvert en oubliant les intérêts du peuple et les priorités de la nation. Tout le monde voyait ces nombreuses incohérences au sommet de l’Etat, certains dont votre serviteur l’Enquêteur dans sa parution n°8 et 11ont alerté plusieurs fois par la plume, d’autres ont tiré sur la sonnette d’alarme à travers les médias, sans jamais pouvoir y mettre un terme. Par conséquent, il faut plutôt saluer un tel acte de haute portée patriotique posé par un officier militaire pour protèger les institutions de la République ; ensuite il faudra travailler avec sincérité, humilité et clairvoyance dans l’instauration d’un système démocratique véritable animé par les meilleurs citoyens du Mali et qui consacre la primauté du pouvoir politique sur les forces de défense et de sécurité.

Il ne faut donc pas se leurrer, la démocratie malienne est exactement à cette présente étape de sa marche laborieuse et douloureuse qui se veut victorieuse sur le chemin de son perfectionnement. Un officier qui se propose d’être «gardien» du processus démocratique tout en restant dans la caserne, ne fait pas de mal.

A.B.D

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