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Sow N’Deye Diop, directrice de la pouponnière « À la pouponnière, les dons ne peuvent être détournés encore moins mal utilisés»
Publié le vendredi 14 aout 2015  |  Le Tjikan




Dans un entretien qu’elle nous a accordé, Mme Sow N’deye Diop, directrice de la pouponnière nous parle de sa structure, des problèmes qu’elle traverse, mais aussi, fait des mises au point par rapport à certaines allégations de détournement de fonds et de dons. Lisez plutôt.
Le Tjikan : Pouvez-vous nous présenter brièvement la pouponnière ?
Sow N’deye Diop : La pouponnière est un centre d’accueil et de placement familial de Bamako qui accueille et encadre les enfants de 0 à 5ans. Les enfants handicapés peuvent rester au-delà de cet âge. Cette année même, l’ainé a 22 ans et cela est dû à son handicap.
Le centre a été créé dans les années 1956 avant l’indépendance du Mali à l’hôpital du point-G. C’était uniquement fait pour les femmes qui étaient malades mentales et qui étaient hospitalisées pour accueillir leurs enfants le temps de leur traitement. Mais au fur et à mesure, le lot s’est agrandi pour s’ouvrir aux enfants abandonnés et orphelins. C’est pour cela qu’ils ont quitté l’hôpital du point G pour venir au niveau de Bamako dans un centre depuis 1976. Ce centre a été créé par l’ordonnance 90/37 PRM du 05 juin 1990. Cette ordonnance nous fixe comme mission l’accueil, l’encadrement, l’entretien, l’éducation et le placement de ces enfants. On a une section accueil-encadrement qui s’occupe des entrées des enfants et du personnel du centre.
Le placement, c’est la sortie pour les villages d’enfants SOS, la sortie pour l’adoption. Comme là où il y a la vie, il y a aussi la mort, cette section s’occupe aussi de la sortie des cas de décès. On a un service médical, un économat, des dames qui travaillent auprès des enfants, la direction et le secrétariat.
Quel est, à ce jour, le nombre de pensionnaire du centre?
A la date d’aujourd’hui, nous avons 204 enfants y compris des filles, des garçons et une trentaine d’handicapés.
Quelle est la vocation première de la pouponnière ?
La vocation première de la pouponnière est l’accueil, l’encadrement, l’éducation. Faire en sorte que ces enfants puissent devenir un jour des adultes bien formés, bien éduqués, bien vrai qu’ils n’ont pas de toit pour le moment. Pour cela, il y a le placement qui s’ajoute à notre mission. Il s’agit de l’adoption pour les villages d’enfants SOS. Il y a aussi la sortie pour les familles d’origine. Les enfants dont les parents sont connus et qui n’ont pas les moyens de les prendre en charge sont orientés vers les villages d’enfants SOS.
Avez-vous des relations avec les autres centres d’accueil ?
Nous sommes le seul centre étatique du Mali. Nous recevons les enfants de toutes les régions. Nous avons de bonnes relations avec les centres privés. Actuellement, nous sommes en collaboration avec une association française qui est en train de monter un projet dans le cadre de la formation, du bien-être des enfants. Nous sommes en collaboration avec deux centres privés à Bamako et un à Sikasso.
Quels sont les problèmes auxquels vous êtes confrontés ?
Le premier problème que nous avons, c’est l’effectif pléthorique des enfants parce que c’est le seul centre étatique. Alors que nous ne pouvons pas refuser d’enfants. Les commissariats de police, la gendarmerie, la brigade des mœurs, les autorités administratives nous amènent des enfants. Dès que l’enfant répond aux critères de la pouponnière, nous ne pouvons pas refuser en tant qu’Etat. C’est pourquoi, tous les enfants abandonnés, handicapés sont orientés vers la pouponnière. Avec cet effectif pléthorique, il faut assurer leur alimentation, la santé, leur entretien.
Un autre problème que nous avons, c’est le manque de personnel car sur près de 80 agents, seulement une dizaine sont pris en charge par l’Etat. Pour le reste du personnel, ce sont les partenaires qui les payent. L’Etat fait de son mieux et nous avons aussi des partenaires qui nous aident.
Quels sont vos critères pour accueillir un enfant ?
Comme je l’ai dit, c’est une structure de l’Etat. Les critères sont définis par l’ordonnance de création du centre. Un enfant abandonné qu’on trouve dans la rue est orienté vers la police qui a l’obligation de l’amener à la pouponnière. Nous aussi, nous avons l’obligation de le prendre en charge. Un enfant orphelin dont la maman ou les deux parents sont décédés est obligatoirement pris en charge à la pouponnière. Mais nous faisons en sorte que ces enfants puissent rester longtemps dans leurs familles tout en prenant en charge leur alimentation, leur santé. Si nous voyons qu’il n’y a personne pour s’occuper d’eux, ils seront placés à la pouponnière pour un délai allant jusqu’à 5ans. Les enfants de mère malade mentale sont en danger avec leurs mamans. C’est pourquoi, ils sont retirés de leurs mamans pour être orientés vers la pouponnière qui est obligée de les prendre en charge.
Mais, pour un enfant qui a les parents vivant et connus, même s’ils n’ont pas de moyens, nous ne pouvons pas le prendre en charge à la pouponnière. Seulement, nous pouvons subvenir à ses besoins en complément de ses parents à travers l’alimentation, les soins médicaux, l’habilement….
Quelle est la provenance de vos dons ?
Le budget national nous finance pour toute l’année, les produits alimentaires, l’entretien des enfants, tout ce qu’il faut pour les enfants. Mais en plus de cela, des personnes de bonne volonté nous aident aussi. En général, ce sont les dons en nature dans la plupart des cas, des habits, des couches, des produits d’entretien. Beaucoup de dons viennent aussi de l’extérieur et composés de couches, lait, sucre...
Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de détournement des fonds et de dons ?
Effectivement, les mauvaises langues parlent. Mais nous nous savons ce que nous faisons pour ces enfants. Les dons qui viennent sont en complémentarité de ce que l’Etat fait. Des fois, cela ne suffit pas. Souvent, ce sont des dons d’habit de seconde main, du lait pour le petit déjeuner des enfants encore du riz.
Contrairement à ce que certains racontent, nous n’avons jamais fait sortir le riz pour aller le vendre. Seulement, il y a des cas sociaux lors desquels, nous faisons des gestes. S’il y a un décès par exemple, on peut prendre un sac de riz pour le donner à la famille du disparu. Mais jamais, nous n’avons partagé quoique ce soi entre nous. Avec tous les enfants que nous avons à la pouponnière, les dons ne peuvent être détournés encore moins mal utilisés. C’est pourquoi, nous voulons organiser une journée porte ouverte pour que les gens puissent venir voir ce qui se passe vraiment à la pouponnière. Les enfants mangent cinq (5) fois par jour. D’abord le petit déjeuner, à 10h il y a une collation, à midi comme dans toutes les familles, à 16h il ya une autre collation avec des biscuits, des yaourts, le soir c’est le diner à base d’igname, de pomme de terre, de patate ou de couscous. On peut utiliser chaque jour jusqu’à 30.000 FCFA pour les couches. L’argent que nous recevons est directement viré au niveau de la BDM S.a dans notre compte. Ce compte est géré en collaboration avec la direction financière et du matériel du ministère de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille. Nous ne pouvons pas faire sortir de l’argent sans une demande de besoin adressée à la directrice des finances. Les dons en nature sont gérés au niveau de la pouponnière. Mais c’est la comptabilité qui recense le tout.
Avez-vous un appel à lancer?
Je lance un cri de cœur à toutes les personnes de bonne volonté, aux hommes et femmes de média pour qu’ils viennent nous voir à la pouponnière afin de savoir la réalité. Aussi, pour qu’ils plaident pour nous auprès des décideurs et des partenaires. Le ministère de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille fait beaucoup pour ces enfants. La ministre vient souvent pour voir comment les enfants se portent, comment ils mangent comment ils jouent. Je demande aussi aux hommes et femmes de média de sensibiliser les populations afin qu’elles viennent découvrir la réalité à la pouponnière. En passant une journée sur place, elles découvriront la vérité contrairement à ce qui se raconte sur la gestion de la pouponnière.

Fatoumata Fofana
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