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Les Echos N° 3987 du 11/12/2012

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Diango Cissoko à la primature : Un test critériel !
Publié le samedi 15 decembre 2012  |  Les Echos


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© AFP
Le nouveau Premier ministre Diango Sissoko


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La nomination de Diango Cissoko au poste de Premier ministre constitue un autre examen de passage pour le Mali. Bénéficiant de préjugés favorables, le nouveau promu devra se montrer plus tranchant et coopératif pour sauver son pays. Un défi à hauteur de sa portée pourvu qu’il use de son expérience tout en tirant des enseignements du passé récent de notre pays.
Après les événements de ces derniers jours qui ont abouti à la démission forcée de l’ancien Premier ministre Cheick Modibo Diarra et à son remplacement à la Primature par Diango Cissoko, le Mali va amorcer un autre virage de sa transition politico-sécuritaire. Un tournant décisif que l’on espère salvateur pour la République.

Il faudrait vite oublier le séjour de l’ex-PM à la tête du gouvernement dont il est difficile de retenir des choses positives. L’Etat étant une continuité, les Maliens doivent resserrer les rangs dans l’unique but de faire face aux défis de l’heure que sont la réunification du pays et l’organisation d’élections crédibles. Ces deux challenges reviennent couramment dans les discours, mais n’ont pas réellement bénéficié d’attention particulière de la part des acteurs de la transition minés par les clivages et la bataille pour le contrôle du pouvoir.

La nomination du médiateur de la République Diango Cissoko constitue donc un test pour la nation. Sous la houlette de l’enfant de Kita, le Mali pourra-t-il relever la tête en mettant en avant ses valeurs sociétales qu’on lui a toujours enviées à travers le monde ? La réponse à cette question repose sur des éléments aussi complexes que variés. Toutefois, l’expérience et la personnalité de l’homme incitent à l’optimisme.

Réputé discret et modeste, le nouveau chef du gouvernement a fait admirer sa compétence sous les régimes qui se sont succédé au Mali après la chute de Modibo Keita. La nomination de M. Cissoko suscite donc de l’espoir tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

L’Union européenne, qui ne gobait plus Cheick Modibo Diarra, s’est félicitée de l’arrivée aux commandes du docteur d’Etat en droit dont elle avait bien apprécié la conduite dans le cadre d’une collaboration récente avec le bureau du médiateur de la République. Il revient maintenant au nouveau promu de mettre à profit son vécu et la bonne impression qu’il a donnée aux Maliens et à nos partenaires étrangers au fil des ans pour redonner espoir à ses compatriotes.

Le retour de la grandeur du Mali passera inéluctablement par un dialogue fécond entre tous les fils de la nation. Ayant certainement tiré des enseignements de l’échec cuisant de son prédécesseur à la Maison du peuple, M. Cissoko a déjà annoncé les couleurs en dévoilant, au lendemain de sa nomination, son vœu de former un gouvernement d’union nationale. Ce qui sous-entend déjà que toutes les forces vives de la nation seront au cœur de l’action de la prochaine équipe gouvernementale.

Gérer les humeurs

En dialoguant avec les différentes sensibilités sociopolitiques, le nouveau Premier ministre réunira les atouts nécessaires au succès de ses deux missions principales, du moins au retour de la quiétude politique et sociale à Bamako. Un calme d’autant plus indispensable que des Maliens deviennent de plus en plus des loups pour d’autres.

M. Cissoko devra donc contribuer à arrondir les angles entre les divers mouvements sociopolitiques avant la tenue d’une véritable concertation nationale. Cette dernière, on le sait, est censée retracer la feuille de route de la transition. Mais, déjà, pendant une demi-heure d’entretien mercredi dernier, le président de la République a donné des directives claires à son nouveau PM.

La complicité entre Dioncounda Traoré et M. Cissoko sera cruciale pour la transition. L’on sait que la dissonance des actes et même des propos de Dioncounda et ceux de son ancien Premier ministre a créé un blocage institutionnel au sommet de l’Etat qui a coûté cher au Mali. Cette opposition patente trouvait sa source dans l’insubordination de Cheick Modibo Diarra à son boss, comme l’a sous-entendu le chef de l’Etat dans son discours à la nation mardi dernier.

Les conditions de la nomination de M. Cissoko étant différentes de celles de son prédécesseur, qui avait vu la moutarde lui monter à son nez, l’on ose croire que Diango formera un bon tandem avec le président de la République. En tout cas, le terrain s’y prête quand on sait que Diango, contrairement au Malien de la Nasa, n’a ni de haine viscérale envers les hommes politiques, ni l’allure d’un dirigeant de la nation prêt à fuir ses responsabilités pour des « ambitions personnelles ». Sa longévité à de hautes fonctions au sein de l’administration plaide en sa faveur.

Les rapports entre Dioncounda et Diango ne seraient fructueux que si les deux arrivent à bien gérer les humeurs des ex-mutins de Kati. La redescente de CMD sur terre a encore permis aux observateurs, si besoin en était, de comprendre combien les anciens-putschistes réunis aujourd’hui au sein du Comité militaire de suivi et de reforme des forces de défense et de sécurité (CMSRFDS) restent influents à Bamako.

Bien qu’illégale, leur influence constitue une source de pression supplémentaire pour les plus hautes autorités du Mali. Les propos du capitaine Sanogo suite au largage de CMD attestent que Kati est au départ et à la fin de toute action. Et comme les ex-putschistes ne sont pas prêts à lâcher prise, car croyant religieusement que le coup de force du 22 mars 2012 leur donne le droit d’agir en toutes circonstances, il appartient au président de la République et à son PM de trouver la bonne formule pour que l’impact de ces jeunes officiers n’ait pas d’autres conséquences préjudiciables sur la transition en cours.

Si l’on peut douter qu’au bout de quelques mois Dioncounda ait tiré des leçons de sa« cohabitation » à la tête du Mali avec Kati, il y a de fortes chances que Diango comprenne mieux le capitaine Sanogo et ses acolytes parce qu’ayant été une des pièces maîtresses des dernières années du régime militaire de Moussa Traoré.

Ogopémo Ouologuem

(correspondant aux USA)

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