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Reprise des combats au nord-Mali: Menace sur l’Accord de paix signé à Alger
Publié le mercredi 19 aout 2015  |  EL watan
Cérémonie
© aBamako.com par DR
Cérémonie de signature de l`accord de paix au Mali.
Bamako, le 20 juin 2015 au CICB. La rébellion à dominante touareg du nord du Mali a signé à Bamako l’accord de paix entériné le 15 mai par le camp gouvernemental et la médiation internationale.




De violents combats ont éclaté entre la Plateforme et la Coordination du mouvement de l’Azawad (CMA) près de Kidal, dans la nuit de samedi à dimanche, violant ainsi le cessez-le-feu instauré depuis la signature de l’Accord de paix.


Le nord du Mali renoue avec la violence. Des affrontements armés opposant les combattants de la Plateforme et son allié Gatia, deux mouvements proches du gouvernement malien, à ceux de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) ont lieu dans la nuit de samedi à dimanche près de Kidal.

La Plateforme a pris la ville d’Anefis (environ 120 km de Kidal) et aurait foncé sur la ville de Kidal, ce qui a fait réagir les combattants du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA).

Selon plusieurs sources, les combats ont fait au moins une vingtaine de morts. Les affrontements qui se sont poursuivis jusqu’à hier, redoublant d’intensité et touchant différentes localités entre Kidal et Gao, signent formellement la rupture du cessez-le-feu survenu suite à l’accord de paix et de réconciliation obtenu après un âpre et laborieux processus de négociations à Alger.

La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a vivement condamné «l’attitude belliqueuse des milices de la Plateforme, qui foule aux pieds toutes les dispositions de l’accord de paix ainsi que les arrangements sécuritaires convenus». La dégradation de la situation au nord du Mali risque fortement de mettre en échec un accord de paix fragile.

La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) a aussitôt réagi en prenant des mesures pour stopper l’extension des combats.

La mission onusienne chargée notamment de la protection des civils a fermement condamné les affrontements armés qui «opposent la Plateforme et la Coordination des mouvements de l’Azawad depuis le 15 août dernier, y compris la prise d’Anefis aujourd’hui par des éléments de la Plateforme».

Elle parle des actes qui constituent «une violation flagrante du cessez-le-feu et de l’accord de paix». Pour parer au risque de voir les combats s’intensifier, la Minusma a déclaré une zone de sécurité de 20 km autour de la ville de Kidal qui est en vigueur depuis hier et le restera jusqu’à nouvel ordre.

Dans son communiqué, la Minusma accuse ouvertement le Plateforme et estime que «tout mouvement à l’intérieur de cette zone de sécurité par des éléments de la Plateforme, ou affiliés à la Plateforme, seront considérés comme constituant un danger imminent pour la sécurité de la population de la ville de Kidal».

La mission de l’ONU a également ouvert des enquêtes pour déterminer les responsabilités en matière de violation du cessez-le-feu dont les conclusions seront transmises au Conseil de sécurité.

De son côté, la médiation internationale, membre du Comité de suivi et garant de la mise en œuvre de l’accord de paix, a exprimé sa «vive préoccupation que ces affrontements armés soient le fait de parties signataires de l’Accord conclu les 15 mai et 20 juin 2015 et constituent donc une violation flagrante de ce même accord».

Une paix à l’épreuve d’un terrain miné

La médiation internationale considère que la reprise des hostilités entre groupes rivaux constituent «une grave entrave à la mise en œuvre de l’accord et représentent une menace pour la paix et la stabilité du Mali ainsi que pour la vie des populations maliennes».

Elle a de ce fait sommé la Plateforme et la Coordination des mouvements de l’Azawad à l’arrêt immédiat et sans condition des affrontements, ainsi qu’au rétablissement, sur le terrain, de la situation prévalant au moment de la signature de l’accord.

Et conformément à l’article 54 de l’Accord, elle appelle les Nations unies et l’Union africaine à «contribuer, dans les meilleurs délais, à la clarification des responsabilités, y compris en diligentant une enquête, et à prendre, le cas échéant, des mesures contre tous ceux qui entraveraient la mise en œuvre des engagements contenus dans l’accord».

A Bamako, le gouvernement malien tient une réunion de crise, et le Premier ministre Modibo Keïta a exigé, lui aussi, l’ouverture d’une enquête internationale pour situer les responsabilités et a exigé de la communauté internationale des sanctions contre les éventuels responsables des affrontements.

La rupture du cessez-le-feu a contraint les autorités du Niger à annuler une «réunion de réconciliation» des groupes armés rivaux du nord du Mali, devant avoir lieu aujourd’hui à Niamey.

En somme, la paix arrachée après un long processus de négociations laborieuses sous la conduite de la diplomatie algérienne n’a pas pu résister à l’épreuve d’un terrain extrêmement miné.

Pour nombre d’observateurs, l’accord de paix pourtant signé par tous les belligérants reste fragile et les chances d’une stabilité durable sont minimes.

La faiblesse de l’Etat malien tant au plan politico-économique que militaire n’aide pas à reconstruire un climat de confiance et à défendre une paix dans une région longtemps soumise à l’épreuve de la guerre.

Il est vrai que le Nord, économiquement abandonné par le gouvernement central, mais surtout maté militairement à plusieurs reprises depuis l’indépendance du pays, vit un contexte sécuritaire particulier.

Au vieux conflit s’est greffée la menace d’un terrorisme connecté aux narcotrafiquants dont la région du Nord est connue pour être la route du trafic en tout genre.

Des acteurs de la médiation avaient déjà mis en garde contre la «réaction hostile» des cartels de la drogue en connexion avec les groupes terroriste, dont les intérêts seraient menacés par une paix durable.

«Il y a des intérêts criminels, ceux-là, à l’évidence, un accord de paix ne les arrange pas», avait remarqué un diplomate lors de la ratification de l’Accord d’Alger. 

Hacen Ouali
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