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Mali : violence, argent et paix
Publié le jeudi 20 aout 2015  |  Liberte-algerie
Mahamadou
© RFI par DR
Mahamadou Djeri Maiga, vice-président du MNLA et sa délégation sont à Alger pour discuter des accords de paix, le 16 juillet 2014.




Difficile de suivre le destin de l’accord de paix au Mali. Déjà que les péripéties de sa signature relèvent du feuilleton à suspense ! Et à peine signé, le voici dénoncé de manière sanglante. Le Nord-Mali semble pulluler de sigles, plus proches du groupe armé dans leurs méthodes que des mouvements politiques.
Ce qui est certain, c’est que l’échiquier va en se compliquant et que les protagonistes vont en se multipliant dans ce champ de bataille qu’est devenu l’Azawad. À propos d’Azawad, la cause qui fut celle des Touareg a fini par se diluer, écartelés qu’ils sont désormais entre attrait du bénéfice immédiat de l’argent des trafics et l’idéal d’une émancipation culturelle et politique jadis rêvée. Touareg indépendantistes ou “unionistes”, terroristes “sans frontières” et mouvements pro-gouvernementaux se défont, se rallient, pactisent ou s’affrontent au gré des saisons. Il n’y a dans cette dynamique politico-mafieuse que les groupes terroristes islamistes qui affichent clairement leur feuille de route : prosélytisme de la kalachnikov passe par le contrôle des routes du Marlboro et de la cocaïne.
Ils n’ont pas la contrainte de devoir défendre leur statut de mouvement politique pour ne pas apparaître comme de simples associations de bandits de grands chemins. La vocation politique de la plupart des mouvements traditionnellement revendicatifs ou insurrectionnels a été largement compromise par des leaders confrontés alléchés par l’odeur de l’argent du trafic. Même diluée dans la ferveur vénale des dirigeants de la rébellion, la cause politique est entretenue par eux parce qu’elle fonde la légitimité de leur option armée. On voit bien que la problématique politique se fait de plus en plus diffuse, si bien que l’on ne sait plus ce qui est négocié dans ces interminables processus de dialogue intermalien. Après tout, la nouvelle situation politico-sécuritaire au Mali a été créée à l’initiative des forces armées islamistes sans autre programme que celui de mettre le pays sous contrôle de groupes terroristes affiliés à Al-Qaïda ! Les mouvements armés “locaux” ont parfois servi d’alliés tactiques, voire de supplétifs, à cette entreprise de conquête terroriste. Ceci ne peut pas donner une base de négociation claire pour un dialogue intermalien.
L’histoire récente du Nord-Mali est jalonnée d’accords indéfiniment dénoncés. Cet état de précarité sécuritaire s’est aggravé depuis que le Sahel s’est transformé en zone de transit des produits de contrebande. La course pour la suprématie militaire est autant motivée par des fins idéologique et politique qu’elle constitue aussi une ruée vers l’or.
C’est certainement pour ces raisons que les accords de paix y sont plus facilement défaits qu’ils ne sont conçus. En un mot, il y a trop d’argent qui traverse ce champ de manœuvres pour qu’il soit déserté de sitôt.
Il est désormais établi que les considérations économiques constituent les fondements prioritaires des stratégies des organisations terroristes islamistes. Mais il arrive aussi que les rebellions locales se convertissent à l’action militaro-mafieuse. Ce qui complique la problématique de réconciliation exprimée en termes politiques, d’un côté, mais déterminée par des intérêts vénaux plus ou moins avouables, de l’autre.

M. H.
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