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Situation pastorale post-crise dans la région de Mopti : Les éleveurs broient du noir
Publié le vendredi 28 aout 2015  |  Le Prétoire
3eme
© aBamako.com par as
3eme édition de l’Opération Ramadan: visite du Ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche Moussa Léo SIDIBE au marché de bétail.
14/10/2012. Bamako. Vente promotionelle de bovins.




Le Mali est un pays agro-sylvo-pastoral par excellence. Son cheptel est l’un des plus importants de la sous région. Ce cheptel a vu son nombre diminuer dangereusement avec la crise qui a secoué le pays, mais aussi à cause de l’installation tardive des pluies cette année, qui a aggravé l’assèchement des cours d’eau et des bourgoutières dans le Delta intérieur du Niger.

Cette région couvre une partie des régions de Ségou, Mopti et Tombouctou et concentre l’essentiel du cheptel de notre pays. Avec la crise qui a duré 3 ans et l’installation tardive des pluies, les éleveurs sont dans une situation de précarité extrême. Les éleveurs du cercle de Youwarou dans la région de Mopti, à l’instar des autres, ont payé un lourd tribut de la crise. Ils ont été fortement secoués et ont presque tout perdu. Si certains ont fait une reconversion professionnelle, d’autres par contre, se sont tout simplement exilés. C’est le constat que nous avons pu faire sur place.

En effet, ces éleveurs qui souffraient déjà des effets de la crise dans laquelle ils ont presque tout perdu, broient du noir à cause de l’installation tardive des pluies car leurs activités restent tributaires de la saison pluvieuse.

D’abord avec la crise qui a vu une partie du territoire national occupée en 2012, les éleveurs de Youwarou ont dû transhumer vers des régions plus stables aux plans sécuritaire et alimentaire. La crise économique aidant, ils étaient obligés de vendre du bétail ou de le troquer pour survivre. Ceux qui sont restés sur place, à l’image d’Amadou Barry, chef de village de Tioki (petit village à 20 km de Youwarou), ont été victimes de vol de bétail ou de mort drastique des vaches, faute d’herbe ou de tourteau.

A cela est venu s’ajouter le retard des pluies et l’assèchement des cours d’eau et des bourgoutières. Ce qui a décimé considérablement le bétail (voir Photo). Samba Diallo, éleveur de son état dans le village de Tioki, a dû faire une reconversion professionnelle. Puisque lui et sa famille ont tout perdu. Il est devenu mécanicien d’engin à deux roues. C’est avec les larmes aux yeux, qu’il nous montre les carcasses de son troupeau mort de faim. Lui et sa famille disposaient de plus de 600 têtes, selon sa déclaration. Une partie de ce bétail a été bradée pour survivre, quand l’autre partie a commencé à mourir, comme frappée par une peste.

Samba nous confie que ses autres frères ont utilisé cet argent pour s’exiler dans des pays voisins. Mais depuis le début de la crise, ils n’ont reçu de l’aide ni de l’Etat ni de qui ce soit.

Ensuite, comme si cela ne suffisait pas, c’est l’installation tardive des pluies qui vient enfoncer le clou. A Tioki, le chef de village affirme que l’installation tardive des pluies a fait transhumer une bonne partie de son village vers le Macina supposé être plus généreux en termes de nourriture pour le bétail. Ils ne sont plus revenus, malgré l’arrivée brusque et abondante des pluies.

Il a joute que pendant la période de crise, le prix de l’aliment bétail est passé de 125 000 F Cfa à 310 000 F Cfa la tonne. Donc, les éleveurs n’avaient pas les moyens de l’offrir à leurs bêtes. Ils étaient donc obligés, pour la plupart, de vendre une partie de leur cheptel pour nourrir le reste, nous a-t-il, indiqué.

Le chef de village soutient que beaucoup de couples se sont brisés car des épouses ont quitté leur foyer, faute de moyens ou ont divorcé d’avec leur homme resté 5 à 6 mois sans donner signe de vie. Son propre fils en faisait partie.

Au niveau régional, nous avons tenté de rentrer en contact avec le Gouverneur, mais il nous a donné rendez-vous dans une semaine pour répondre à nos questions. Au niveau du service en charge de l’assistance et l’encadrement des éleveurs, c’est le silence radio. Le directeur en congé, ne peut rien nous dire à ce sujet au téléphone. Notre passage dans la localité a coïncidé avec une mission des Nations Unies pour les réfugiés apportant une aide alimentaire à ces mêmes populations victimes d’inondation. La mission offrait du riz, des nattes, des couchettes et une somme forfaitaire. Une assistance bienvenue car la pluie a emporté le peu qu’il leur restait.

Harber MAIGA (Envoyé spécial)
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