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Une mission onusienne trop controversée
Publié le vendredi 4 septembre 2015  |  Le Pouce
Cérémonie
© aBamako.com par SA
Cérémonie de passation de charges entre la MISMA et la MINUSMA.
Lundi 01 juillet 2013. Bamako.La nouvelle mission de paix de l’ONU au Mali, la Minusma, a officiellement été mise en place d’assurer la sécurité et la stabilité.




Créée en 2013 pour résoudre le problème malien, la mission onusienne est-elle devenue le problème ? Après plusieurs mois à essayer de rétablir la paix et la réconciliation entre les rebelles armés du nord et le gouvernement malien, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) n’a toujours pas réussi à convaincre les Maliens.

Au lendemain de l’intervention de la Force française serval pour stopper l’avancée des groupes rebelles et terroristes et mettre fin à la longue occupation de certaines villes du nord par ces groupes armés qui terrorisaient les populations, le gouvernement malien, a sollicité et obtenue une intervention internationale placée sous mandat de l’ONU.

La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) déploie alors ses forces et reçoit mandat d’aider les autorités de la transition du Mali, à stabiliser le pays et à appliquer la feuille de route pour la Transition. Le premier défi fut l’organisation d’une élection présidentielle pour mettre fin à la Transition. Ce qui fut fait et le candidat Ibrahim Boubacar Kéita, surnommé « IBK » a été élu à la tête du pays avec plus de 77% des suffrages devant son adversaire Soumaïla Cissé, aujourd’hui chef de file de l’opposition.

Le problème du Nord, reste entier. « IBK » aussitôt investi dans ses fonctions de président de la République, décide de prendre le problème à bras le corps. La crise du nord a beaucoup pesé durant les campagnes pour l’élection présidentielle de 2013. Beaucoup d’électeurs ont vu en l’homme « IBK » le candidat le plus crédible et à même de résoudre le problème du nord. Le processus de sortie de crise qu’il engage, en tant que président fraichement élu, abouti au rassemblement des principaux protagonistes autour de la table de négociation à Alger, la capitale algérienne. Un préalable posé par la mission onusienne. C’est-à-dire, négocier avec les « rebelles ». Une pilule difficile à avaler pour certaines « victimes » qui n’arrivent pas à comprendre ce principe de négocier avec des « gens » qui ont pris des armes pour tuer et commettre des atrocités. (Rappelons que sous l’occupation des principales villes du nord, le MNLA était allié aux groupes armés qui terrorisaient les populations par l’application de la charia ou/et pillaient et détruisaient des monuments et des mausolées).

La CMA, caressée dans le sens des poils

Si les principes démocratiques universellement enseignés, interdisent de prendre des armes pour revendiquer, alors le MNLA doit être considéré comme un mouvement « anti-démocratique ». Si les exactions commises au nord du Mali durant l’occupation des groupes armés sont qualifiables de violations des droits de l’homme, alors le MNLA est responsable ou complice de ces violations. Le plan de paix imposé au Mali, oblige à négocier avec ces « rebelles » armés. Le président IBK qui place son quinquennat sous le signe d’un Mali réunifié et réconcilié qui se développe, ne manque d’occasion pour prouver sa bonne foi dans la mise en œuvre du processus de sortie de crise. Il a tout fait pour sauvegarder le processus de négociation d’Alger malgré les « caprices » de la rébellion. Ces larmes versées par l’émotion du moment durant la cérémonie de signature (la première) de l’accord d’Alger à Bamako, témoignent de la sincérité de son engagement. Mais, en face, joue-t-on franc jeu?

Pour la majorité des Maliens, la MINUSMA n’agit pas uniquement dans le cadre de son mandat. Un mandat qui la place normalement aux côtés des autorités du Mali pas en face ni au-dessus. Mais, la MINUSMA est bien en face du gouvernement du Mali. Son autorité supplante aujourd’hui le pouvoir de Bamako surtout quand il s’agit de protéger « Kidal ».

Le ton et le langage utilisés par la MINUSMA quand elle s’adresse au Gouvernement du Mali ou à ses alliés en l’occurrence la GATIA (un groupe d’auto défense qualifié proche du gouvernement) ne sont pas les mêmes envers la Coordination des Mouvements de l’Azawad dont fait partie le MNLA. En effet, la mission onusienne a toujours utilisé un langage plus rigoureux, plus menaçant quand elle s’adresse à la partie gouvernementale. Une attitude dénoncée par le premier responsable malien en la personne de M. Ibrahim Boubacar Kéita, président de la République, à l’occasion de la première signature de l’accord de paix issu des négociations d’Alger quand le représentant spécial du patron de l’ONU, présent à ladite signature, avait utilisé la langue de bois pour mettre en garde le gouvernement malien contre toutes représailles contre les groupes rebelles au prétexte qu’ils n’auront pas signé l’accord. Avant cette signature d’accord et en plein processus de négociation à Alger, le cessez-le-feu avait été régulièrement violé par les groupes rebelles… sans une quelque condamnation, ni réaction officielle de la mission onusienne. Ces attaques répétitives contre les positions militaires maliennes avaient été mises au compte de « bandits armés » de « terroristes » et non du MNLA et alliés comme ceux-ci portaient des étiquettes permettant de dire qu’ils sont « terroristes » et non « combattants du MNLA ».

La protection que la MINUSMA semble apporter au MNLA, est difficilement compréhensible voir acceptable ce d’autant plus que le MNLA qui s’est rendu responsable/complice de nombreuses violations de droits de l’homme au moment de l’occupation des villes du nord et à Aguelhoc (où plusieurs militaires ont été tués dans des conditions inhumaines) a été « repositionné » à Kidal par la Force Serval au moment de l’intervention française. Depuis, ce mouvement est devenu un interlocuteur crédible aux yeux de la MINUSMA au point d’être traité sur le même pied d’égalité que le gouvernement du Mali. Kidal, fief du mouvement, le gouvernement malien est « interdit » d’accès.

Anefis ! Le représentant de la mission onusienne, le Béninois Arnaud Akodjenou qui compte prendre prochainement sa retraite, perd subitement le nord. La cause : GATIA. Le devoir de réserve et le principe de neutralité qui doivent guider ce médiateur, sont délibérément mis de côté. L’homme de la MINUSMA n’a pas hésité à critiquer vertement un camp : « GATIA » coupable à ses yeux d’avoir violé le cessez-le-feu. Et ce, à l’absence des résultats de l’enquête ouverte. Cette promptitude à condamner un camp, ajouter à la décision unilatérale de la MINUSMA à ériger une zone de sécurité autour de Kidal, font douter de son impartialité dans la gestion de la crise malienne. Les rapports des enquêtes ouvertes par les Nations Unies sur les éventuelles violations des droits de l’homme au Mali, seront-ils à sens unique, c’est-à-dire, uniquement contre le gouvernement et son principal allié « GATIA » ?

Quelles sont les grandes lignes du mandat de la MNUSMA ? Veiller au cessez-le-feu ; Appuyer l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali ; Bons offices et réconciliation ; Protection des civils et stabilisation ; Promotion et défense des droits de l’homme ; Aide humanitaire et projets en faveur de la stabilisation ; Protection, sûreté et sécurité du personnel des Nations Unies. Le tout en accord avec les autorités du Mali. Il nous est permis de douter de la bonne foi de la MINUSMA. A elle de prouver le contraire.

Tièmoko Traoré

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