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Paix, sécurité et défense : IBK en appelle à la patience des Maliens
Publié le lundi 7 septembre 2015  |  Le Prétoire
Le
© AFP par HABIBOU KOUYATE
Le président, Ibrahim Boubacar Keita préside le premier conseil des ministres
Lundi 9 septembre 2013. Koulouba Palace à Bamako. le président IBK a présidé son premier conseil des ministres




L’interview qu’il a accordée à l’Ortm et à Africable-Télévision fut l’occasion pour le chef de l’Etat d’aborder les grands sujets, deux ans après son élection à la Présidence de la République. Paix, défense et sécurité, diplomatie, jeunesse et sport, voilà des sujets sur lesquels Ibrahim Boubacar s’est prononcé dans un contexte où la mise en œuvre de l’accord de paix connait beaucoup de difficultés. Mais, les Maliens n’ont pas à rougir car, à en croire IBK, l’application de l’accord demande la patience.

Au cours de cette « grande interview », le Président de la République était certainement très attendu sur le processus de mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation nationale. Mais, il l’était beaucoup plus sur les questions sécuritaires qui restent l’une des préoccupations majeures du peuple malien.

Prendre conscience de l’insécurité et s’organiser en conséquence

L’insécurité, tout le monde en convient, a atteint un niveau inquiétant au Mali, notamment dans la capitale. Mais, IBK veut que les uns et les autres sachent raison garder, car les forces armées maliennes, à ses dires, sont en train d’enregistrer des résultats sur le terrain. Ce, depuis un certain moment. «Vous me dites, vous, qu’il y a l’insécurité en laissant penser qu’elle n’est pas combattue, qu’il n’y a pas de remède à cela. Je suis obligé de vous dire que oui. Les faits que vous dites ont existés, mais il y a des remèdes, il y a des solutions qui sont en cours», a-t-il répondu, tout en rendant hommage aux forces de sécurité ainsi que les autorités en charge qui, parfois dans des conditions difficiles, dit-il, abattent un travail colossal. Conscient que l’insécurité demeure un phénomène mondial, il a fait savoir qu’en raison de ce que notre pays a vécu, nous pourrions encore traîner les séquelles de tout cela. «Les hommes en armes un peu partout et d’obédiences différentes. Il y aussi le banditisme résiduel, les crimes transfrontaliers et les crimes organisés…», avoue le chef de l’Etat. Nous devrons, selon lui, apprendre à vivre avec ce défi en nous organisant pour les combattre afin de bâtir un pays apaisé et sécurisé. «Nous n’avons aucune ambition expansionniste quelconque, mais nous avons la ferme volonté de faire du Mali un pays sécurisé, pour l’essentiel. Les tâches résiduelles seront toujours là, mais elles seront résorbées…», a promis Ibrahim Boubacar Keïta.

Mise en œuvre de l’Accord: la nécessité d’aller plus vite

Au sujet du sentiment de déception qui se généralise de plus en plus par rapport à la mise en œuvre de l’Accord issu du processus d’Alger, le chef de l’Etat s’est voulu rassurant. «On a connu des phases historiques où les choses auraient été pires. Donc, l’histoire contemporaine nous enseigne beaucoup de choses, mais il n’y a pas là de quoi penser que l’Accord de paix n’a pas de sens, n’est pas utile… Sûrement oui ! Parce qu’un accord de paix, dans son application, demande la patience», rappelle IBK. Quoi qu’il en soit, il reste convaincu que cet accord était incontournable. Il est d’ailleurs, estime-t-il, une chance pour le Mali, et pour le Sahel, notamment les pays du G5 qu’il a appelés à plus de solidarité. D’ailleurs, ces pays ne devraient avoir d’autres choix que de se donner la main dans la lutte contre le terrorisme quant on sait que leurs intérêts sont imbriqués de façon très intime.

Les préoccupations sont certes nombreuses, mais le Président de la République estime qu’avec la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation, de solutions idoines seront trouvées pour mettre notre pays à l’abri de bien des menaces. «Parce que, si l’on commence de manière diligente à appliquer l’Accord de paix, rapidement, nous allons aller vers le DDR (Démobilisation-Désarmement- Réinsertion). Dès lors que les éléments en armes seront cantonnés, tout celui qui se trouverait avec une arme quelconque de guerre aura à répondre. Et dans tous les cas, ce qui est normal dans un pays souverain, un Etat indépendant, un Etat membre des Nations Unies, c’est que la seule force habilitée à porter les armes, c’est l’armée malienne», souligne Ibrahim Boubacar Keïta. S’il minimise le retard accusé dans la mise en œuvre du document, IBK est toutefois d’accord qu’il faut aller un peu plus vite, surtout au regard des derniers événements survenus dans le Nord.

IBK se démarque du Gatia et fait un plaidoyer pour la Minusma

Se prononçant sur les rapports entre l’Etat et le Gatia (une milice tribale du Nord), IBK a rappelé, sur un ton de fermeté, qu’il ne saurait y avoir deux forces armées dans une République, en tout cas pas au Mali. «Il n’y a que les forces armées du Mali, seules habilitées par la Constitution et les lois du Mali, à être en arme pour la défense nationale. Maintenant, de façon historique, telle communauté, agressée dans un état de confusion et où le plus fort du point de vue de l’arme impose sa loi, des communautés cherchent des moyens de se défendre. Je crois que c’est cela qui est arrivé sûrement. Mais, en aucun cas, sur une injonction gouvernementale ou une création gouvernementale…Le Mali n’a pas de milice gouvernementale», clarifie le Président de la République. En signant l’Accord, poursuit-il, les groupes armés étaient à niveau égal et lui, IBK, les considère comme tels.

Le chef de l’Etat a par ailleurs rappelé que la Minusma (la mission onusienne) est ici à la demande du Mali. Partant, il en a appelé à l’indulgence des Maliens qu’il a invités à ne pas considérer les forces étrangères comme des forces ennemies. «Celui qui vient vous aider à sortir de l’embourbement, vous aider à régler des questions aussi importantes de sécurité et de paix dans votre pays mérite un peu plus d’égard et de compréhension…La Minusma n’est pas l’ennemi du Mali, elle ne saurait l’être et ne peut pas l’être. Elle ne saurait également en imposer au gouvernement du Mali», rassure IBK.

Vers la mue de l’outil de défense

Conscient que les forces armées de défense sont l’arme de la décision politique, IBK avait promis, dès son investiture en septembre 2013, de bâtir une armée professionnelle. A l’écouter dans sa grande interview, cette volonté reste plus que jamais d’actualité. En effet, à la question de savoir ce qu’il fait de façon concrète pour relever l’outil de défense nationale, le chef de l’Etat s’est d’abord apitoyé sur les conditions de travail de nos hommes. «Vous savez, j’avais dit que ceux qu’on avait vus dans les rues de Gao au moment de l’intervention de Serval, des troupes déguenillées, des soldats sans chaussures et sans casques évidemment, bref la misère. Ce n’est pas de l’émotionnel pour l’émotionnel. Je pense que la chose avait ému tout Malien digne de ce nom et moi, j’ai pris l’engament que si je bénéficiais de la confiance de nos concitoyens, plus jamais le soldat malien ne manquera du minimum nécessaire sur le champ de bataille, et ce pari est élu.», se souvient-il. A l’en croire, cette volonté exprimée de donner un nouveau visage aux forces armées de défense est loin d’être de la rhétorique ou de la théorie. A preuve: «quand il y avait un défilé militaire, quand il y avait des honneurs à rendre dans tel ou tel corps de l’Armée, les hommes venaient, dépenaillés, les uniformes étaient déchirées et de couleurs différentes. Tout cela n’est pas la fierté du soldat. Je pense qu’aujourd’hui, on peut, en toute honnêteté et objectivité, dire qu’avec les trois tenues dont dispose chaque soldat malien, il se sent de nouveau soldat et fier de l’être. Je crois que c’est cela qui compte.», souligne-t-il. Ajoutez-y l’acquisition «des 12-7 et des 14-5 dont la puissance de feu a de la signification pour le militaire». Toujours est-il que le Président de la République se dit sûr d’une chose, c’est que sa tâche régalienne à lui, dans ce domaine, est en train de se faire jour après jour. «Et ceux qui m’entendent, qui sont les premiers concernés, savent de quoi je parle», a-t-il renchéri.

Bakary SOGODOGO
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