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Master Soumi à propos de son nouveau single “L’heure est grave”
Publié le vendredi 11 septembre 2015  |  L’Indépendant
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© Autre presse par DR
Master Soumy




“Je peux avoir peur de l’Etat à cause de sa force mais cela ne doit pas m’empêcher de dire ce que je vis”

Master Soumi
Master Soumi
L’agitateur des consciences nous remue, encore une fois, dans son nouveau single “L’heure est grave”. Chanson dans laquelle il aborde de nombreux sujets politiques, sociaux et culturels, allant de la confiance perdue du peuple à l’Etat, en passant par la corruption, la liberté de la presse et les problèmes liés à l’attribution des 1552 logements sociaux. Dans l’exclusivité que l’artiste a bien voulu nous accorder, Master Soumi déballe tout. Interview.

L’Indépendant Week-end : Qu’est-ce qui vous a inspiré dans la composition de “L’heure est grave” ?

Master Soumi : J’ai fait “L’heure est grave” compte-tenu de l’actualité au Mali. Le pays est dans le gouffre, voire au fond du puits, dans une insécurité grandissante et dans un favoritisme surtout à travers l’attribution très récente des logements sociaux. A cela, s’ajoutent la précarité de la vie et la confiance perdue du citoyen vis-à-vis de la gouvernance actuelle. On est confronté à plusieurs difficultés.

Ce single est-il la suite logique des autres sortis depuis le début de la crise?

Evidemment, oui. Depuis le début de la crise, à chaque trois mois, je fais un single sur la situation. Ce morceau est la suite logique de tous mes singles de 2012 à nos jours. Au début de la crise, j’avais fait une chanson “Aw bè nôlô” c’est-à-dire ” nous sommes tous responsables “. Imaginez un militaire qui quitte de nulle part pour venir prendre le pouvoir sur une jakarta parce qu’on est resté tous bouche-bée face à la situation que le pays traversait à l’époque.

On parle d’ATT, je dirai qu’ATT n’était pas une personne mais un système. Et tous les Maliens, de façon directe ou indirecte, ont participé à ce système. Au moment où l’opération Serval intervenait au Mali, j’ai fait un autre single “Siniyé kèlèyè” pour soutenir notre armée nationale. Après, j’ai enregistré “Explique-moi ton Islam” pour m’adresser aux terroristes. Pour couronner le tout, j’ai fait “Palu général” pour montrer la pauvreté extrême qui s’est installée au Mali. Quand le nouveau président est venu au pouvoir, j’ai sorti “Faso Kunkan” avec l’achat de l’avion présidentiel.

Pour moi, il était inadmissible que le Président achète un avion tandis que le pays se trouve dans l’agonie. Ce single a été suivi par “L’attentat dans ma poche”, un morceau qui parle de l’insécurité. Donc, chaque fois qu’il y a une situation, je fais un single car ce sont des chansons qui ne peuvent pas attendre la sortie d’un album. Mon rôle premier, c’est d’éveiller les consciences. Donc je ne peux pas trop attendre la sortie d’un album pour dire tout cela. Je fais les singles en fonction de l’actualité.

Toujours avec un style engagé ?

Bien sûr, j’ai opté pour ça. J’ai décidé de faire la musique pour informer les gens, éveiller les consciences, dénoncer et apporter des solutions. Nous artistes, nous avons envie de changer notre pays à travers la musique qui est notre moyen de combat.

Vous n’avez pas peur d’être très engagé?

La peur est normale. Je ne peux pas dire que je n’ai pas peur de l’Etat. Je peux avoir peur de l’Etat à cause de sa force mais cela ne doit pas m’empêcher de dire ce que je vis et ce que le peuple subit. C’est mon quotidien et celui des Maliens que je raconte dans les chansons. D’ailleurs le pouvoir public peut s’en servir pour pouvoir améliorer les choses. Moi je pense que tous les artistes qui veulent dénoncer une situation doivent bannir toute idée de peur.

Si nous nous taisons et nous continuons dans cette peur, elle va nous habiter et sera le moteur de notre vie. La peur ne peut pas et ne sera pas le moteur de ma vie. Je dois m’exprimer, je dois parler et j’ai opté pour ça. J’ai décidé d’être la voix de ceux qui n’ont point de bouche. Avoir le micro dans les mains, c’est une très grande responsabilité. Sur une scène quand tu dis au public de lever la main, tout le monde s’exécute. Ce public te donne une énergie et en retour, tu dois lui donner quelque chose de constructif.

A chaque sortie d’une nouvelle chanson, on constate que le public l’accueille à bras ouverts et l’adopte facilement. Quel sentiment vous anime en voyant cela ?

Dieu merci, c’est une grâce. Cela me motive davantage mais je les exhorte à ne pas seulement se limiter à écouter les chansons pour le simple plaisir, mais d’adopter des comportements conseillés dans mes chansons. Il nous faut un contrôle citoyen au Mali.

Le citoyen doit être au cœur des débats et montrer aux gouvernants qu’il est là. Le Président, les députés et les maires, c’est nous qui les mettons au pouvoir. Nous avons une part de responsabilité morale qui nous oblige à avoir l’œil sur leur gouvernance pour qu’ils ne se trompent pas. Car, un être humain n’est jamais parfait.

Quelle est votre actualité musicale ?

J’ai un nouvel album en vue, il est déjà terminé mais aucune date n’a été choisie pour sa sortie officielle. Mais nous comptons le faire probablement d’ici la fin de l’année. Pour le moment, nous avons des dates en France et aux USA dans plusieurs Etats avec les Maliens de la diaspora.



Entretien réalisé par Bandiougou DIABATE
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