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Premier conseil des ministres : Intervention de Son Excellence le Professeur Dioncounda Traoré, Président de la République, Chef de l’Etat (Koulouba, le 19 décembre 2012)
Publié le mercredi 19 decembre 2012  |  Présidence


Dissolution
© aBamako.com par S.A
Dissolution du gouvernement : La déclaration du président malien par intérim, Dioncounda Traoré


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Monsieur le Premier Ministre ;

Mesdames, Messieurs les ministres,

Je voudrais en toute simplicité, souhaiter la très chaleureuse bienvenue à celles et à ceux qui viennent d’intégrer le gouvernement de la République. Un gouvernement d’une République meurtrie par les dures épreuves qu’elle traverse.

Il va de soi que le choix porté sur vous en ces moments particulièrement difficiles n’est pas fortuit. C’est parce que nous avons confiance en votre intelligence, en votre savoir faire mais aussi et surtout en votre capacité de dépassement de soi et en votre abnégation.

Être membre du gouvernement du Mali aujourd’hui relève du sacerdoce. Ce ne sont que des responsabilités et du travail et la seule satisfaction que vous en tirerez, c’est de pouvoir dire un jour : « j’ai participé au plus niveau à la libération de mon pays, j’ai contribué à la préservation de la démocratie ».

Mesdames, Messieurs les ministres,

Notre mission, si elle est facile à formuler (libération des régions du nord et organisation d’élections crédibles), n’en est pas moins extrêmement difficile. Nous aurons besoin de beaucoup de créativité et d’esprit d’initiative, mais nous aurons besoin surtout d’être unis et solidaires, de former une équipe, une vraie équipe. Car aucun d’entre nous ne réussira sans l’autre. A aucun moment, nous ne devons être l’un contre l’autre ou les uns contre les autres, engagés dans une compétition aussi improbable que périlleuse pour le pays, mais au contraire être tous, toujours ensemble, toujours unis contre l’adversité et pour sortir de la tragédie que nous vivons.

Pendant cette période exaltante que nous allons vivre ensemble, nous devons oublier nos couleurs politiques respectives, nos appartenances corporatistes, ethniques ou religieuses pour ne penser que « Vert – Jaune – Rouge » et pour cultiver la même Foi et viser le même But.

Mais connaissant vos qualités personnelles, je sais que je peux compter sur vous toutes et vous tous et, en retour, je voudrais vous assurer de ma parfaite disponibilité ainsi que de celle du Premier ministre. Nous ferons tout ce dont nous sommes humainement capables physiquement, moralement et intellectuellement pour que le travail se fasse, et qu’il se fasse dans une atmosphère à la fois conviviale et rigoureuse.

Le Mali, aujourd’hui, est occupé par des forces hostiles dans ses deux tiers. Nous avons des centaines de milliers de compatriotes refugiés et/ou déplacés. A Tombouctou, Gao et Kidal, nos filles et nos femmes sont violées. Nos frères et nos sœurs sont mutilés, notre patrimoine culturel est vandalisé. Les groupes armés qui opèrent au nord de notre pays sont essentiellement le MNLA, Ançardine, AQMI, le MUJAO et BOKO HARAM.

Les deux premiers sont essentiellement constitués de compatriotes à nous et les trois derniers constitués d’étrangers venus parfois de contrées lointaines, de pays musulmans pour venir agresser d’autres musulmans et semer la désolation et la terreur dans leur pays.

Le premier défi du gouvernement, du Premier ministre et de moi-même est de récupérer nos territoires occupés et de bouter hors de notre pays les terroristes, les narco trafiquants et autres membres du crime organisé, rétablissant ainsi l’intégrité de notre territoire et la laïcité de notre République.

Le deuxième défi est, bien entendu, après les évènements du 22 mars qui ont mis à mal notre démocratie, d’organiser des élections transparentes et crédibles qui consacreront le retour définitif de notre pays à une vie constitutionnelle normale.

La voie pour relever ces deux défis est multiforme. Elle comprend un volet dialogue et négociation avec tous ceux qui renoncent à leur velléité irrédentiste et / ou à leur volonté d’imposer la charia ne serait-ce que sur un centimètre carré de notre territoire.

Mais elle comprend aussi un volet militaire dont nous ne pourrons pas faire l’économie contre les terroristes, les narco trafiquants et les gens du crime organisé. Et nous mettrons de notre côté tous les atouts nationaux, régionaux et internationaux et c’est pour cela que nous travaillons pour que le Conseil de Sécurité des Nations Unies prenne rapidement une résolution autorisant le déploiement de forces de pays frères et amis au Mali.

Ne nous laissons pas entrainer dans des polémiques sans objet. Le peuple malien a offert sa solidarité à tous les peuples qui en avaient besoin. Pourquoi aujourd’hui ne pourrions-nous pas aussi bénéficier de la solidarité internationale ?

Mesdames, Messieurs les ministres,

Sur ce chapitre, nous devons parler le même langage, un langage à la fois d’ouverture au dialogue et de détermination vis-à-vis des ennemis de notre Nation auxquels nous ferons une guerre implacable. Dans cette dernière hypothèse, le rôle essentiel sera joué par notre Armée nationale. C’est pourquoi, il importe que chacun comprenne aujourd’hui que cette Armée est incontournable. Elle a besoin de se réconcilier avec elle-même, mais elle a aussi et surtout besoin qu’on lui fasse confiance et que l’on forme une union sacrée autour d’elle pour l’équiper afin qu’elle soit à hauteur de mission.

C’est pourquoi, Monsieur le Premier ministre, nous devons faire preuve d’imagination pour trouver les moyens financiers indispensables pour mettre notre Armée d’aplomb.

Dans un avenir proche, nous allons avoir à adopter la Feuille de route tant attendue par les Maliens et la Communauté internationale. Elle sera soumise à la délibération de l’Assemblée Nationale et nous aurons également à mettre en place la Commission Nationale de Médiation. Toutes choses qui faciliteront le vote de la résolution du Conseil de Sécurité, la reprise de la coopération multilatérale et bilatérale avec certaines organisations et certains pays, de même que le dialogue avec certains de nos compatriotes.

Mesdames, Messieurs les ministres,

Les moments sont difficiles mais aussi exaltants. Ayons confiance en nous-même, ayons confiance en le Peuple Malien. C’est un Peuple fier et digne, un Peuple plein de ressources et je suis convaincu qu’il trouvera en lui-même les ressorts nécessaires pour redevenir ce Peuple respecté et admiré qui est plutôt une solution pour ses voisins qu’un problème.

Je suis sûr que nous ferons de l’excellent travail ensemble et le Mali étonnera une fois de plus le monde.

Qu’Allah le Tout Puissant nous inspire et nous protège !

Qu’Il bénisse le Mali !

Merci pour votre attention !

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