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La grande interview d’IBK : L’Ortm n’a pas fait sa mue
Publié le vendredi 18 septembre 2015  |  Le Point
Conférence
© aBamako.com par FS
Conférence de presse d`avant match Stade malien-Etoile du Sahel
La conférence de presse avant le match Stade malien-Etoile du Sahel tenue au Stade Modibo Keita le Samedi 22 Août 2015. Photo Car ORTM




L’on pensait que le changement prôné-du moins en théorie-par l’actuel chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta, allait amener l’Ortm à davantage oser dans sa façon de traiter les sujets cruciaux. Mais visiblement, c’est la continuité dans la médiocrité. Comme nous l’a une fois de plus démontré, la grande interview que le président de la République a accordée à l’Ortm et à Africable à l’occasion du deuxième anniversaire de son accession à la magistrature suprême.
Il faut dire que même IBK, à travers cet entretien, a, dans la forme en tout cas, donné des signes de changement. En acceptant de se prêter aux questions du journaliste d’Africable, Sékou Tangara, dont on peut dire qu’il a eu toute latitude à poser ses questions, apparemment sans censure. Cela est à l’actif du président qui a accepté de se prêter à toutes les questions, fussent-elles défavorables.
C’est ainsi que Sékou Tangara a soulagé nombre de ses compatriotes en posant les questions relatives aux préoccupations de l’heure. Ce faisant, il donne une image du journalisme autre que celle que l’Ortm nous montre. Ibrahim Diombélé ne faisait que tendre la perche au président pour lui permettre de s’auto-satisfaire. Et quand il voyait que son confrère d’Africable commençait à ‘’emmerder’’ le chef de l’Etat, il s’empressait de changer de sujet, ayant la police des débats.
Il en va de même des reportages de Ibrahim Traoré, tous tendant à encenser le président, à dresser un tableau du Mali où il n’y aurait aucune noirceur, comme si nous ne vivions pas dans le même pays. Eh bien, c’est raté. Il a peut-être fait plaisir au président, grâce au régime duquel il a pris plaisir à voyager par avion, mais il ne saurait tromper l’opinion.
Le peuple n’est jamais dupe. C’est l’occasion de faire un clin d’œil à la Haute Autorité de la Communication (HAC) dont la mise en place aurait dû permettre cette mutation tant attendue des médias publics. Mutation qui éviterait à ces médias de ne dire que ce qui va dans l’intérêt du pouvoir en place. Au grand dam du peuple. Malheureusement, telle qu’elle est conçue, la HAC ne serait certainement pas la solution.
IBK, Deux ans après : ça ne rassure pas
Deux ans dans la vie d’une Nation, ce n’est pas beaucoup. Mais, ce n’est pas peu non plus, au regard du contexte qui est le nôtre et de l’espérance de tout un peuple à voir IBK (jusque-là considéré par beaucoup comme un homme de poigne) faire des humiliations subies un triste souvenir. En général l’opinion, avant cette interview, c’était presque convaincu qu’elle avait raté le coche. Mais, elle gardait un grain d’espoir, pensant que cet entretien serait peut-être l’occasion de la rassurer. Malgré tout… IBK a-t-il gagné ce pari ?
De bons points dans la forme
Objectivité oblige, il faut rendre à César ce qui est à César. Ainsi, dans la forme, on peut dire qu’IBK a grappillé quelques points. Avec la présence de plusieurs personnalités, notamment religieuses telles le président du Haut Conseil Islamique, Mahmoud Dicko et le célèbre prêcheur, Chérif Ousmane Madani Haïdara. Mais, surtout avec la présence du journaliste d’Africable, Sékou Tangara, aux côtés d’Ibrahim Diombélé de l’Ortm.
On peut d’ailleurs dire que c’est Sékou Tangara qui a sauvé l’interview avec des questions sinon pointues, du moins correspondant aux préoccupations du peuple dans sa grande majorité. En acceptant donc de se prêter à ce jeu, IBK a fait montre d’une certaine ouverture d’esprit et démontré qu’il ne répugne pas le débat contradictoire. Une façon de dire, pour reprendre le penseur, «je ne suis pas d’accord avec ce que tu dis, mais je me battrai jusqu’au bout pour que tu puisses le dire».
Cet élan démocratique n’est d’ailleurs pas isolé si l’on prend en compte l’ouverture qu’il a faite à l’opposition politique avec la création de la fonction de Chef de file de l’opposition et la désignation de Soumaïla Cissé de l’Urd, son adversaire au second tour de la présidentielle, comme son premier responsable. Ce sont là des gestes démocratiques de bonne volonté que l’on ne saurait nier.
Quid du fond ?
S’il y a peu de choses à reprocher à la forme de l’interview, il n’en est certainement pas de même pour le fond. En effet, le sentiment global à l’issue de l’entretien est que la plupart des Maliens sont restés sur leur faim. Certes, Sékou Tangara d’Africable a posé des questions sensibles et pertinentes, mais le président a eu souvent des réponses assez abstraites, évasives, qui n’allaient pas en tout cas dans le sens souhaité par la grande majorité des Maliens.
«Le Mali d’abord» ou «La famille d’abord» ? «L’honneur du Mali»... Voici des slogans que le candidat IBK à la dernière présidentielle ne cessait de tenir. Seraient-ils toujours d’actualité ? IBK dit rester fidèle auxdits slogans, particulièrement au «Mali d’abord». Sauf que, comme l’a si bien dit Sékou Tangara au sujet de l’insécurité, «les faits sont têtus».
De nombreux Maliens continuent de penser que ce ne sont là que des slogans creux-et que le seul qui vaille et convienne à la situation est «Ma famille d’abord». Non sans raison certainement… De nombreux membres du gouvernement, Konaté du Développement social (qui doit sa place à son épouse, Susanne, sœur de la Première Dame), A. Boubou Cissé des Mines (ami de Karim, le ‘’Fils présidentiel’’), entre autres, doivent leur poste à leur appartenance à la famille proche ou élargie.
D’autres ont été débarqués sous la pression des institutions de Bretton Woods, avant d’être recasés, parfois comme conseillers spéciaux (Ben Barka, entre autres). Des responsables de postes juteux (PMU par exemple) sont aussi du proche entourage. Selon certaines sources, la maison du frère de la Première Dame, Abba, serait un véritable bureau de recrutement, sinon un Business Center. Tous ceux qui voudraient profiter du régime devraient passer par là. Abba serait même plus puissant que le parti qui a porté IBK au pouvoir, le Rpm en l’occurrence. Les marchés les plus importants sont attribués à des proches.
C’est le cas de l’achat de l’avion présidentiel dans lequel serait impliqué le ‘’frère Tomi’’, selon les révélations de Mediapart. L’ex-Conseiller spécial, Sidi Mohamed Kagnassy, a sa signature sur le dossier de fourniture d’équipements à l’armée. Le ‘’Fils présidentiel’’ est miraculeusement élu député dans une commune où il ne résidait même pas. Il devient par la même occasion, président de la Commission Défense et Sécurité à l’Assemblée Nationale. Son beau-père est élu président de la même institution.
Autre fait relativement mineur, mais fort significatif, des membres de la famille voyagent souvent dans l’avion présidentiel, aux côtés du Père, Grand-Père, Beau-Frère et ami. C’est le cas notamment de fils, petit-fils, belles-sœurs, et même d’amis d’enfance de Koutiala. Tout cela aux frais du contribuable. Pendant ce temps, le reste de la délégation doit se débrouiller avec les compagnies aériennes. Monsieur, le président, ça, ce n’est pas «le Mali d’abord». Ce qui compte apparemment, c’est une armée tirée à quatre épingles.
Pour résumer Ibrahim Traoré de l’Ortm, dans son ‘’reportage éloge’’, l’état délabré de l’armée ‘’n’est plus qu’un triste souvenir…l’armée va mieux ’’ depuis l’arrivée d’IBK au pouvoir. Et ce dernier d’enchaîner : «Chaque soldat malien se sent de nouveau soldat et fier de l’être». Tout ce discours angélique pour dire que l’armée était «mal habillée» et que le régime d’IBK peut être fier de lui avoir donné une meilleure présentation, avec des chaussures neuves, des galons, des chaussettes à 20.000 Fcfa, la paire, etc.
«L’être social détermine la conscience sociale», avait dit Karl Marx. La théorie du philosophe allemand se vérifie encore au XXIème siècle et certainement pour toujours. En effet, on le sait, IBK est un illustre ‘’adepte’’ de la Sape (acronyme de la Société des ambianceurs et personnes élégantes-Congo). Avec lui, il ne faut guère s’amuser avec la fringue. On se souvient que, alors qu’il était Premier ministre, il avait fait de la présentation de ses collaborateurs l’un des principaux critères d’appréciation, «l’habit fait le moine», peut-on dire. Ce n‘était pas là une mauvaise chose en soi.
Mais, le Premier ministre en faisait parfois trop. Notamment, quand il n’a pas hésité au cours d’une cérémonie d’inauguration, à chasser un membre de son protocole pour la simple raison que l’homme n’était pas ‘’bien habillé ‘’ ; ajoutons plutôt à son goût, puisque l’homme en question, s’il n’était pas en veste cravate ou Bazin, il n’était pas non plus dépravé. Mais, surtout le Premier ministre qu’il était, ne devrait pas perdre de vue que celui qu’il a chassé sans ménagement est chef de famille comme lui, et qu’on ne doit pas humilier même son ennemi. «On peut tuer son ennemi, mais on ne l’humilie pas», dit-on.
Tout récemment, un préfet adjoint, très compétent et respecté de ses collègues, aurait été relevé parce qu’il aurait accordé une interview à la télé étant débraillé. N’est-ce pas un peu trop sévère quand on sait qu’il n’y a même pas eu d’avertissement et qu’aucune disposition légale n’oblige un préfet au port permanent de l’uniforme ? C’est juste une volonté politique devenue une pratique.
Alors, briser de cette manière la carrière d’un bon fonctionnaire de l’Etat, même sans lui avoir adressé un avertissement, nous paraît excessif. Nous avons ouvert cette parenthèse pour mieux faire comprendre à quel point la présentation physique est cruciale pour IBK. Pas de ‘’soldats déguenillés, sans casque…’’ «chaque soldat a trois tenues…Je crois que c’est cela qui compte». Comme on peut le voir, IBK est en train de faire l’armée à sa propre image : «une armée bourgeoise, propre, bien habillée, bien coiffée…».
Sauf que, petit bémol, cette fourniture est entachée par l’ombre d’un marché qui pue la fraude, le délit d’initié, le favoritisme, le clientélisme…Et cela ne fait guère honneur ni au gouvernement, ni à l’armée qui ne devrait pas bien se sentir sous un uniforme qui pèse lourd sur sa conscience de citoyen, de contribuable, de patriote tout court. Si c’est la présentation qui compte pour le président, la véritable préoccupation, selon le journaliste d’Africable, est certainement l’équipement de l’armée en véritables arsenaux de guerre, d’hélicoptères de combat.
Bref, toute chose pouvant permettre à l’armée de mieux accomplir sa mission de défense et de sécurisation du pays. Cet équipement de l’armée ne serait donc qu’une théorie, une rhétorique ? ‘’Que non’’, répond en substance le chef suprême des forces armées qui demeurera volontiers vague sur ce point… non sans intriguer quand il dit que ‘’les personnes concernées savent de quoi il parle’’. Nous lui concédons ce droit d’être laconique sur ce point. Tout en espérant que cette intrigue vaut plus qu’une ‘’formule magique’’ juste bonne pour apaiser.
Diplomatie : «Monsieur le président, continuez à dire le Mali»
Ces propos, selon IBK lui-même, lui ont été adressés par le président Bouteflika, lors de sa dernière visite en Algérie. Une façon pour lui de justifier ses pérégrinations à l’étranger. C’est bien de représenter le Mali aux grands rendez-vous, de se déplacer dans les pays se présentant comme des acteurs dans la résolution de la crise. Mais, de nombreux déplacements du président ne se situaient pas dans un tel cadre.
Et c’est encore mieux que le président se rende souvent dans le Mali profond, qu’il s’identifie à la population locale. Sans condescendance, comme avec le déroulement du tapis rouge en pleine campagne. ‘’Dire le Mali’’ à l’étranger, c’est bien. Mais le faire à l’interne, c’est encore mieux en ces périodes d’instabilité chronique et de manque de confiance.
Insécurité : «Nous allons encore traîner pendant longtemps les séquelles…»
Attaques fréquentes contre des garnisons, des civils, opérations de banditisme en plein jour… «Les faits sont têtus», dixit le journaliste d’Africable pour caractériser la situation d’insécurité permanente. Pour le président, «l’insécurité est un phénomène général…dont on va traîner pendant longtemps les séquelles…On vient de loin…tout est à refonder…Il faut savoir raison garder…Il y a un effort de mobilisation…Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir et cela [l’insécurité] sera enrayé». Tels sont des passages des propos tenus par le Chef de l’Etat, qui donne l’impression de tout rejeter sur ces prédécesseurs quand il dit qu’«on vient de loin… ».
Et que «tout est à refonder». Même s’il y a du vrai dans ses propos, c’est pour amener le changement que les 77% des électeurs (moins de 2 millions de personnes sur environ 15 millions de Maliens, faut-il préciser) ont porté leur choix sur lui. Or, pour reprendre Sékou Tangara, «l’insécurité a atteint des proportions jamais égalées» et va donc grandissant après deux ans d’exercice du pouvoir. Dans ce chaos, ce qui révolte davantage les Maliens, c’est le maintien contre vents et marrées du général Sada Samaké, plus par reconnaissance - à titre personnel- que pour l’intérêt du pays. Cela aussi, ce n’est sûrement pas «le Mali d’abord».
Somme toute, en matière de sécurité, IBK n’est pas parvenu à rassurer ses compatriotes. Qui attendaient de lui qu’il annonce, par exemple et au-delà du discours, des mesures concrètes de nature à vaincre la psychose grandissante. Une psychose que n’est pas près de vaincre l’invite du président à faire preuve de vigilance face aux comportements suspects, à revoir notre légendaire hospitalité envers des gens que l’on ignore jusqu’à l’origine. C’est là un bon message qui aurait pu l’être davantage s’il avait été soutenu par l’annonce de mesures concrètes.
Agriculture
En portant le budget de l’agriculture à 15% et avec le projet de mécanisation de notre agriculture (à travers notamment l’acquisition prochaine de 1000 tracteurs), le gouvernement est certainement en phase avec le peuple dont la vision, comme pour IBK, est que ‘’notre or, c’est notre sol, notre terre’’ Il reste à espérer que l’appartenance au Rpm et à la majorité présidentielle ne soit pas un critère de sélection des candidats à l’acquisition du tracteur.
Jeunesse et chômage : «La terre nourrit son homme…le bureau ne paye pas son homme»
«Evoluez en mentalité ! Cessez de rêver au bureau ! Prenez le chemin du champ, c’est le fond qui manque le moins !»-Tel semble être le message qu’a adressé IBK à la jeunesse malienne en détresse. Et le message est tout à fait porteur. À condition que les conditions idoines soient réunies pour pousser la jeunesse vers la terre qui «ne ment jamais». Une des conditions à cela est sans nul doute la réglementation des sites d’orpaillage, doublée de la création d’un fonds d’incitation à la terre.
Sport : véritable domaine de fierté du président
S’il y a un domaine où le Mali a excellé, c’est bien celui du sport, particulièrement du basket-ball et du football. Certes, l’ex-président ATT, en ce qui concerne surtout le basket-ball, avait posé les jalons, mais l’Etat étant une continuité, le régime IBK a valablement répondu aux attentes. Et quoi qu’on puisse dire du ministre des Sports, personne ne peut dire qu’il n’a pas mouillé le maillot. Toutefois, certains signes montrent de plus en plus que la jeunesse malienne veut se démarquer des aînés qui ont failli sur toute la ligne. Comme l’attestent les résultats sportifs. Et même le discours tenu par nos valeureux rappeurs dont le choix des thèmes est si pertinent que l’on se dit que l’espoir est permis malgré tout.
Lutte contre la délinquance financière
Quand le président dit qu’ «il y avait 200 dossiers en souffrance lorsqu’ il arrivait à Koulouba, que tous ont été transmis à qui de droit et qu’aucun dossier ne fera l’objet de soustraction», cela redonne confiance au peuple. Mais la question est de savoir : qu’est-ce qui bloque le processus au niveau de la justice dont il est le premier magistrat ?
IBK a laissé entendre aussi que ‘’surtout’’ les dossiers constitués sous son mandat ne feront l’objet d’aucun blocage de sa part. Tout en lui accordant le bénéfice du doute, on s’interroge sur la non-évolution de ces dossiers. Dont ceux concernant l’achat de l’avion présidentiel et l’équipement de l’armée. Il ne faudrait pas qu’il y ait une justice à double vitesse où les uns (les ex-Directeurs de l’Apej par exemple, Tiéman Diarra et Sina Damba) croupissent en prison pendant que les autres (les présumés fraudeurs des marchés d’achat de l’avion présidentiel, d’équipement de l’armée et même de l’engrais frelaté) ne sont même pas inquiétés.
IBK et les Bobos
IBK désormais «Roi, Prince de Mahou». Ainsi l’ont voulu les Bobos de Mahou. Le président ne peut qu’être fier de cette distinction tant cette ethnie est l’une des rares à ne pas encore renier ses valeurs profondes de dignité, de fierté, d’intégrité. Mais surtout, de bravoure. D’ailleurs, l’armée ferait mieux de recruter le plus de ses combattants au sein de cette communauté. IBK leur a promis la réalisation d’une route de 8 Km extrêmement importante pour eux.
Mais au-delà, il réparerait une énorme injustice qui est que, ainsi qu’on en parle de plus, cette communauté n’est jamais représentée dans les gouvernements successifs. Pendant que d’autres le sont en permanence. Réparer une telle injustice ne serait aucunement de l’ethnicisme, du sectarisme, mais juste un rééquilibrage des choses au bénéfice de la concorde et du sentiment d’appartenance à la mère Patrie.
La Minusma, Gatia : une lecture à l’opposé de l’opinion populaire
Sur la mission onusienne et la Plate-forme, IBK est carrément en porte-à-faux avec l’immense majorité de la population. Selon cette dernière, la Minusma est l’alliée N°2 (derrière la France) de la Cma contre le Mali. C’est ainsi que selon un sondage rappelé par Sékou Tangara, «59% des Maliens» ont une idée défavorable de la Minusma, contre seulement 7% ayant une opinion favorable. IBK «déplore» une telle façon de voir les choses : «La Minusma étant le Mali», puisque le Mali lui-même fait partie des Nations-Unies dont il a, du reste, sollicité l’intervention.
Les Maliens auraient préféré que le président tînt un autre discours plus poignant et critique. Mais, on le comprend, la Minusma, c’est la France envers laquelle IBK se sent peut-être redevable. Pour ne pas dire « enchaîné». Avec sa double nationalité, les dossiers sulfureux de Mediapart, l’état toujours délabré de l’armée… Les Maliens n’ont guère tort d’être hostiles à une mission onusienne qui ne lève pas le doigt quand la Cma occupe des zones, commet des exactions, quand de paisibles citoyens sont attaqués, qui dit n’avoir pas mission de combattre…
Mais, qui est toujours prompte à réagir, à combattre même quand c’est la Plate-forme qui conquiert des localités et ne cherche qu’à les restituer à l’armée malienne. D’où l’incompréhension de Sékou Tangara face au discours peu amer que le président tient à l’endroit de cette «milice républicaine», qui joue le rôle dévolu normalement à l’armée. Des propos du président à l’encontre de la Plate-forme («le retrait d’Anéfis sans condition, sans délai…» par exemple) sont perçus par de nombreux Maliens comme une insulte, un manque de reconnaissance. Et font dire aux plus amers qu’ «IBK ne contrôle plus rien, n’a aucune solution» pour nous faire sortir de l’impasse et nous redonner notre dignité, «l’honneur du Mali».
‘’Pleins pouvoirs’’ de plus en plus regretté
Qui disait que le ‘’vrai bonheur ne se reconnaît qu’après l’avoir perdu’’. Cela semble en tout cas être le cas entre les populations maliennes et leur ancien Premier ministre de la Transition, Cheick Modibo Diarra. Le nom du navigateur interplanétaire revient de plus en plus dans les conversations de ‘’grins’’. Non pas pour parler de navette spatiale, mais de la marmite, ou plutôt de quoi chauffer la marmite.
‘’Loin des yeux, près du ventre’’ peut-on dire, car les Maliens se souviennent maintenant que Cheick Modibo Diarra et son équipe étaient quand même parvenus, malgré la crise, la suspension des aides, la fermeture des projets de développement…à maintenir les denrées alimentaires à des prix assez accessibles aux maigres bourses. Hélas, depuis son départ, c’est l’avènement des grands diseurs. Et comme dit le proverbe, «les grands diseurs ne sont pas les grands faiseurs». Proverbe qu’on peut compléter par cet autre : «L’enfer est pavé de bonnes intentions».
Car, si ce n’est pas l’enfer, ce n’en est certainement pas loin. Et pour reprendre cet auditeur de radio Klédu, Bougoula en commune V, «comment parler de réconciliation au moment où certains bouffent plus du milliard en toute impunité, et d’autres ont du mal à manger à leur faim». Difficile réconciliation en effet. Le hic est que le peuple malien semble avoir une prédilection pour les slogans, préférant l’illusion ambiante à une réalité objective qui le mettrait au travail et lui couperait les privilèges perçus indûment.
C’est seulement ainsi qu’on peut expliquer les scores obtenus par ce même Cheick M. Diarra, son prédécesseur Soumana Sacko. Ou encore le bouillant Oumar Mariko. On ne cesse d’entendre : «Oumar Mariko dit la vérité, il défend la cause des paysans, des faibles…». Mais, au moment du vote, on l’oublie carrément. Surtout à la vue des 2000 Fcfa. Ce fut la même chose pour Soumana Sacko qui nous aurait fait oublier l’Occident, s’il avait été élu président. Aujourd’hui, on parle de C.M.Diarra. Le même syndrome l’a frappé et peut-être l’attend encore. Ne serions-nous plus tous que de beaux diseurs ?

S.Haidara
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