Un mois après la prise d’otage cauchemardesque qui a eu lieu à l’hôtel Byblos de Sévaré, la population n’arrive pas encore à se remettre psychologiquement.
Depuis le vendredi noir du 14 aout dernier où une horde de terroristes a fait irruption à l’hôtel Byblos de Sévaré, opérant une prise d’otage qui s’est malheureusement finie dans un bain de sang, la population de cette ville demeure toujours dans l’anxiété à l’idée d’un retour probable des djihadistes. C’est ce triste constat qui nous a été révélé suite à notre enquête d’opinion menée le jeudi dernier dans la ville de Sévaré. Apparemment, la ville demeure calme après la prise d’otage, mais derrière cette image angélique se cache une population qui vit dans la peur. Aux dires d’un habitant de la ville, la sérénité est loin de retourner à Sévaré. Car, précise t-il, le cerveau de la prise d’otage, Hamadoun Kouffa, a toujours des alliés dans la ville. Les marabouts qui sont dans la ville, assurant l’encadrement des jeunes talibés, sont les partisans d’Hamadoun Kouffa, qu’ils le reconnaissent ou pas.
Sur le plan de la sécurisation de la ville, il a fait savoir que le dispositif ne répond pas à leurs attentes. «Après la prise d’otage, on vit dans l’insécurité totale. A une certaine heure de la nuit, précisément aux environs de minuit et au-delà, tu ne rencontreras aucune patrouille militaire ou policière dans la ville. C’est inquiétant », a souligné notre interlocuteur. Il a indiqué que certaines forces de sécurité ne sont pas coopératives avec la population en matière de démantèlement des suspects djihadistes. Selon lui, gare à celui qui dénonce aux forces de sécurité des suspects. Car, dit-il, le suspect en question s’en sortira indemne et vous menacera à son retour. S’agissant d’une éventuelle menace venant des partisans d’Hamadoun Kouffa, notre interlocuteur soulignera que la population ne reçoit pas des menaces directes. Toutefois, il a noté que chaque vendredi les hélicoptères survolent la ville en guise de contrôle. Pour Mohamed Yattara, contrôleur des finances à la retraite, depuis la pénétration des djihadistes à Sevaré c’est la méfiance qui a pris le pas. « On ne sait pas qui est qui dans cette ville. C’est l’insécurité totale.
On ne s’y attendait pas à l’entrée de ces gens là dans la ville. Pour le moment, on ne reçoit pas des menaces mais la psychose est là », a-t-il affirmé. Partant, il a fait savoir que les forces de sécurité font de leur mieux dans la sécurisation, mais la ville est vaste et il y a mille chemins, difficile de tout contrôler. Toutefois, il a invité l’Etat à renforcer davantage la sécurité surtout au niveau de la porte d’entrée de la ville et de la sortie. En tout cas, les autorités maliennes sont invitées à prendre des dispositions pour épargner les habitants d’une éventuelle attaque terroriste dans la zone. C’est dire qu’on ne sent pas les forces armées et de sécurité conscientes de la gravité de la situation qu’après la survenance d’un tel incident. Elles se comportent comme si nous vivions dans un Etat normal. C’est une attitude à bannir dans le corps militaire.
Boubacar SIDIBE, de passage à Sevaré