Samedi 26 Septembre, Ahmad Al Faqi Al Mahdi, un Jihadiste malien membre du groupe armé Ansar Dine, a été remis à la CPI par les autorités nigériennes, pour des accusations de crimes de guerre de destruction de monuments historiques et religieux à Tombouctou. En déférant un Jihadiste devant la CPI, le pays de Mahamadou Yssoufou se démarque du Mali, dont les autorités politiques les ont très souvent libérés. Il s’agit de la première affaire à être présentée devant la CPI concernant la destruction de bâtiments consacrés à la religion et de monuments historiques.
Les Maliens ont réagi négativement, chaque fois que le pouvoir a fait libérer des Jihadistes qui ont du sang humain sur leurs mains. Le pouvoir de son côté a toujours tenté de se justifier au nom du dialogue qui nécessite l’installation de la confiance entre le gouvernement et les groupes armés qui revendiquent leur libération. Ainsi, recherchés et capturés au bout de mille sacrifices des Forces armées maliennes (Fama) et des Forces amies, de nombreux Jihadistes ont été purement et simplement libérés, avant d’aller commettre d’autres crimes encore pire. Une pratique des autorités maliennes, à laquelle les organisations de défense des droits de l’homme du Mali et au-delà des frontières maliennes ne se sont jamais accommodées. La désapprobation populaire ne date pas d’aujourd’hui. Ainsi, en 2012 au Mali, le gouvernement de transition a été obligé d’aller au-delà de la justice malienne. Le ministre de la justice de l’époque, Malick Coulibaly a saisi la Cour pénal internationale sur les crimes odieux et assassinats perpétrés sur le territoire pendant la crise politique et sécuritaire (crimes de guerre liés à l’occupation Jihadistes, et ceux consécutifs au coup d’Etat du 22 mars 2012).
Ahmad Al Faqi Al Mahdi, surnommé Abou Tourab, a été remis à la Cour pénale internationale (CPI) par les autorités du Niger et est arrivé au quartier pénitentiaire de la Cour aux Pays-Bas, précise AFP. Al Faqi est suspecté, selon un mandat d’arrêt délivré le 18 septembre 2015 par la Cour, de crimes de guerre d’attaque intentionnellement dirigée, à Tombouctou, au Mali, entre environ le 30 juin 2012 et le 10 juillet 2012, contre des bâtiments consacrés à la religion et/ou des monuments historiques. Il s’agit de la première affaire à être présentée devant la CPI concernant la destruction de bâtiments consacrés à la religion et de monuments historiques.
Pendant toute la période de conflit, qui a commencé en janvier 2012, la ville de Tombouctou étaient sous la domination des groupes armés Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) et Ansar Eddine, mouvement principalement touarègue associé à Aqmi. Ahmad Al Faqi, né à Agoune, à 100 kilomètres à l’ouest de Tombouctou, au Mali, Touareg de la tribu Ansar Touareg, personnalité active dans le contexte de l’occupation de la ville de Tombouctou et aurait été membre d’Ansar Eddine, opérant en étroite association avec les leaders des deux groupes armés et dans le contexte des structures et institutions mises en place par eux. Il aurait été notamment, jusqu’en septembre 2012, à la tête de la « Hesbah », « Brigade des mœurs », opérationnelle à partir de mai 2012, et également associé au travail du Tribunal Islamique de Tombouctou et aurait participé à l’exécution de ses décisions. Plus spécifiquement, il aurait été impliqué dans la destruction des bâtiments mentionnés dans le chef d’accusation.
L’affaire Le Procureur c. Ahmad Al Faqi Al Mahdi est la première dans le contexte de l’enquête du Bureau du Procureur concernant la situation au Mali qui a été déférée à la CPI par le Gouvernement du Mali le 13 juillet 2012. Le 16 janvier 2013, le Procureur de la CPI a ouvert une enquête sur les crimes présumés commis sur le territoire du Mali depuis janvier 2012. Depuis cette ouverture en 2012, le Procureur Fatou Bensouda s’est rendu plusieurs fois à Bamako, avec en ligne de mire des dossiers du nord, mais aussi le charnier de Diago, concernant l’exécution de 21 éléments du 33è Régiment des commandos parachutistes de Djicoroni (bérets rouges) par des putschistes de la junte dirigée par le Capitaine Amadou Aya Sanogo, ainsi que des assassinats de certains de leurs éléments bérets verts par la même junte. Selon toute vraisemblance, les hautes autorités politiques maliennes auraient convaincu la CPI sur ses capacités à juger le Capitaine Sanogo inculpé pour séquestration, disparition forcée, assassinat et complicité d’assassinat.
L’affaire Le Procureur c. Ahmad Al Faqi Al Mahdi parviendra difficilement à étancher la soif de justice des Maliens, qui attendent que les auteurs des crimes odieux contre les soldats et civils maliens, notamment à Aguel Hoc, Gao … soient également recherchés, arrêtés et punis pour leurs crimes contre l’humanité.
B. Daou