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Ligne de force : La CPI pour garantir la paix
Publié le mardi 29 septembre 2015  |  L’Indépendant




On le revoit encore sur le petit écran, la barbe rousse, le regard enflammé, criant la victoire sur les forces maliennes et menaçant de faire subir le même sort à la France, aux Etats Unis d’Amérique, à tout “l’occident chrétien et impérialiste” pendant que, derrière lui, des pioches s’abattent sur les mausolées de Tombouctou et les réduisent en des tas de gravats argileux.

Depuis le samedi 26 septembre, Ahmed Al Faqi Al Mahdi – de son nom de guerre Abou Tourab – est devenu le premier Malien (son statut de rebelle n’y change rien) pensionnaire de la désormais célèbre prison de Shaveneggan, où il rejoint des détenus de renom comme Laurent Gbagbo et le ” Général de la rue “, Charles Blé Goudé. Motif de ce séjour involontaire : Abou Tourab a ” dirigé intentionnellement des attaques contre dix bâtiments (neuf mausolées et une des trois plus importantes mosquées de la ville, Sidi Yayia) consacrés à la religion et des monuments historiques dans la vieille ville de Tombouctou “.

Ce ” barbare obscurantiste” – si le Pr Dioncounda Traoré veut bien nous prêter l’expression – pourrait répondre d’autres crimes autrement graves comme les exécutions sommaires et les sévices corporels infligés par le soi-disant tribunal islamique de Tombouctou dont il était à la fois le principal pourvoyeur et le bourreau.

Son transfert d’une prison du Niger où il était détenu depuis une année à La Haye, capitale de la justice internationale, et le probable procès qui s’ensuivra pourraient constituer un moment important, voire un tournant dans la lutte contre le terrorisme au Mali et au Sahel s’ils ouvraient la voie à des poursuites contre d’autres personnes réputées avoir commis des crimes similaires à ceux qui lui sont reprochés.

Au premier rang de ces grands criminels en liberté figure, bien sûr, Iyad Ag Ghali, le promoteur d’Ansar Dine qui a pactisé avec AQMI pour plonger le Mali dans la détresse et la terreur et dont la tête est mise à prix par les Etats-Unis d’Amérique qui, on le sait, ne font pas les choses à moitié quand il s’agit d’éradiquer l’hydre terroriste. Saddam Hussein, puis Ben Laden et d’autres malfaiteurs de moindre calibre l’ont appris à leurs dépens.

Au-delà d’Iyad Ag Ghali qui, en plus d’avoir favorisé l’occupation du nord du Mali par des bandes terroristes, est un trafiquant de drogue notoire et un négociant avéré d’otages occidentaux, les principaux chefs militaires de ce qui a été faussement désigné par les médias français sous le vocable de ” rébellion touarègue ” ont toute leur place dans l’agenda du bureau de la procureure de la CPI.

En plus d’avoir planifié, organisé et exécuté des assassinats de masse (de civils et de militaires), pillé et incendié des habitats humains, contraint à l’exil hors des frontières nationales des centaines de milliers de personnes dont un grand nombre sont mortes de leurs exécrables conditions de vie et d’autres diminuées à jamais par la maladie et le déracinement, ces sinistres individus, qui ne dépassent pas une dizaine, représentent le principal obstacle au retour de la paix au Mali.

La CPI rendrait donc un service incommensurable au Mali, à l’Afrique et au monde en se donnant les moyens de mettre le grappin sur ces personnages abjects, les amener aux Pays-Bas et les juger selon les normes internationales. Seul ennui: le défaut de coopération judiciaire de notre pays malgré l’existence d’une convention en la matière qui n’a jamais pu connaitre même un début d’exécution à cause de l’extrême frilosité de l’autorité politique. Conséquence: non seulement le Mali n’a jamais ouvert “une enquête sur les crimes les plus graves commis sur son territoire depuis 2012” comme stipulé par la convention, mais bien au contraire, il s’est évertué à torpiller la justice, en faisant rapporter les mandats d’arrêt qu’elle avait lancés et en libérant les prisonniers susceptibles d’être jugés. Tout cela, a-t-on prétendu, pour donner quelque chance à la paix.

Pourtant, l’accord de paix issu des discussions d’Alger n’absout pas les personnes soupçonnées d’avoir commis des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et des crimes de génocide. Bien au contraire. Les personnes suspectées de tels crimes doivent en répondre devant les tribunaux.

C’est du reste, nous semble-t-il, la meilleure façon de garantir la paix.

Saouti HAIDARA
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