C’est à Quelques minutes de son embarquement, à bord du « Ladji Bourama Air Force One » pour New-York, que nous avons tendu notre micro au président de la République. Tout de blanc vêtu, lunettes à grosse monture sur le nez et bonnet blanc, ou blanc bonnet, vicié sur la tête, il arbore sa mine des mauvais jours. La prudence doit donc être de mise. Du moins, si je tiens à mes dents. Car, le mastodonte qui lui sert de garde du corps est capable de me renvoyer à Goundam, avec un seul doigt. Mais un journaliste reste un journaleux. Même en caleçon. Mr le président, on n’a jamais vu un remaniement ministériel le jour de la Tabaski, jour de pardon, de joie…
Dis-moi Le Mollah, le jour de la Tabaski n’est-il pas un jour comme les autres ? Mais, à vrai dire, c’est pour emmerder certains emmerdeurs, que j’ai fait ce remaniement. Surtout ceux qui apprécient le boa, pardon le bois.
Vous voulez parler du général des bois ?
C’est qui celui-là ? Inconnu dans mon bataillon !
Je veux parler du général Sada Samaké, l’ex-ministre de la Sécurité Intérieure et de la Protection civile….
Sada, Sada, Sada Samaké….Ah oui ! Celui que j’avais sorti du bois pour emmerder les emmerdeurs ? Mais malheur pour lui, au lieu de mettre le colonel Sada Samaké, que j’ai bombardé général, a été incapable de sécuriser mon propre quartier, Sébéninkoro ; à plus forte raison, le pays.
Comment puis-je garder, à mes côtés, un général qui, au lieu de faire peur aux bandits et autres jihadistes, les attire comme des mouches ? Comme c’est moi qui l’ai fait sortir du bois, c’est moi qui l’y ai fait retourner.
Mr le président, tout le monde s’attendait au départ de Bocari Tréta du gouvernement, à cause du scandale de l’engrais frelaté…
Tout le monde, vous dites ? Pas moi ! Tréta restera à mes côtés, n’en déplaise aux « bagningos » !
Outre Tréta, les Maliens s’attendaient, aussi, aux départs de Tiéman Hubert Coulibaly, Dramane Dembelé, Me Mohamed Ali Bathily, Poulloh…..
Les Maliens peuvent continuer à faire des gorges chaudes au sujet de tel ou tel ministre. Mais c’est moi qui décide, qui doit partir et qui doit rester. C’est moi le petit-fils de Soundiata Keïta, roi du Mali ; c’est moi le chef, celui à qui on doit obéir, au doigt et à l’œil…. Et quand je décide, c’est comme si c’est Dieu qui l’a fait : on n’en discute plus. Même dans la presse privée…… de presse.
Selon de sources indépendantes, la tragédie de la Mecque a enregistré près de 48 morts, 40 blessés et 328 disparus…… tous des Maliens. Qu’en dites-vous ?
Sur ces mots, IBK écrase du bout de son doigt deux larmes, qui perlent sur ses joues. Son garde du corps, le costaud, me prend par le col de mon boubou, me soulève jusqu’au-dessus de sa tête et me lance d’un air menaçant : « La prochaine fois que tu feras pleurer le boss, tu auras à faire à moi, compris ? ».
Propos recueillis
par Le Mollah Omar