Ce que la Minusma ne sait pas que les Maliens savent, c’est que c’est elle-même qui a escorté les combattants de la CMA à Anéfis. Pire, ces derniers menacent de passer par les armes les populations qui avaient manifesté pour demander que le GATIA reste à Anéfis pour assurer leur sécurité. Pour ceux qui semblent l’ignorer, la ville d’Anéfis est devenue, comme Kidal, depuis deux ans, un Etat dans l’Etat du Mali. Les populations sont dépossédées de leurs biens. Chaque motocycliste, chaque habitant des alentours, qui entre à Anéfis, même pour s’y acheter du tabac doit payer 1000 CFA à l’entrée, et 1000 CFA à sa sortie. Chaque véhicule, 20.000 CFA à l’entrée et 20.000 CFA à sa sortie. S’y ajoutent les tortures quotidiennes, les expéditions punitives…… C’est pour toutes ces raisons, et bien d’autres encore, que les populations d’Anéfis, à l’instar de ceux de Ménaka, ont sollicité le maintien du GATIA dans leur ville. Ou, à défaut, la présence de l’armée malienne à Anéfis. Car, pour elles, la Minusma est incapable d’assurer leur sécurité. Au contraire, elles estiment même que la CMA a commis et continue de commettre des crimes odieux, au nez et à la barbe de la Minusma. Sans que celle-ci daigne lever le petit doigt.
Déployée au Mali pour assurer, d’une part, la sécurité des populations et, déployée sur toute l’étendue du territoire national, la Mission des Nations Unies pour la Stabilité du Mali (MINUSMA) est devenue, hélas ! , la Mission des Nations Unies pour la Sécurisation de Kidal (MINUSKI). Les Maliens, toutes communautés confondues, ne souhaitent qu’une chose : le départ de la Minusma. Censée rassurer la population civile, elle a exacerbé les tensions entre les communautés du nord, en privilégiant les Ifoghas, minorité touareg de Kidal, au détriment des autres communautés, composées de sonrhaï, de peulhs, de bambara, bozo, somono, arabe, bellah, dogon…..
Trop de frustrations, trop de colère, de désespoir et de désespérance… se sont cristallisées dans les cœurs et dans les esprits. Au nord comme au sud du pays. Et si la Minusma ne fait rien pour désamorcer cette bombe, elle apprendra, sur le tard, et à ses dépens, que la patience du Malien a une limite à ne pas franchir. Et ce jour-là, ni IBK et son gouvernement, ni les troupes françaises stationnées au Mali et dans la sous-région……. ne lui seront d’aucun secours. Ce qui devra arriver, arrivera ! Inéluctablement.
Oumar Babi