Après neuf années consécutives sans drames à partir de 2006, on croyait avoir terminé avec la tuerie des pèlerins à la Mecque. Malheureusement l’année 2015 n’a pas échappé à la série des catastrophes sur les lieux saints du pèlerinage musulman. Les responsables ou les coupables sont-ils les organisateurs mecquois ou les pèlerins ? Chacune des parties se défend. Le pèlerinage fait désormais craindre avec sa longue liste d’horreurs recensées depuis 25 ans. En effet le bilan catastrophique connu depuis cette date se résume comme suit : - 1975 : 200 morts dus à un incendie à la Mecque ; - 1979 : 153 morts dus à la prise d’otages à la Grande Mosquée ; - 1987 : 402 morts dus à la répression des manifestations de pèlerins ; - 1990 : 1426 morts dus à une bousculade dans le tunnel à Mina ; - 1994 : 270 morts dus à une bousculade à Mina ; - 1997 : 343 morts dans un incendie à Mina ; - 1998 : 118 morts dans une bousculade à Mina ; - 2004 : 251 morts dans une bousculade à Mina ; - 2006 : 364 morts dans une bousculade à Mina ; - 2015 : (11 Septembre) 109 morts dus à l’effondrement d’une grue sur la Grande Mosquée ; - 2015 : (24 Septembre) 769 morts et 934 blessés suite à une bousculade à Mina.
Quelles sont les causes de ces tueries perpétrées contre des innocents vénus accomplir l’un des cinq piliers de l’Islam. Que s’est-il réellement passé ?
La rencontre entre deux flux de pèlerins, l’un quittant le site de Jakarta où a lieu ce rituel, l’autre arrivant en sens inverse le long d’une rue de 12 mètres de large, a provoqué une catastrophe au bilan extrêmement lourd : 769 morts et 934 blessés.
<>, a tenté de se dédouaner le ministre saoudien de la santé, Khaled Al-Falah.
769 morts et 934 blessés des chiffres qui, de l’avis de l’Arabie Saoudite, pourrait bien être encore éloignés de la réalité.
Trois jours après le drame, les premiers témoignages de pèlerins piégés par la foule commencent à circuler. L’un d’entre eux, Abbas Tijani, un Nigérian de 57 ans, raconte sa ‘’lutte pour la survie’’. ‘’C’était la confusion, chacun tentait de sauver sa peau’’, se souvient-il depuis son lit d’hôpital. ‘’Il y avait plein de gens par terre. Tenter de les aider aurait conduit à un désastre plus grand’’. Un autre pèlerin, Ahmed Mohamed, Soudanais lui, se remémore ces instants de terreur : ‘’Je savais qu’il ne fallait pas que je tombe, je voyais des gens se faire piétiner’’.
Mais à en croire des rescapés, le comportement des forces de police n’aurait pas été sans conséquences sur l’ampleur de la catastrophe. Certains évoquent ainsi la fermeture de plusieurs accès au site de Mina, empêchant la bonne circulation des pèlerins. Les indications d’un groupe de policiers déployés sur la route passant à travers les milliers de tentes blanches de Mina n’ont fait qu’empirer la situation, d’après Abbas Tijani. ‘’Les gens essayaient d’avancer pour se mettre à l’abri mais ils nous criaient : ’’Reculez, reculez’’, explique-t-il. De leur côté, les autorités saoudiennes maintiennent pour l’instant leur version des faits, c’est-à-dire que les participants n’auraient pas tenu compte des consignes de police, entrainant le drame.
Les pèlerins ne sont pas une masse ingérable en soi.
La masse de pèlerins est-elle, en soi, ingérable ? Dans l’absolu, non, répondent, catégoriques, Hani Alnabusli et John Dury, auteurs en 2012 d’une étude complète sur les phénomènes de foule à la Mecque –ils ont pour cela analysé le comportement de 1 194 pèlerins pendant le hadj. Les deux auteurs distinguent au contraire, des facteurs « calmants » propres au contexte de la Mecque : l’identification culturelle et religieuse avec les autres limiterait l’angoisse qu’il y a à évoluer au sein d’une foule compacte. Mais mettaient-ils en garde, il ne peut y avoir d’effet linaire entre la densité croissante de la foule et la sécurité réelle de ceux qui s’y identifient (…) car il arrive un moment ou les individus, serrés, comprimés, ne peuvent plus rien faire. C’est à ce moment que la peur gagne les esprits.
Mais la densité de la foule rend tout incident dramatique il faut bien voir que nous sommes à la Mecque, face à des concentrations monstrueuses de personnes et des phénomènes de violentes turbulences apparaissent au –delà des 7 piétons au mètre carré abonde Guy Theraulaz, directeur de recherches CNRS (France),qui a travaillé sur un modèle numérique permettant de simuler les mouvements. Ces turbulences ont une telle force que les gens sont projetés sur plusieurs dizaines de mètres sans contrôler leur capacité à se déplacer. Dès lors, il suffit que quelqu’un soit déséquilibré, qu’il tombe pour qu’un enchainement dramatique se déclenche, ajoute-t-il.la tragédie d’hier, reproduisait le pire des scenarios celui d’une collision entre deux flux de personnes qui se sont heurtés. Lors de la bousculade en 2006,qui a tué 364 pèlerins, la densité de la foule avait été évaluée à 10 personnes par mètre carrée.
En 2012, Hani Alnabusli et John Dury avaient calculé que dans la grande mosquée, par exemple, la foule se densifiait au fur et à mesure que l’on s’approchait de la Kaaba, la construction autour de laquelle les pèlerins doivent tourner sept fois jusqu’à 6 à 8 personnes au mètre carré.
Des bulldozers ont été utilisés pour récupérer les corps des victimes, une manière de faire qui en dit long sur la conception des droits de l’homme en Arabie Saoudite.
Espérons que cette image éveille les consciences internationales, mais nous en doutons, puisque le pays est un partenaire d’importance pour les grandes puissances de ce monde et même des pays pauvres comme le Mali bénéficiaire des financements des fonds Saoudiens pour son développement.
Une fuite en avant ?
Riyad à beau s’abriter derrière les investissements colossaux (et réels) engagés pour assurer la sécurité du pèlerinage en matière d’infrastructures, sa volonté de porter la capacité de la mosquée à 2,2 millions de personne ne bloque l’accès au site quand il atteint le niveau maximal d’affluence, la foule se masse, l’atmosphère devient claustrophobie et les gens paniquent rappelle Irfan Al-Alawi.
Les religieux maliens vont encore nous tympaniser en nous faisant croire que cette façon de mourir est la plus enviée dans ce monde. Chacun d’eux a fait le pèlerinage a la Mecque plus d’une fois pourquoi alors n’ont-ils pas prié a fin de mourir au cours de leur hadj sur les lieux saints à la Mecque ? Ils ont tous souhaité revenir dans leurs familles respectives pour tranquillement couler une vie douce. Au lieu donc de décrier la mauvaise organisation du pèlerinage, ils défendent leurs propres intérêts auprès du royaume saoudien. Le mérite revient au prêcheur Choila Bayaya Haïdara qui a vivement protesté contre la mauvaise organisation du Hadj par l’Arabie Saoudite et surtout le traitement inhumain réservé aux victimes. La royauté saoudienne mériterait d’aller rendre compte à la Cour pénale internationale pour les chefs d’accusations suivants : homicide volontaire, coups et blessures volontaires, association de malfaiteurs, morts avec préméditation, complicité d’assassinat et de blessures, traitements inhumains des cadavres, atteinte à la pudeur sur les cadavres, non-assistance à personnes en danger, dissimulation de preuves d’assassinat.
Badou S KOBA