La signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale par les groupes rebelles était le plus difficile, affirment certains. Certes, du 18 juin 2013 date de la signature de l’Accord d’Ouagadougou au 20 juin 2015 date de la signature de l’Accord de Bamako, il a fallu deux longues années. Mais pour un observateur avisé, l’horizon n’est toujours pas dégagé. Pis, de gros orages sont à prévoir.
Mission accomplie pour le ministre des Affaires Etrangères, Abdoulaye Diop, après la signature de l’Accord de Bamako par la CMA. C’est maintenant autour du ministre de la Réconciliation Nationale, Zahabi Sidi Ould Mohamed, de se mettre en selle. Tout va pour le mieux et les fils du Mali se réconcilieront, sous peu. C’est du moins ce qu’affirment les plus optimistes d’entre nous. Car à regarder de près, les choses sont différentes.
Depuis l’adoption de l’Accord, le comité de suivi pour sa mise en œuvre ne fonctionne pas. Ou presque pas. Le dialogue entre gouvernement et les groupes armés est au point mort. L’insécurité s’accroit et le nouvel attelage gouvernemental sans les membres de la CMA indique, pour qui sait interpréter les signes, que le bout du tunnel est loin. Voire très loin.
Les affrontements continuent…
Comment cohabiter après s’être affronté? Comment vivre en aménité après tant d’animosité? Comment faire la paix après la guerre? Ce sont là, à n’en pas douter, des interrogations qui surgissent après toute situation de conflit armé interne. Et le cas malien ne déroge pas à la règle.
Le 19 septembre dernier, alors que les populations se préparaient pour la fête de Tabaski, des hommes armés font irruption dans le village de Bih, cercle de Koro. Bilan : deux policiers et deux civils abattus. L’on a en mémoire la prise d’otage d’un hôtel à Sévaré avec un bilan assez lourd: 12 morts, peut-être 13, selon les sources. Deux jours après Sévaré, dix civils sont tués dans le village de Gaberi, cercle de Gourma Rharous. La menace sécuritaire pèse aujourd’hui sur toute l’étendue du territoire national.
Le dialogue rompu…
Subséquemment à la signature de l’Accord de paix, un comité de suivi appelé Comité de Suivi de l’Accord (CSA) a été institué. Après trois rencontres, le règlement intérieur est adopté, le mécanisme de financement défini et un planning établi. Mais au moment de la composition du CSA, problème. De nouveaux groupes (FPA, MPSA,…) apparaissent et menacent d’embraser le pays. Du moins, s’ils ne sont pas pris en compte dans le processus de paix. Depuis lors, le CSA est mis en veille.
Les communiqués accusateurs et incendiaires fusent de partout. Sur le dossier Anéfis, par exemple, la CMA communique, la Plate-forme communique, la Minusma communique et le Gouvernement n’est pas en reste. Ainsi, dans communiqué datant de la semaine dernière, la Plateforme « suggère la tenue rapide d’une réunion du Comité de suivi de l’accord (CSA) en vue de prendre en charge certaines questions récurrentes qui peuvent dangereusement compromettre le processus de paix ».
Toutes ces attaques et tous ces communiqués font craindre le risque d’un affrontement intercommunautaire comme celui entre peuls et touaregs à Tamakoutat dans le cercle d’Ansongo le 6 février 2014 où une trentaine de personnes y ont perdu la vie. Cette tension qui n’était pas la première du genre présage un chantier de la réconciliation nationale long, périlleux et aventureux.
M. TOGOLA