Au moment où la suspicion et l’incertitude gagnent le peuple malien suite à la bousculade meurtrière survenue à Mina, le jeudi 24 septembre 2015, les autorités maliennes se plongent toujours dans une léthargie inadmissible. Si le gouvernement dit attendre la fin du processus d’indentification des corps pour avancer un chiffre, le communiqué laconique qu’il a diffusé jusque-là n’a fait qu’en rajouter à l’angoisse des Maliens.
Officiellement, environ 9 000 pèlerins maliens (filière gouvernementale et privée) sont allés à La Mecque cette année. Parmi eux, certains sont décédés dans la bousculade et plusieurs autres ont été blessés ou sont portés disparus. Dans un communiqué officiel, le gouvernement a confirmé l’existence de victimes et de blessés des pèlerins maliens. Mais, une semaine après le drame survenu à Mina (près de la Mecque), les autorités maliennes restent toujours muettes par rapport au nombre de victimes maliennes. Pas même un bilan provisoire de cette bousculade dont le dernier bilan se chiffre à 769 morts et 934 blessés, selon les autorités sanitaires saoudiennes.
L’attitude de nos autorités est d’autant plus incompréhensible et condamnable que plusieurs autres pays africains ont déjà avancé des chiffres provisoires de leurs victimes. En effet, le Cameroun fait état d’une vingtaine de tués, pendant que le Niger pleure 22 morts, la Côte d’Ivoire en a dénombré 14 et 77 disparus. Le Tchad compte 11 morts dans le rang de ses pèlerins et le Sénégal regrette 6 morts, etc.
Faisant fi de la responsabilité lui incombant d’informer le peuple, le gouvernement malien, sous prétexte qu’il attend du processus d’identification des corps, laisse libre cours aux rumeurs de façon à alimenter la spéculation qui se fait autour du nombre de nos victimes. «Nous ne pouvons pas dire pour le moment avec exactitude quel est le nombre de nos compatriotes qui ont perdu la vie. Nous attendons la fin du travail d’identification des corps par les autorités saoudiennes pour nous prononcer afin d’éviter les spéculations», avait déclaré le ministre de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication, Porte-parole du gouvernement, Choguel Kokalla Maïga.
Face aux constantes sollicitations des médias, les autorités en charge de l’organisation du Hadj donnent leurs langues au chat. Joint au téléphone par nos soins, Moussa Keïta, chef de Cabinet du ministre des Affaires religieuses et du Culte et non moins superviseur général du Hadj 2015, nous a renvoyés vers un certain Diaby qui reste injoignable. De leurs côtés, les responsables de la Maison du Hadj n’ont pas souhaité pour le moment se prononcer sur la situation. Devant le déficit d’information de la part des autorités compétentes, les Maliens se demandent à quel Saint se vouer. Pendant ce temps, des bilans des plus contradictoires font le tour des réseaux sociaux, exacerbant ainsi l’angoisse des familles qui, depuis le jour du drame, sont restées sans nouvelles de leurs proches.
Que cache donc le silence des autorités maliennes ? Est-ce parce que le bilan est trop lourd ? Est-ce l’expression de l’incompétence des autorités en charge de l’organisation du Hadj ?
En attendant d’avoir des réponses à ces interrogations, il nous revient de sources proches de l’Ambassade du Mali en Arabie Saoudite que 79 Maliens ont péri dans ce drame, 28 autres ont été blessés et 157 personnes sont portées disparues. Selon les mêmes sources, le bilan total des morts de la bousculade a franchi la barre du millier ce lundi 28 septembre 2015. L’Iran, le Pakistan et le Mali seraient les 3 pays les plus touchés.
Ibrahim M.GUEYE