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A la loupe : De la poudre aux yeux
Publié le vendredi 2 octobre 2015  |  Le Prétoire
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Lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita
Bamako, le 11 juin 2015, le CICB a abrité la cérémonie de lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita, c`était sous la Haute présidence de SEM, Ibrahim Boubacar KEITA




Depuis de très nombreux mois, singulièrement depuis la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation le 20 juin par la Coordination des mouvements de l’Azawad, un remaniement est attendu ici au Mali. Les scandales financiers qui ont éclaboussé la gouvernance du président Ibrahim Boubacar Kéita et le peu d’intérêt que ses amis politiques, y compris ceux de son propre parti, le RPM, ont témoigné pour la bonne marche du pays sont autant de facteurs qui plaident pour un changement radical de gouvernement et de gouvernance.

Au lieu de cela, IBK, comme à son habitude, semblant aveugle, sourd mais disert à l’envi quand il s’agit d’occulter les réalités de son pays, n’a trouvé mieux à servir à son peuple qu’un semblant de réaménagement gouvernemental. Deux congédiés, quatre nouveaux promus dont, certes, deux femmes, trois déplacés, voilà la recette du chef de l’Etat pour l’honneur du Mali et le bonheur des Maliens.

Il n’est un secret pour personne qu’IBK n’est pas l’homme qui peut réaliser ces promesses de campagne, mais, de toutes les manières, celles-ci ne sont plus à l’ordre du jour. Ce qu’il urge de mener à bon port, c’est la mise en œuvre efficace et diligente de l’Accord issu du processus d’Alger. Mais les agissements récents du président de la République laissent planer le doute sur sa véritable volonté de détourner le pays du chemin menant au chaos le plus destructeur.

Les autorités, en effet, ont pris récemment l’inexplicable décision de reporter sine die les élections communales et régionales. Or, l’Accord de paix issu du processus d’Alger a été signé par les différentes parties après que le gouvernement malien se soit engagé à mettre en place une nouvelle architecture politique et institutionnelle dont la base est la régionalisation.

Les mouvements de l’Azawad, qui n’étaient plus suivis par leurs partenaires dans leur projet de partition du pays ou d’obtention d’un statut particulier pour les régions du nord, ont dû accepter ce compromis, suivis par les mouvements républicains d’autodéfense pour lesquels la décentralisation poussée est également une solution. Ne se contentant pas de reporter les élections communales et régionales aux calendes mandingues, le président Kéita vient de prendre la responsabilité devant l’histoire de détacher la décentralisation de sa tutelle naturelle : l’administration territoriale.

Politique majeure en cours depuis l’avènement des premières institutions démocratiquement élues après mars 1991, pour lesquelles démocratie-décentralisation-développement sont fortement liés, le processus de décentralisation est en lui-même une réforme assez majeure pour être lié à un ministère de la réforme de l’Etat.

Quelques mois avant d’être renversé par une junte très mal inspirée, même le militaire Amadou Toumani Touré avait compris cela, qu’un ministère de la réforme de l’Etat devrait s’attaquer surtout à la superstructure –toutes ces institutions de la république et assimilées dont les textes doivent être réadaptés aux nouveaux contextes– et réformer la base par un autre processus.

Le seul point positif, en plus de l’ouverture du gouvernement aux femmes, qu’on peut, peut-être, trouver à ce folklore gouvernemental, c’est le départ du désormais ex-ministre de la sécurité et de la protection civile, Sada Samaké, déjà assez controversé. Seulement, son remplacement va-t-il résoudre les nombreux problèmes sécuritaires ? Dont le principal est le terrorisme jihadiste.

Or, depuis quelques temps, ce phénomène n’est plus l’apanage des régions du nord, la menace s’étant déplacée vers le centre, le sud et le Sahel occidental. Pour contribuer à lutter contre ces menaces, l’Accord prévoit la mise en place d’équipes mobiles mixtes composées de combattants issus de la CMA et de la Plateforme.

Mais il y a un préalable à ce dispositif : le cantonnement, le désarmement et la réinsertion des combattants. La récente course au bon positionnement des groupes armés de la CMA et de la Plateforme à Ménaka, Anefis, Aguel Hok, Tessalit ou In Khalid est la preuve que les éléments à la base sont loin de se plier à toutes les injonctions de leurs responsables respectifs, réduits à se tirailler pour figurer en bonne place dans de petites structures comme le Comité de suivi de l’Accord.

Ces responsables seraient peut-être mieux écoutés s’ils figuraient dans des structures plus importantes, du genre d’un département ministériel. Et, d’ailleurs, n’est-il pas normal et même obligatoire que des cadres des mouvements armés, CMA et Plateforme, siègent au conseil des ministres dans un gouvernement véritablement constitué pour la mise en œuvre de l’Accord ? Assurément !

Le président de la République doit comprendre que le temps de la poudre aux yeux est passé, il s’agit maintenant de se débarrasser de ces ministres goinfres qui se gavent de viande au point de ne pas pouvoir se réveiller en ce lendemain ouvré de Tabaski, de ces ministres qui ont leur agenda personnel et n’ont cure de la paix et de la réconciliation. Il s’agit de procéder à un véritable remaniement ministériel et non de perpétuer le folklore au sommet.

Cheick TANDINA
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