A coups de pioches, les islamistes armés détruisaient ce dimanche les derniers mausolées de la ville de Tombouctou, au nord-ouest du Mali. «Il ne va pas rester un seul mausolée à Tombouctou, Dieu n`aime pas ca, nous sommes en train de casser tous les mausolées cachés dans les quartiers», a déclaré à l`AFP Abou Dardar, un responsable d`Ansar Dine (Défenseurs de l`islam), groupe islamiste armé qui occupe la «cité de la perle» avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) depuis avril.
Fin juin, Ansar Dine avait lancé une vaste campagne de destruction des mausolées qui se trouvent à Tombouctou, surnommée «la cité des 333 saints».
La casse des derniers mausolées de Tombouctou s`ajoutent aux amputations vendredi de la main de deux voleurs présumés à Gao (nord-est) au nom de la charia (loi islamique). Ces exactions ont été commises après l`adoption jeudi par le Conseil de sécurité de l`ONU d`une résolution autorisant, par étapes et sous condition, une intervention armée dans le nord du Mali pour chasser, au mieux à partir de septembre 2013, les islamistes armés qui l`occupent totalement depuis six mois.
Une application de la charia, selon les extrémistes islamistes
Selon le journal Mali actualité, le mouvement islamiste considère que « détruire les mausolées est une manière de se mettre en conformité avec la charia ». Le porte-parole d`Ansar Dine estime qu`il n’est pas autorisé de construire un monument sur une tombe car, selon lui, « l’être humain ne doit pas s’élever plus haut que Dieu ».
Un crime de guerre, estime la CPI
La ville de Tombouctou renferme quelque 333 mausolées dont 16 ont été classés par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) comme patrimoine mondial depuis 1988. En juillet dernier, «la perle du désert» a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial en péril à la demande du gouvernement malien. Le Mali avait alors appelé les Nations unies à prendre des mesures après ces destructions «criminelles».
Pour la procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, de telles destructions peuvent constituer un «crime de guerre» passible de poursuites de la CPI, a-t-elle déclaré en juillet. L`article 8 du statut de Rome portant création de la CPI stipule que «les attaques délibérées contre des bâtiments civils non protégés qui ne sont pas des objectifs militaires constituent un crime de guerre. Cela inclut les attaques contre les monuments historiques, tout comme la destruction de bâtiments dédiés à la religion».