Une marche de protestation a eu lieu ce matin à Bamako contre la Minusma. Organisée à l'appel de la Coordination des organisations du mouvement démocratique au Mali, COMODE, cette marche visait, selon ses organisateurs, à dénoncer « le jeu trouble de la mission onusienne et l'ensemble de la communauté internationale » dans le processus de paix au Mali.
La marche a quitté la « Place de l'Indépendance » à la « Place des Martyrs ». Elle a regroupé plusieurs responsables d'organisations de la société civile, mais également de la classe politique de l'opposition et de la majorité. Les manifestants ont scandé des slogans hostiles à l'ONU au Mali, et disent « non à la division du pays ». Dans le cortège, des messages comme « l'armée à Kidal » ou encore « le Mali est un et indivisible se faisaient lire. Pour des responsables de la COMODE, cette marche est une « interpellation de la communauté internationale face à son rôle dans la crise malienne ».
Pr. Aly Nouhoun Diallo est le président de la Coordination des organisations du mouvement démocratique au Mali. Il est au micro d'Ayouba Sow :
«Nous sommes venus pour dire non à la partition de notre pays, non à la division de ce pays, non à une politique de deux poids deux mesures de la Minusma, non à l’obligation faite aux forces de résistance patriotique de quitter Anefis, non à la facilité avec laquelle la CMA, force séparatiste, qui veut la division du Mali et qui est au service des agendas étrangers. On ne dictera pas aux Maliens ce qu’il faut faire pour reconstruire la nation, pour que le gouvernement de la République du Mali exerce son autorité, sa souveraineté sur l’étendue du territoire national. Nous ne pouvons pas concevoir que les fils du Mali, originaires de Kidal, originaires de l’Adrar des Ifoghas puissent se promener librement sur toute l’étendue de la République du Mali et qu’on interdise aux citoyens maliens d’être aussi partout à Anefis, à Kidal, à Aguelhok, à Tessalit, à Abeïbara, à Boureïssa, à Tinzawaten. Les Maliens doivent être libres de circuler sur toute l‘étendue du territoire».
Pour certains observateurs, « il fallait s'attendre à une opinion de plus en plus hostile à la Minusma ». Ce mouvement de colère, selon eux, est la conséquence du fossé entre le mandat de la Minusma et les attentes des Maliens dans le contexte de la crise malienne. Pour ces observateurs, « les autorités maliennes doivent aussi prendre leur responsabilité ».
Pr. Issa N'Diaye est philosophe, chargé de cours à l’Université de Bamako. Il a été joint par Issa Fakaba Sissoko :
«Je pense qu’il y a un malentendu assez profond entre la Minusma et les Maliens depuis un bon moment. Je pense que la mission onusienne est essentiellement victime de son mandat, qui n’est pas vraiment clair, et dans tous les cas, qui en l’état n’est pas accepté. Parce que le problème ce n’est pas qu’il n’est pas compris par les Maliens, c’est parce ce mandat n’est pas accepté par les Maliens en tant que tel. Les Maliens pensent que le rôle des Nations unies et de la Minusma, c’est d’aider le Mali à reconstruire son Etat et à faire prévaloir son autorité sur toute l’étendue de la République dans le respect de son intégrité territoriale. Mais sur le terrain, on constate que la Minusma semble se préoccuper beaucoup plus des intérêts de certains groupes armés, alors que pour beaucoup de Maliens la présence de la Minusma ne saurait se justifier si elle ne contribue pas au désarmement de toutes les forces armées en dehors de celles de l’Etat. Donc, c’est ça la question fondamentale. C’est vraiment un divorce total sur la conception du rôle de la Minusma».