«Il y a des responsables de notre administration qui ne veulent pas l’innovation de la mise en œuvre de l’accord de paix parce qu’elle limiterait leur pouvoir », a déclaré l’ancien Premier ministre, Moussa MARA, pour justifier le retard dans la mise en œuvre de l’accord de paix. Il a tenu ses propos, mercredi dernier, dans les locaux de l’ex FLASH, à la faveur d’une conférence-débat dont il était le conférencier.
Le Centre d’études et de réflexion au Mali (CERM) et INAMI francophone, deux structures de lobbying et de plaidoyers pour le développement en Afrique ont initié cette conférence-débat sur le thème: « Le rôle de la jeunesse dans la résolution de la crise au Sahel».
L’ancien Premier ministre, Moussa MARA, était le conférencier principal de la rencontre, à laquelle ont pris part plusieurs responsables et membres de ces deux organisations. Son objectif était d’expliquer aux jeunes leurs rôles dans le processus de sortie de crise au Mali.
Le conférencier, après avoir expliqué les rôles de la jeunesse dans la résolution de la crise que notre pays traverse, a estimé que la jeunesse malienne a beaucoup d’efforts à fournir pour être à la hauteur des attentes.
Pour MARA, il manque à la jeunesse malienne l’engagement et la mobilisation au service de la nation. Cela est inadmissible, soutient-il, lorsque cette couche représente 60% de la population malienne. C’est fort de cette représentativité qu’il dira que l’avenir du Mali sera ce que les jeunes en décideront.
« Il faut que les jeunes apprennent à travailler ; c’est ce qui compte et qui est important pour le pays. Nous devons tous avoir à l’esprit de travailler pour aller de l’avant.
Aujourd’hui, le Mali fait partie des 3 pays le plus jeunes au monde en termes de démographie. Cela prouve que le Mali sera à l’image de sa jeunesse. Si la jeunesse s’assoit, le pays sera assis. En somme, le Mali sera ce que vous en ferez », a conseillé l’ancien Premier ministre.
Ensuite sur l’accord de paix, Moussa MARA, fervent défenseur de ce document, a soutenu qu’il n’y a jamais eu au Mali un accord aussi malien que celui signé récemment pour la sortie de crise dans le pays. Il y a eu, a-t-il rappelé, dans le temps, plusieurs accords dont les contenus étaient méconnus en grande partie par la population malienne.
Cet accord a eu l’avantage, a-t-il confirmé, d’associer tous les acteurs du processus sous la conduite de la communauté internationale et le document produit a été élaboré sur la base des propositions de parties prenantes au processus.
Dans tous les cas, malgré les critiques formulés par ci et par là, M. MARA a soutenu que l’accord de paix est un cadre global du règlement de notre conflit. Le contenu de cet accord est véritablement une innovation pour le développement du pays, a-t-il ajouté. Car, indique-t-il, il pose les jalons d’un véritable développement à la base.
Mais qu’est-ce qui retarde alors la mise en œuvre de ce document signé par toutes les parties ? S’interrogent les participants.
En réponse à cette préoccupation, le conférencier a expliqué qu’il y a plusieurs facteurs qui peuvent soutenir cet état de fait à lourdes conséquences pour le processus en cours.
D’abord, Moussa MARA a indiqué que certains acteurs ont signé le document, mais en réalité, ils ne sont pas partisans de la paix et de l’unité du Mali. Derrière leurs beaux discours se cachent leur volonté manifeste de torpiller le processus de retour à la paix, a estimé M. Moussa MARA.
« C’est dans la guerre, dans l’anarchie que des acteurs du processus parviennent à avoir leurs milliards. Avec, la paix et la stabilité au Mali, ils ne sont pas sûrs d’avoir ces sommes là. Donc, il faut tout faire pour empêcher le processus de continuer», a-t-il expliqué.
Ensuite, à côté de ces groupes, il y a aussi le cas d’autres groupes non signataires de l’accord de paix, comme MUJAO, AQMI, Ansar-Dine qui ne veulent pas également le retour de la paix et leur stratégie est de tout faire pour mettre en mal tout le processus.
Enfin, au sein même de notre administration, il existe des responsables qui ne souhaitent pas la mise en œuvre de cet accord pour des raisons purement personnelles parce que l’application de ce document limiterait leur pouvoir.
« Il y a des rebelles de bureau qui ne veulent pas aussi que les choses évoluent. Souvent les bics, dans les bureaux, sont beaucoup plus dévastateurs que les armes. En effet, beaucoup d’acteurs ne sont pas en phase avec les orientations de l’accord et les innovations du document dans le développement du pays, parce que leur intérêts sont menacés», a déclaré Moussa MARA pour qui, il n’y a pas d’autres solutions en dehors de cet accord.
Par ailleurs, M MARA a profité de l’opportunité pour se prononcer sur le problème de l’éducation, de chômage de jeunes, ainsi que de la croissance démographique galopante au Mali avec leurs conséquences, entre autres.
Par Sikou BAH