La 9ème édition des Rencontres cinématographiques de Bamako et le Festival International de Nyamina ont eu lieu, le 22 décembre 2012, à l’Institut français de Bamako. En plus d’un débat sur le rôle du cinéma dans la construction de la paix, le film « Le vieux Sage de Ngolonina », réalisé en 1999 par Souleymane Cissé, a impressionné tout ceux qui ont fait le déplacement.
Bruno Maiga, ministre de la culture, accompagné de Yaya Ag, ministre de l’artisanat et du tourisme, a présidé le 22 décembre 2012, la 9ème édition des Rencontres cinématographiques de Bamako et du Festival International de Nyamina. Vu le contexte de crise que vit le Mali, la manifestation a eu lieu cette année à l’Institut français de Bamako, l’étape de la Commune rurale de Nyamina a été supprimée, le temps que le Mali retrouve sa quiétude. Mais, la manifestation a été une grande réussite. En plus de la conférence débat sur le thème « Le rôle du cinéma dans la culture de la paix » qui a enregistré la participation d’éminentes personnalités politiques du Mali et du monde du cinéma, ce fut l’occasion pour de nombreux bamakois de passer une journée entière dans une salle noire, pour ne voir que des films. En effet, pour la circonstance, les organisateurs avaient concocté un programme alléchant de projection de films. Comme en levé de rideau, les festivaliers ont pu apprécier pendant trente minutes les réalisations des jeunes talents de l’UCECAO-Mali. Ensuite, le réalisateur sénégalais, Ousmane Baye, les a invités à voir son film documentaire intitulé « Président Dia », qui vient de remporter le Tanit d’or de sa catégorie, il y a quelques jours aux Journées cinématographiques de Carthage. Pour replonger les Maliens dans les belles ambiances de la ville de Tombouctou d’avant la crise, le beau film de l’algérien Tewfik Farés, intitulé « Tombouctou » a été projeté. Ensuite ce fut « Korafola », un film de Mamadou Cissé sur Madina Ndiaye, un autre chef d’œuvre, récompensé récemment à Carthage par la « Mention du Jury », qui a ému la salle. Pour boucler la boucle des projections, « Mama Africa-Mariam Makeba » de Mika Kaurismaki et « Waati » de Souleymane Cissé ont été présentés au public qui a fait le déplacement. Mais, auparavant, lors de la cérémonie d’ouverture, Solomane Cissé, avait indiqué dans le cadre de cette manifestation et dans le contexte de crise que vit notre pays, qu’ils ont, cette année, décidé d’interroger le cinéma, quant au rôle qu’il a joué, qu’il joue et qu’il continuera de jouer dans la promotion de la culture de la paix. Il a déclaré que le Mali, confronté à la crise la plus grave de son histoire, a aujourd’hui besoin de paix. « Mais, en attendant, chaque fille et fils du Mali, doit se demander s’il a fait et bien fait ce qu’il devait faire pour son pays », a-t-il poursuivi. Avant d’ajouter qu’en temps que cinéaste, il présente toutes ses excuses au Mali, pour ne pas avoir eu les moyens de l’épargner de cette catastrophe par les images. Perçues par certains comme une auto-flagellation qui n’a pas sa raison d’être et par d’autres comme une invitation à tous les maliens d’assumer leur part de responsabilités, les excuses de Souleymane Cissé ont ouvert le champ à la projection du film « Le vieux Sage de Ngolonina ». En 1999, dans une inspiration dont il est le seul à avoir le secret, Souleymane Cissé a filmé un entretien avec un vieux marabout sur les bords du fleuve Djoliba. Intitulé « Le Sage de Ngolonina », ce film recouvre aujourd’hui tout son sens avec l’actualité du Mali. En 1999, dans une inspiration prémonitoire, « le Sage de Ngolonina » parle de la grandeur du Mali qui est, selon lui le fait de Dieu. Mais, il prévient que cette grandeur sera une réalité tant que les Maliens seront unis et parleront de la même voix. De passage, il dénonce : « Le Mali et les Maliens souffrent parce que les tenants du pouvoir, les érudits et autres savants et les riches opérateurs économiques, n’aiment pas suffisamment ce pays ». Sans détour, le vieux sage de Ngolonina, nous rappelle qu’il avait prédit, il y a de cela 13 ans, ce qui arrive à notre pays.