Racket, barrages, règlements de comptes… Autant de techniques éprouvées à Sélingué depuis des années. La lune de fiel succède en ce moment à la lune de miel dans les rapports entre les transporteurs et les agents de l’Escadron de la gendarmerie de Sélingué. Il ne se passe plus un jour sans accrochage entre les transporteurs et ces agents véreux en charge de la surveillance du pont de Sélingué. Ces agents obligent les chauffeurs de tricycle à débourser la somme de 5.000Fcfa pour la journée et 10.000Fcfa pour les camions sans oublier les passagers qui payent chacun la somme de 1.000 voire 2.000Fcfa. La population est fatiguée à présent des agissements de ces« prédateurs ». Le racket est devenu la bénédiction qui ouvre le chemin de la destination, du moins pour les transporteurs. Au sens figuré ou au sens propre, parcourir le trajet du centre-ville de Sélingué derrière le fleuve qui mène sur les sites d’orpaillages ou vice versa relève d’un véritable parcours du combattant tant pour les passagers que pour tous les conducteurs des véhicules de transport en commun ou de marchandises qui pratiquent cette ligne. Les forces de sécurité continuent de s’enrichir au détriment des Maliens ordinaires, dont beaucoup ont déjà du mal à gagner assez pour joindre les deux bouts. Le racket semble être bien organisé. Au point de contrôle des agents de l’Escadron, les conducteurs transportant des passagers paient un tarif quotidien, habituellement de 5000 à 10. 000 francs CFA, et des agents vérifient le numéro d’immatriculation de chaque conducteur afin de déterminer si la personne a payé. Si vous ne payez pas, c’est un problème. Si vous ne lui donnez pas sa part, c’est un problème », a déclaré un chauffeur de tricycle. Pour les passagers, c’est plus difficile. Ils remettent leurs papiers et doivent payer pour les récupérer. Le racket au Mali, bien qu’illégal, continue de sévir parce que l’argent est souvent transmis au sein de la chaîne de commandement. Le gouvernement doit redoubler d’efforts pour enquêter et poursuivre les contrevenants.
Paul N’GUESSAN