Les choses semblent se préciser. Alger a abattu ses cartes en se pliant à la décision du Conseil de sécurité. Et la France enverra finalement ses forces spéciales au Mali.
L’intervention militaire de la force africaine visant à chasser les rebelles islamistes du nord du Mali pourra avoir lieu au premier semestre 2013, déclare le ministre de la défense français dans une interview au quotidien La Croix, lundi 24 décembre. Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté à l’unanimité, jeudi 20 décembre, une résolution autorisant le déploiement d’une force africaine pour une période initiale d’un an afin de reprendre le contrôle du nord du Mali, tombé en avril aux mains d’islamistes et de rebelles touaregs. Alger a affirmé soutenir la résolution onusienne. La force africaine, qui prendra le nom d’Afisma (African-led International Support Mission in Mali), devrait compter jusqu’à 3 300 hommes et aidera les forces gouvernementales maliennes à reprendre les zones du nord du pays.
« L’intervention militaire pourra avoir lieu au premier semestre de l’année prochaine« , déclare Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense, dans les colonnes du quotidien catholique, estimant que « pour l’instant, il n’y a pas de solution politique » au Mali. « La France apporte un soutien technique à la Cédéao (la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) dans la constitution d’une force capable d’aider le Mali à retrouver l’intégralité de son territoire. Le concept opératoire est en train de s’affiner« , poursuit le ministre de la défense.
Forces spéciales françaises
Contrairement à ce qui est ressassé depuis des mois, des forces spéciales françaises feront partie de l’équipée militaire dans le nord du Mali. Un contingent européen de 400 militaires sera constitué au début de l’année prochaine avant d’être envoyé au Mali pour y « former l’armée malienne et la préparer à rendre à ce pays la souveraineté sur l’ensemble du territoire« , ajoute M. Le Drian, précisant que ces militaires ne participeront pas aux opérations de combat.
Le Commandement des Opérations Spéciales (COS), autorité militaire des forces spéciales françaises, est effectivement bien présent au Sahel sous le nom de code Sabre. Sa participation à l’offensive au Nord-Mali pourrait, selon Jean-Dominique Merchet, journaliste spécialiste des questions militaires, consistera principalement en une mission d’entraînement et de transport des troupes africaines, ainsi que de renseignement. Selon RFI, la France aurait déjà mis en place un dispositif sécuritaire au Sahel en toute discrétion: le déploiement de drones français est envisagé depuis longtemps au Niger, et trois avions de chasse Mirage 2000D (spécialisés dans les raids nocturnes) ont été transférés au début du mois de septembre au Tchad.
Le dispositif français au Sahel est composé aussi d’avions de patrouille maritime Atlantique 2 qui sillonnent les vastes étendues désertiques avec leurs moyens de recueil de renseignements ainsi que par “système de surveillance” basé au Niger. De même que les Etats-Unis ont installé dans la région plusieurs bases discrètes pour y surveiller les activités des groupes jihadistes, dans le cadre de l’opération Creek Sand.
Le groupe islamiste nigérian Ansaru a revendiqué dimanche l’enlèvement d’un ingénieur français capturé dans le nord du Nigeria, expliquant notamment son geste par le soutien de la France à une intervention militaire dans le nord du Mali.
Concernant les neuf otages français détenus sur le sol africain, Jean-Yves le Drian dénonce une « logique infernale que nous ne pouvons pas laisser évoluer ainsi ». « Nous nous occupons de très près des otages et faisons tout notre possible pour obtenir leur libération. Mais cela ne nous empêche pas de considérer que l’enjeu de l’intégrité du Mali est essentiel pour la sécurité de ce pays, comme pour celle de la France et de l’Europe« , souligne-t-il. Par ailleurs, trois otages algériens sont également détenus par les narco-islamistes du Mujao. Un quatrième a été assassiné il y a quelques mois sans qu’on obtienne confirmation. Le gouvernement reste très réservé d’ailleurs sur la question de ces otages et de leur sort si d’aventure une opération d’intervention militaire est menée dans la région de l’Azawad.