La formation de 3000 soldats africains doit commencer début janvier à Mopti.
Le ministre français de la Défense a relancé l’option d’une attaque rapide dans le nord du Mali. Jean-Yves Le Drian a affirmé dans un entretien au quotidien La Croix que l’intervention militaire contre les milices islamistes «pourra avoir lieu au premier semestre 2013». Une échéance rapide, en contradiction avec les hypothèses évoquées à l’Élysée ou au Quai d’Orsay, qui penchent pour le second semestre au plus tôt. Romano Prodi, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Mali, a pour sa part assuré que rien ne pourrait être fait avant septembre. Washington, principal financier de cette éventuelle opération avec l’Union européenne, se montre plus prudent encore.En octobre déjà, Jean-Yves Le Drian avait plaidé pour une accélération des choses, expliquant que le temps restant avant l’intervention se comptait «en semaines et pas en mois», avant de finalement faire marche arrière. La nouvelle sortie du ministre n’en a que plus étonné. Car, depuis octobre, l’option d’une attaque rapide contre les groupes islamistes paraît s’être plutôt affaiblie.
Pression sur les islamistes
Jeudi, une résolution a certes été votée au Conseil de sécurité de l’ONU pour autoriser le déploiement d’un contingent africain au Mali.
La future force, baptisée Afisma (mission internationale de soutien au Mali), devrait compter 3300 hommes fournis par les pays de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Mais aucun calendrier précis n’a été imposé pour l’arrivée des troupes. Le texte consacre, par ailleurs, une large part aux efforts de médiation pour tenter de trouver une issue pacifique au conflit et à la crise politique qui secoue Bamako depuis le coup d’État contre le président Amadou Toumani Touré, en mars dernier. «La balle est maintenant dans le camp des hommes politiques maliens», reconnaissait d’ailleurs un diplomate. Dans les jours à venir, le gouvernement de Bamako devrait adopter une feuille de route où il détaillera ses intentions. Ensuite, des négociations devraient aussi s’ouvrir avec certains groupes touaregs occupant le nord du pays. Or ces étapes prendront du temps.
La formation de l’armée malienne, censée être le fer de lance de l’opération, réclame elle aussi une certaine préparation. L’Union européenne a été chargée de cette tâche. Environ 400 soldats – 250 formateurs et 150 hommes de protection -, pour la plupart français, seront déployés dans le courant du mois de janvier à Mopti et à Ségou. Ils devraient entraîner 3.000 fantassins environ, en cours de deux ou trois sessions de six semaines chacune. «Dans le meilleur des cas, les cycles seront terminés en mai», explique un proche du dossier.
Le ministère français de la Défense n’ignore aucune de ces contraintes. Mais une partie des spécialistes de l’Afrique, tant dans les rangs des militaires que des diplomates, redoute que le temps ne profite aux djihadistes et plaide pour une intervention le plus rapide possible. Ces déclarations ont sans doute pour objectif de rappeler ce risque. Mais ces pressions sont aussi à destination des islamistes. «L’intérêt d’une pression, c’est que ça provoque quelques perturbations dans les groupes concernés», reconnaissait le mois dernier Jean-Yves Le Drian.
Un général français prendra les commandes de la mission
C’est le général François Lecointre, 50 ans, qui dirigera sur le terrain la mission européenne EUTM Mali, chargée de former l’armée malienne. Saint-cyrien, ancien chef de corps du 3e régiment d’infanterie de marine (RICM) de Vannes, il commandait, depuis août 2011, la 9e brigade légère blindée de marine, à Poitiers. François Lecointre connaît bien l’Afrique, où il a servi lors de missions à Djibouti, en République centrafricaine, au Rwanda et au Gabon. Mais c’est en Bosnie qu’il s’est particulièrement illustré: le 27 mai 1995, à la tête d’une section du 3e RICM (dont le lieutenant, Bruno Heluin, venait d’être blessé), le capitaine Lecointre avait repris aux Serbes le poste Sierra Victor sur le pont de Vrbanja, à Sarajevo, et libéré onze Casques bleus pris en otage. Pour la première fois, la Forpronu ripostait.