Posons naïvement la question: pourquoi la solution politique est-elle si difficile à «passer» dans les crises qui secouent la planète? Pourquoi l’ingérence militaire étrangère trouve-t-elle des appuis dans ces mêmes crises? A l’exception du conflit israélo-palestinien qui, pour l’heure, ne bénéficie ni de l’une ni de l’autre solution, en Syrie et au Mali on trouve la pleine illustration de notre naïve question. En Syrie et bien que la solution politique paraît gagner du terrain, rien n’est cependant gagné. L’émissaire de l’ONU, Lakhdar Brahimi, a rencontré, lundi dernier, le président syrien Bachar Al Assad à qui il a présenté un plan russo-américain qui prévoit l’installation d’un gouvernement de transition qui aura à préparer l’élection présidentielle en 2014.
Dans ce plan, le président Assad devra se contenter d’un rôle honorifique jusque-là et s’engager à ne pas être candidat à la présidentielle prévue. Le président syrien ne serait pas d’accord sur ce dernier point. Il ne comprend pas pourquoi il ne pourrait pas soumettre démocratiquement sa candidature aux Syriens. La partie adverse, c’est-à-dire l’opposition, ne veut rien entendre du message de paix de Brahimi. Elle veut le départ de Bachar Al Assad comme préalable à toute solution de règlement. Pourquoi? Est-ce que l’opposition ne fait pas confiance à la démocratie? Au choix souverain du peuple? Ce serait pourtant une belle victoire pour elle si Bachar Al Assad est écarté par la voie des urnes. Nous avons la naïveté du pape Benoît XVI qui, dans sa bénédiction de Noël, hier, appelle à garder intact l’espoir d’un règlement pacifique même dans les situations difficiles comme en Syrie et au Mali. En effet, comment peut-on concevoir une intervention militaire étrangère au Mali sans avoir restauré l’Etat?
Sans avoir réunifié les Maliens? Les partisans de la solution militaire jurent que la force africaine sera déployée pour aider l’armée malienne. L’Occident jure qu’il n’enverra pas de troupes à terre mais se contentera d’une aide logistique. Dans quel Etat se trouve l’armée malienne pour accueillir la force africaine et la logistique occidentale? Alors que le bons sens et la démocratie commandent à remettre en place les institutions maliennes, rallier tous les Maliens, y compris ceux qui sont au Nord, pour combattre les mercenaires étrangers regroupés sous divers sigles d’organisations terroristes et qui veulent imposer leur loi à la population.
On ne combat pas des terroristes avec les moyens classiques d’une armée. Notre naïveté nous fait croire que couper les terroristes de la population civile qui aidera l’armée par le renseignement est une condition sine qua non dans le règlement de la crise qui secoue le Mali. Le Mnla et Ansar Eddine représentent précisément cette population civile du Nord. Avec leur concours, le sort des terroristes est scellé. Dans le cas contraire, les forces de la Cédéao vont vers une défaite certaine contre un ennemi invisible et très mobile dans l’immensité du désert. Que se passera-t-il alors? Et c’est là que les va-t-en guerre veulent arriver. C’est sur une telle situation qu’ils appuieront la nécessité d’une intervention militaire directe des troupes occidentales. Pour parvenir à la «sahélisation» programmée. C’est-à-dire délocaliser le terrorisme international de l’Afghanistan au Sahel.
Entre les «démocrates» qui refusent ce droit au peuple syrien de retirer par les urnes sa confiance à Al Assad et les dirigeants de la Cédéao qui envoient leurs troupes au casse-pipe garanti, il y a une convergence qui n’échappe à personne. Jusque-là la solution politique tant en Syrie qu’au Mali semble faire consensus dans le monde. C’est la «naïveté» qui l’emporte!