Pour la maire de Goundam (cercle de Tombouctou), l’intervention militaire doit se faire au plus vite. Sa commune étant occupée par le Mujao, l’espoir y a disparu pour les femmes… Entretien.
Elle est une figure politique incontournable, membre du collectif des élus du Nord. Déplacée à Bamako, depuis les évènements du 22 Mars et la prise des régions nord par les islamistes, Oumou Sall Seck, se bat sans relâche pour porter secours à ses concitoyens restés au nord. Elle y effectue des allers-retours, même si sa maison y a été pillée et celle fonctionnelle, des femmes, désormais investie par le Mujao. Pour cette femme d’origine peuhle, sonrhaï, et touareg, le nord n’est plus qu’une question militaire. Déterminée, elle multiplie les plaidoyers en faveur de la libération urgente et vitale du Nord. A l`heure où la communauté internationale repousse l`intervention militaire à Septembre 2013, la voix d`Oumou Sall Seck sonne juste. En marge du Sommet Africités qui s’est tenu à Dakar du 4 au 8 décembre 2012, elle a répondu à nos questions.
Journaldumali.com ] : Vous êtes membre du collectif des élus du Nord et déplacée à Bamako, que faîtes-vous pour ceux qui sont restés dans la zone occupée ?
Oumou Sall Seck : Merci. Nous avons, nous élus du nord, jugé qu’il fallait nous réunir dans un collectif pour pouvoir aider les populations du nord sous occupation. Vous savez que sur place, les services de base sont perturbés. Nous avons donc mis en place des comités de crise avec les religieux, imams et chefs traditionnels, pour faire passer l’information, écouter les doléances de nos concitoyens. Grâce au collectif, nous faisons aussi du plaidoyer pour la sortie de crise et nous en appelons aux partenaires au développement, pour obtenir des aides et assurer certains services comme la santé, l’accès à l’eau et…Il nous faut également continuer à sensibiliser, grâce à l’aide de ces populations qui sont d’ailleurs venus à Bamako pour témoigner, et nous faire comprendre la réalité qu’ils vivent au nord.
Journaldumali.com : Parlez-nous de la situation à Goundam, votre commune ?
Oumou Sall Seck : L’accès aujourd’hui y est difficile. La zone étant enclavée, il y a moins de cars qui feront 850km pour se rendre à Goundam. De plus, il y a beaucoup de contrôles, de fouilles corporelles. Presque 60% de la population de Goundam est partie. Mais pour ceux qui se sont réfugiés ici à Bamako, la vie est difficile et beaucoup veulent retourner. La route Niono, Goundam, Tombouctou qui était en chantier a même été arrêtée. Vous voyez. Il n’y a plus de télévision, d’écoles fonctionnelles, de centres de santé, ce qui laisse une impression d’abandon. Sans oublier les maisons qui ont été saccagées.
Quant aux femmes, la plupart se voilent pour sortir ou aller au champ de peur d’être bastonnées par les gens du Mujao. J’ai même appris qu’ils démontaient les paraboles sur les toits des maisons pour empêcher les familles de se distraire et les couper du reste du Mali. N’oublions pas le problème d’approvisionnement en eau, l’électricité coupée. Bref, c’est le chaos.
Journaldumali.com : Comment voyez-vous la sortie de crise au Mali ?
Oumou Sall Seck : Tant que l’on est pas victime, on refuse de faire la guerre ? Pourquoi ? Mais peut-on négocier avec quelqu’un qui vous a amputé un bras, un pied ? Peut-on l’amnistier ? Je crois que l’on a assez négocié depuis la rébellion de 1963 et le Pacte National. Toute l’administration a été pillée, les archives détruites. Bien entendu la négociation aura toujours le dernier mot. Mais nous n’avons plus le choix et nous devons faire la guerre pour reconquérir notre territoire. Par ailleurs, il faudrait aussi que l’on ne fasse pas d’amalgames, tous les touaregs ne sont pas des rebelles, mais nous serons impitoyables avec ceux qui nous provoquent et nous blessent. Tous les Maliens sont témoins de ce qui a été fait en 91, il est grand temps que le Mali prenne ses responsabilités. Je suis désolée d’entendre dire que c’est une affaire entre Maliens. La communauté internationale, doit nous aider!
Journaldumali.com : Justement, elle semble hésitante sur la guerre ?
Oumou Sall Seck : Leurs déclarations sont à prendre avec prudence. Hélas les pays ne sont pas trop impliqués non plus, alors que c’est un problème sous régional. Tout cela me désole. La CEDEAO soit aussi se décider. Alors que ceux qui sont prêts nous soutiennent. On doit rester dans cette solidarité internationale. Même les Maliens sont prêts à intégrer l’armée malienne et si on nous forme, on ire faire la guerre…