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Remaniement ministériel : les ambiguïtés de Soumaïla Cissé
Publié le mercredi 7 octobre 2015  |  Le Reporter
Conférence
© aBamako.com par A.S
Conférence de presse de Soumaila Cissé
Bamako, le 30 juillet 2015. Le chef de file de l’opposition malienne, honorable Soumaila Cissé était face à la presse à la Maison de la presse. Objectif : échanger avec les hommes de media sur le statut de l’opposition, le rôle du chef de file et donner son point de vue sur l’actualité au Mali




Le gouvernement du Mali vient d’être remanié de façon inattendue le jour de la fête de Tabaski. Le ministre anti-putsch auto-désigné est débarqué. Un putschiste a fait son entrée. Nul doute que ce remaniement a laissé beaucoup de Maliens sur leur faim. Incompétence et l'insouciance restent les valeurs sûres du Mali versus IBK. Mais ce qui étonne, demeure l'ambivalente ambiguïté du chef de file de l'opposition.
Soyons clairs, IBK a prouvé que la bonne et irréprochable gestion du Mali est au-dessus de ses forces. Ses épaules ne sont pas assez larges pour bien faire arrimer le bateau Mali. Mais la position de Soumaïla nécessite des éclaircissements.
Des termes à définir
à quoi fait référence le chef de file de l'opposition quand il affirmant que : «le nouveau gouvernement ne tient pas compte de la réalité du pays.» ? Pourquoi le chef de file de l'opposition dit-il que : «le gouvernement est incomplet» ? Pourquoi dit-il vouloir ensuite jouer pleinement son rôle d'opposition ? En vérité, M. Cissé doit cesser de tenir des discours sujets à confusion, à amalgame. Il doit clairement définir ces notions. Parle-t-il de lui-même ou de son parti ? Ou de l'absence des belligérants de la crise des régions du Nord dans l'attelage gouvernemental ? Nous ne faisons point un procès d’intention, nous nous posons juste des questions car la vie politique du Mali a son passé.
Pourquoi nous nous interrogeons ?
Nous nous souvenons comme si c'était hier d'ATT expliquant que Soumaïla Cissé était venu le voir pour sa question d'employabilité. En clair, plaider sa propre cause. Et, comment ATT a fait pour le faire désigner à la tête de la Commission de l’UEMOA. C'était pathétique. Nous nous souvenons de l'interview d'IBK à Jeune Afrique. Le journaliste François Soudan posa cette question à IBK : «Pourquoi ne pas avoir voulu, pu ou su ramener à vos côtés un opposant tel que Tiébilé Dramé ?». La réponse d'IBK va au-delà de Tiébilé Dramé. Elle incrimine aussi Soumaïla Cissé.
Voici la réponse d'IBK : «Le lundi 23 septembre 2013 au soir, après avoir raccompagné à l’aéroport le roi du Maroc, qui m’avait fait l’honneur d’assister à mon investiture, j’ai reçu au salon officiel, à leur demande, Soumaïla Cissé et Tiébilé Dramé. Après m’avoir félicité, ils m’ont demandé de repousser la date prévue pour les législatives –ce que j’ai immédiatement refusé, pour des raisons évidentes de crédibilité internationale. Tiébilé Dramé a alors pris la parole pour m’assurer de leur disponibilité commune à m’accompagner dans toute mission dont je les estimerais dignes. J’ai répondu que j’en étais fort aise et que le temps nous donnera à voir. Je n’en dirai pas plus.»
Et ATT et IBK à cette date n'ont pas encore été démentis. Ils ne le seront à jamais. Et, humainement, il est difficile de soutenir qu'ATT et IBK aient agi de concert. Les deux événements sont distants de presque dix ans et résument un même état d'esprit. C'est ce que les Antillais appellent «PROFITATION».
Ce que Soumaïla Cissé doit comprendre
Au prétexte de la crise du Nord, il ne peut pas, il ne doit pas chercher à intégrer le gouvernement. Il est le chef de file de l'opposition, entrer personnellement dans le gouvernement ou faire entrer son parti URD doit illico presto lui faire perdre les avantages d’être chef de file de l'opposition. Si rien ne s'oppose, vu le contexte malien à être du gouvernement et en même temps chef de file de l'opposition, la morale doit avoir peut-être son mot à dire. Ouf ! Enfin, la morale est subjective. Nous savons qu'il est très difficile d’être opposant en Afrique. La tentation est forte de vouloir créer les conditions favorables à préparer l'opinion à faire partie du gouvernement. L'ami Tiébilé Dramé et ses sbires ne diront pas le contraire.
IBK doit comprendre que s'allier avec certains de ses opposants n'est gage ni de pérennité ni de succès. Les acteurs de la vie publique sont trop nombreux pour savoir par où le mal peut surgir. Seule une gestion honnête et efficiente est la clé du succès. Malheureusement pour le Mali, IBK est pire que ses prédécesseurs. IBK, peut-être pour avoir une certaine paix, fera cette ouverture tant souhaitée, tant suscitée, tant chantée. Mais, en toute vérité, le Mali n'a pas besoin d'un gouvernement d'union nationale. Il faut accepter ne pas faire partie du partage du gâteau.
Soumaïla Cissé, il y a un brillant professeur de droit public à Paris I Panthéon Sorbonne, qui aime dire aux étudiants de première année de droit, à qui il enseigne la méthodologie que : «Ce n'est que dans le tiercé que le désordre rapporte quelque chose et même dans ce cas, il rapporte moins que l'ordre.» L'ambivalente ambiguïté n'aura pas pignon sur rue. On a tout compris. À vouloir à tout prix faire partie d'un gouvernement, on finit par perdre le peu de crédits que l'on a. Et à terme, se faire rejeter comme une eau usagée. Ce qui est valable pour Soumaïla, l'est pour Paul comme pour Jean.
Boubacar SOW
boubacarsow@hotmail.fr
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