Lors de son réquisitoire à la cérémonie d’ouverture de la 2e session de la Cour d’assises au titre de l’année 2015, le Procureur général près la Cour d’Appel de Bamako a fustigé les critères d’attribution des médailles dans notre pays. Pour lui, au Mali n’importe qui est décoré et lors de la dernière décoration à la veille du 22 septembre, des agents qui n’avaient que 5 ans de fonction l’ont été au détriment de ceux qui ont tout fait ou continue de tout faire pour cette nation.
Parlant de l’indépendance de la justice, le Procureur général pense que notre justice est loin de l’être, car les mesures qui doivent la rendre réelle sont en deçà des textes. Il a estimé qu’il urge de donner à la justice son indépendance véritable. « Si l’exécutif et le législatif assurent leur indépendance en se dotant de budget conséquent, c’est contraire à l’esprit et à la lettre de la Constitution, que le judiciaire soit encore à quémander don dû des mains de l’exécutif. La main qui donne est au-dessus de celle qui reçoit. Elle peut frapper à tout moment », a-t-il fait remarquer.
« Le juge est souvent obligé de quémander pour avoir du papier. Quand pour assurer le simple acte d’instruction, le juge se doit de faire la salle d’attente d’une ONG ou d’un service financier, où se trouve l’honneur de la République ? La justice malienne n’est pas indépendante, alors la démocratie malienne n’est pas une vraie démocratie», a-t-il martelé.
Le Procureur général a expliqué que pour la conférence de parquet, il était obligé de faire s’adresser aux Etats-Unis afin qu’ils financent à hauteur de seulement 1,6 millions de Fcfa. Comment expliquer qu’un pays souverain comme le Mali ne puisse pas investir moins de 2 millions pour que sa justice, au bout de deux ans, puisse organiser une activité, qui permet une amélioration de la justice. Il faut noter qu’au cours de cette session la Cour statuera sur 32 cas de crimes de sang dont 23 coups mortels et 9 assassinats ; 21 cas de vols qualifiés, 11 cas viols, 2 cas attentats à la pudeur ; 3 cas de pédophilie ; 9 cas de faux et usages de faux ; 5 cas d’atteintes aux biens publics ; 4 cas d’incendies volontaires ; 3 cas d’enlèvement de personnes ; 1 cas de trafic international de drogue. En tout, ce sont 251 accusés dont 74 en détention qui seront jugés durant 22 jours.