Dans l’histoire démocratique du Mali, IBK peut se targuer d’y être et d’y avoir taillé une place que personne ne pourrait lui disputer. En effet, il est le seul à avoir bénéficié de deux cérémonies d’investiture. La première plus sobre, plus « nationale » avec peu de flonflons, qui s’est déroulée au CICB le 4 septembre. La seconde, plus grandiose, plus somptueuse, plus pompeuse, plus fastueuse avec près de 20 chefs d’Etat et de gouvernement étrangers. Le Stade du 26 Mars qui a servi de cadre en ce jour du 19 septembre avait presque refusé du monde.
Prêtant serment en cette matinée du 4 septembre 2013, et renouvelant les engagements le 19 septembre, le président de la République nouvellement élu, Ibrahim Boubacar Kéïta, savait les attentes des Maliens grandes. Frustrés par un coup d’Etat venu de nulle part, les Maliens ne voulaient plus perdre du temps. D’où la confiance massivement investie en la personne d’IBK, un homme qu’ils avaient vu à la manœuvre, ferme dans ses discours et inébranlable dans ses actions. Les Maliens avaient préféré se rappeler du passé pour mieux investir dans l’avenir. IBK n’ignorait rien de tout cela. IBK savait la gravité de l’heure. D’où certainement la sobriété et la brièveté du discours du 4 septembre dont la pierre angulaire fut le mot Réconciliation.
IBK voulait réconcilier les Maliens avec eux-mêmes. Cela supposait d’aller vite sur les sentiers escarpés de la paix et de faire en sorte que le tissu social déchiré par la ènième crise du Nord puisse être définitivement recousu.
IBK voulait réconcilier les Maliens avec l’Etat. Connu pour être intransigeant quant au respect dû à l’Etat, le nouveau président de la République s’est engagé à restituer à l’Etat son autorité bafouée. Après le coup d’Etat consécutif à une décennie de rabaissement de l’Etat, il savait la tâche ardue dans la mesure où les flétrissures et les balafres étaient visibles car profondes.
IBK voulait réconcilier les Maliens avec l’avenir. Trop d’espoirs déçus et de promesses non tenues ont poussé les Maliens à ne plus croire en rien du tout. En misant 77,7% de leurs voix sur IBK, ils prenaient un pari sur l’avenir.
IBK voulait relever le Mali. Mis à genoux sous les coups de boutoir des terroristes du Nord et des putschistes du sud, le Mali devait reprendre sa marche, le mali devait réapprendre à marcher. Tel ce héros de la légende qui n’a connu la joie de l’usage de ses jambes qu’après sept longues années de perclusion, le Mali devait se redresser sur ses deux jambes pour creuser les nouveaux sillons de son avenir.
IBK a-t-il reçu ? Ce n’est pas l’objet des articles qui traiteront des questions de la paix, de l’armée, de l’agriculture, de l’économie, etc. L’heure du bilan ne sonnera que dans trois ans. Mais on peut déjà percevoir si le cap est bien tenu. En effet, le président de la République a longtemps paru balloté entre son cœur et sa raison. Lui-même se targue d’être un gros maningaguéré. Ce qui a eu pour conséquence majeure quelques atermoiements, une grosse perte de temps sur des dossiers dont le traitement ne pouvait pas trop traîner, une grosse impression d’un Président qui a tout lâché dès sa victoire acquise. Aujourd’hui, tout cela semble derrière nous. IBK nous est apparu plus déterminé lors de l’entretien télévisé, plus sûr de lui et des choix accomplis.
AkhimyMaïga