Des techniciens de l’Etat malien, accompagnés des responsables de la Coordination des mouvements armés, sont depuis hier à Kidal. L’objectif de la mission est d’évaluer les besoins des populations dans les domaines de l’éducation, de la santé, énergie, etc.
Cette visite constitue, selon les acteurs du processus de paix, « une étape importance » vers le retour des services de l’Etat dans la région. La visite intervient quelques jours après celle d’une délégation ministérielle à Anefis, où des concertations ont eu lieu avec les responsables de la CMA et de la Plate-forme à la veille des travaux de la 4ème réunion du Comité de suivi. Aussi, les responsables des deux mouvements étaient réunis dimanche dans la même localité pour des « échanges directs » et vue de « donner une nouvelle impulsion » au processus de mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation.
Arrivés donc à Kidal ce mardi, les membres de la délégation ont aussitôt procédé à la planification des différentes étapes, les conditions, les modalités et la mise en œuvre de la mission. Après cette rencontre, place aux visites de terrain. Selon les responsables de la délégation, la visite se déroule dans de « bonnes condition». Elle va durer une dizaine de jours. Koyïna Ag Hamadou est chef de la division vie scolaire à la direction nationale de l’enseignement secondaire général, membre de la délégation. Il est joint au téléphone par Assetou Kanté :
« Dès notre arrivée hier, nous avons eu une rencontre avec les leaders, les représentants de la CMA, au cours de laquelle nous avons planifié les différentes étapes et les conditions, les modalités de la mise en œuvre de la mission. Après cette rencontre de planification et de contact, aujourd’hui nous sommes sur le terrain pour commencer l’évaluation des besoins par faire l’état des lieux des infrastructures avant de finaliser les besoins en réparation, en réhabilitation, en ressources humaines, matériels didactiques. Nous sommes en trois équipes. Chaque équipe est allée dans les infrastructures qui les concernent. Pour le moment, la mission concerne par anticipation sur la mise en œuvre de l’accord de paix, et le secteur de l’éducation de la santé et de l’hydraulique. Les populations à travers la CMA sont parfaitement d’accord pour la reprise de ces activités dans ces secteurs là et conformément à la réglementation malienne. Quant au retour des autres services techniques de l’administration, c’est un processus qui commence. Donc on peut s’attendre à ce que dans les prochains jours et mois à venir, les autres administrations reviendront à Kidal ».
Par ailleurs, les hostilités se poursuivent dans certaines localités du Nord. Une dizaine de civils ont été tués hier par des hommes armés dans le campement de Tighérifen dans la commune de Talatayte à une centaine de kilomètres d’Ansongo. Un responsable du Gatia, qualifie l’acte de « lâche et atroce » des ennemis de la paix. Pour lui, ces forfaits visent à « torpiller le processus de paix et de réconciliation entre les communautés ». Haballa Ag Hamzatta, vice secrétaire général adjoint du Gatia, joint par Intalla ag Bilal :
« Il y a eu une vingtaine de véhicules d’hommes armés qui ont fait interruption sur des campements Imgrad et Arabe dans les zones de Tighérifen. Ils ont exécuté dix civiles à bout portant. Ils ont continué dans la zone. L’information est claire, elle a été vérifiée. Et les gens qui ont fait cet acte sont dans cette zone même aujourd’hui. Ils ont été poursuivis par également nos forces dans la zone, d’après ce qu’on a comme information ce matin. Maintenant la suite on ne la connaît pas pour le moment. C’est vrai qu’à un moment donné, il y avait des tensions les Imgrad et les Daoussahaq. Mais je pense qu’il y a de cela un mois les familles des Daoussahaq et Imgrad et se sont rencontrées dans la même zone de Talatayite. Les responsables ont discuté, ils ont convenu d’un arrêt des hostilités. Un compromis a été trouvé, et depuis lors, il n’y a pas eu de problème ».
Au même moment, les populations de Gao, Gossi et Ansongo s’organisent pour les rencontres communautaires prévues du 13 au 23 octobre prochains. Organisées en partenariat avec le ministère de la réconciliation, ces rencontres enregistreront la participation des groupes armés, des leaders communautaires et les autorités locales. Pour les organisateurs, l’objectif est de « construire la paix, le vivre ensemble et la cohésion sociale ».