À l’issue de la 3è réunion de la Commission technique de sécurité (CTS), présidée par le Commandant de la MINUSMA, jeudi dernier à Bamako, les parties prenantes à la crise au Nord du Mali, ont fait preuve de leur bonne volonté d’avancer dans le processus de paix. C’est dans ce contexte qu’elles ont convenu de la tenue de la réunion du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC), à Gao le 8 octobre 2015, durant laquelle les modalités des premières patrouilles mixtes, (composée d’éléments des Forces armées et de sécurité du Mali, de la Plateforme et la CMA), seront discutées.
La troisième réunion du CTS a permis de discuter de plusieurs questions relatives à la paix et à la réconciliation nationale, dans notre pays, parmi lesquelles l’approbation des «Termes de référence» du «Mécanisme opérationnel de coordination» (MOC), permettant ainsi l’établissement de l’organisme qui se chargera de l’organisation de patrouilles mixtes, composée d’éléments des Forces armées et de sécurité du Mali (FAMA), de la Plateforme et la CMA.
Malgré l’accord de paix et de réconciliation nationale signé à Bamako, il y a plus de 100 jours, l’insécurité reste une grande préoccupation sur l’ensemble du territoire, en général et dans les régions du nord en particulier. En absence de l’administration et des forces armées et de sécurité dans plusieurs localités du nord, les exactions sur les populations, les dépouillements des biens de forains, les coupures de routes et autres formes de banditisme sont devenus le quotidien des habitants de ces localités.
Face à la situation, la CTS a convenu de la nécessité d’établir rapidement les patrouilles mixtes, conformément aux termes de l’accord de paix qui accuse déjà des retards dans sa mise en œuvre. Cela a été considéré comme une mesure de sécurité importante, mais également comme un bon outil pour renforcer la confiance entre les parties, lors de la réunion, selon de sources concordantes.
Depuis jeudi dernier, les yeux des Maliens sont désormais tournés donc vers la Cité des Askia où il est attendu, ce jeudi 8 octobre, une réunion du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC).
Ladite réunion, selon des sources concordantes, discutera précisément des modalités des premières patrouilles.
Au fait, les dispositions de l’accord de paix et la réconciliation, prévoient le MOC, dans les 60 jours suivant la signature de l’accord, institué sous l’égide de la CTS.
«La CTS proposera les termes de référence détaillés du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC), y compris sa composition et ses missions. Les termes de référence détermineront sur une base inclusive et consensuelle, le nombre de représentants des forces armées et de sécurité et de la Coordination et de la Plateforme au sein du MOC », Annexe2 : Défense et sécurité b. Mise en place du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) etdes patrouillesmixtes.
Ce mécanisme sera coordonné, selon le document par un officier des forces armées et de sécurité secondé par un représentant de la Coordination et un représentant de la Plateforme. Le MOC travaillera en étroite collaboration avec les forces internationales en présence ; il est chargé de planifier et de conduire les patrouilles mixtes incluant des éléments des forces armées et de sécurité et des éléments de la Coordination et de la Plateforme avec ,si nécessaire et si possible, l’appui de la MINUSMA et des forces internationales en présence (modalités et calendrier de patrouille par zone à définir par le MOC).
« La première patrouille mixte devra avoir lieu au plus tard le 60ème jour suivant la signature de l’accord ; le MOC est également chargé de planifier et coordonner toutes les actions et mouvements des combattants pour toute la durée du processus de cantonnement ; dans les 60 jours suivant la signature de l’accord, la CTS et le MOC présenteront un plan de mise en œuvre des arrangements sécuritaires pour le Nord du Mali, dans lequel les patrouilles mixtes auront un rôle primordial dans la sécurisation du processus de cantonnement/regroupement et de démobilisation. Ce plan aura pour objectif de prévenir/réduire tout vide sécuritaire avant, durant et après les processus de cantonnement, d’intégration et de DDR.
Il faut noter que c’est alors avec un grand soulagement que les Maliens ont apprécié les dernières évolutions de la situation sur le terrain quant au processus de paix. En effet, les groupes armés de la Coordination et de la Plateforme ont décidé d’enterrer la hache de guerre en vue de faire front commun pour sécuriser le septentrion du pays. Si entre le gouvernement et les ex-rebelles, c’est la décrispation, entre ces derniers et leurs ex-frères ennemis de la Plateforme, on s’achemine aussi vers la détente.
Les deux principaux groupes armés rivaux impliqués dans le processus de paix qui se livraient une guerre fratricide autour de Ménaka et d’Anefis se sont rencontrés, la semaine dernière, pour enterrer dans les dunes la kalachnikov, sous les bons auspices du gouvernement, pour cheminer ensemble dans le sentier de la paix.
La Coordination et la Plateforme se sont rencontrées, dimanche, pour accorder leurs violons et s’accorder sur les futurs sites de cantonnement.
Une autre rencontre, selon nos sources, est envisagée, entre les deux parties dans les prochains jours.
De leur côté, le gouvernement et les ex-rebelles s’accordent désormais pour fumer le calumet de la paix. Pour conforter cette paix à laquelle aspire toute la nation malienne, la semaine dernière, le gouvernement a libéré 31 prisonniers appartenant à la CMA qui, elle aussi, a libéré 16 soldats qu’elle avait en otage.
Il faut espérer que cette détente se transforme rapidement en un véritable partenariat inter-malien pour tourner définitivement la page de cette crise qui a longtemps plombé notre vivre ensemble et qui hypothèque tous les progrès de notre pays.
En tout cas, ces patrouilles mixtes s’imposent, de plus en plus, comme une nécessité, en raison de la situation sécuritaire précaire, dans le nord.
Par Sidi Dao