LE PORT (France / Ile de la Réunion)- Au Port, commune de la Réunion où il s`était installé il y a six ans avec son épouse, les
proches de Francis Collomp, 63 ans, enlevé il y a une semaine par un groupe islamiste au Nigeria, craignent pour sa santé fragile et "prient matin et soir" pour son retour.
"Mon mari a subi un triple pontage il y a une douzaine d`années. Il doit prendre des médicaments tous les jours, c`est ce qui m`inquiète le plus", a confié mercredi à l`AFP son épouse réunionnaise, Anne-Marie, 56 ans. Depuis l`annonce de son enlèvement, elle vit "dans l`angoisse".
Marié depuis 32 ans, le couple s`est installé sur l`île, dans une petite résidence entourée de cocotiers du quartier populaire "Rose des Vents", à une quinzaine de kilomètres de Saint-Denis.
Francis Collomp, un ingénieur originaire de métropole, prestataire pour l`entreprise Vergnet spécialisée dans l`eau et les énergies renouvelables, effectuait des "missions de 4 à 6 mois" en Afrique, selon son épouse. Il a été enlevé le 19 décembre, un mois après son arrivée au Nigeria, par un groupe d`une trentaine d`hommes qui a attaqué la résidence de fonction où il logeait.
Deux gardes du corps nigérians ont été tués.
"Francis aimait l`Afrique et son travail", confie Anne-Marie Collomp,
égrenant la liste des pays où il a exercé: Niger, Côte d`Ivoire, Cameroun, Djibouti, etc. "Il était conscient des risques mais il était bien gardé", explique à l`AFP la belle-soeur de l`ingénieur, Gilda Marbois, rencontrée au Port.
"Francis n`était pas quelqu`un d`inconscient. Il savait quels étaient les dangers mais il disait que c`était son métier", rapporte Sabrina, serveuse au bar PMU "Café course"", situé en face de son appartement et où il avait ses habitudes. "Chaque fois qu`il rentrait de voyage, il ramenait un petit quelque chose pour ses amis d`ici", se souvient-elle.
Selon son épouse, "Francis ne devait pas travailler en décembre mais comme nous n`avons pas d`enfant, il est allé remplacer deux Français, pères de famille qui devaient rentrer pour les fêtes de fin d`année".
Ironie du sort, il a été enlevé le jour de son anniversaire. "Ce matin là, il nous a appelés pour nous dire qu`il était en pleine forme", indique Sabrina. "Depuis son enlèvement, on prie pour lui matin et soir. Pour Noël, on a mis une petite lumière chez nous en signe d`espoir", ajoute-t-elle, des sanglots dans la voix. Elle ne veut toutefois pas imaginer le pire, préférant penser à la "méga-fête" qu`elle organisera pour son retour.
"Ce que l`on craint, c`est qu`on nous appelle un jour pour nous dire qu`il a été tué", s`inquiète la belle-soeur. "Je ne regarde plus la télé", déclare encore son épouse, qui a refusé lundi le soutien d`un médecin et d`un psychologue proposé par la préfecture.
Les deux femmes ont été reçues mercredi à la préfecture, accompagnées par la députée-maire de Saint-Paul, Huguette Bello (DVG), qui a proposé la création d`un comité de soutien.
"Il est important de manifester sa solidarité. Anne-Marie Collomp est une Réunionnaise issue d`une famille modeste qui n`a pas de revenus et qui se retrouve face à elle-même après cet enlèvement", a expliqué l`élue.
Dimanche, le groupe islamiste Ansaru a revendiqué l`enlèvement de Francis Collomp dans l`Etat de Katsina (nord du Nigeria), justifiant notamment ce rapt par le rôle de la France dans la préparation d`une intervention militaire au Mali. Il est le neuvième français à avoir été kidnappé en Afrique. Sept d`entre eux sont détenus par des islamistes au Sahel et un autre en Somalie.
