L’information est tombée hier, aux environs de 16 heures : 10 personnes ont été exécutées dans le village de Tiguérissène. Elle a été confirmée par Fahd Ag Almahamoud, le secrétaire général du Groupe d’autodéfense Touareg, Imghad et Alliés (GATIA), qui a écrit sur son compte twitter, hier dans l’après-midi : « Nous venons d’apprendre l’exécution d’une dizaine de nos parents à Tiguérissène par un groupe venu de Talataye ».
L’on ignore qui sont les auteurs de ce énième crime qui est une attaque en règle contre le processus de paix et de réconciliation au Mali qui retrouve ses marques, après une période où il était au bord de l’impasse. Il n’y a pas encore eu de revendication de l’exécution des 10 personnes à Tiguérissène. Mais, pour certains observateurs avisés de la situation sécuritaire au Nord de notre pays, ce crime pourrait être l’œuvre de personnes qui n’ont pas été associées au processus de paix en cours et qui entendent, par un acte aussi odieux, se signaler à l’attention, non seulement des autorités nationales, mais également de la Médiation internationale qui accompagne la mise en œuvre du processus de paix dans notre pays. Cela est d’autant plus plausible que toutes les fois que les dividendes de la paix se profilent à l’horizon, comme cela est en train d’être le cas dans notre pays, des groupes ou même des individus passent à l’offensive, question seulement d’avoir leur part du gâteau. Dans le cas d’espèce, il est question de Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) et de cantonnement, intégration pour les combattants de la Plateforme ainsi que ceux de la Coordination des mouvements armés (CMA).
Cependant, il n’est pas à exclure que cette barbarie soit à mettre sur le compte des ennemis de la paix. Après l’attaque meurtrière du camp des gardes de Gossi qui a coûté la vie à plus d’une dizaine de nos soldats, le Président IBK a eu les mots justes en parlant à cette occasion d’ennemis de la paix et de dire qu’il ne se détournera pas de son objectif de mener à bon port le processus de paix qui avance malgré quelques écueils.
En tout état de cause, cette exécution de 10 personnes à Tiguérissène rappelle la nécessité d’une vigilance de tout instant, la paix étant encore loin d’être définitivement acquise.
La dernière piste, la plus redoutable, est celle des groupes jihadistes qui ont pu perpétrer ce crime infâme. La prise de l’hôtel le Byblos, à Sévaré ; l’attaque du domicile d’un agent de la Minusma dans la capitale ; les attaques à Misséni et Fakola, attestent, si besoin en était, que ces obscurantistes peuvent frapper à tout moment et à tout endroit. Cela, quand bien même les services de renseignement et les Forces armées et de sécurité leur infligent régulièrement de sérieux revers.
Il reste entendu que suite à l’exécution de personnes qui devraient être de paisibles citoyens, les services de sécurité diligenteront une enquête qui devrait permettre de dégager la conduite à tenir pour l’éradication des auteurs de violences. Mais, de façon générale, à Tiguérissène, comme partout sur le territoire national, la collaboration de la population civile avec les services de l’ordre s’avère d’une impérieuse nécessité pour mettre hors d’état de nuire tous ceux qui représentent une menace pour la sécurité à quelque niveau que ce soit. Cela simplement, à travers une dénonciation des individus suspects. Un comportement citoyen qui n’a rien à voir avec la trahison d’un coreligionnaire ou une pure délation.
In fine, nous prions pour le respect de l’âme de toutes les victimes de la violence gratuite partout sur le territoire national et dans le monde. Que Dieu ait pitié pour leur âme.
Par Bertin DAKOUO