Suite à l’établissement d’une « Zone de sécurité » autour de la ville de Kidal par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) qui a suscité beaucoup d’interrogations de la part des Maliens, le groupe de réflexion « Think Peace », en partenariat avec Mouvement libéral, la Plateforme Paix-sécurité et Audace libre Afrique-Mali, a organisé, samedi dernier, à l’hôtel Salam de Bamako, un débat public sur le mandat de la MINUSMA au Mali.
Les panellistes, hauts cadres de la MINUSMA, ont exposé chacun un thème sur lequel l’assistance a eu à poser des questions. Ce sont : le directeur de la Division des Affaires politiques, Bruno Mpondo-EPO, sur la présentation des aspects politiques du mandat de la MINUSMA ; le directeur de la Division des droits de l’homme, Guillaume NGEFA, le chef d’état-major de la force de la MINUSMA. Le général Hervé Christophe Monbelli VALLOIRE ; sur la sécurité et la protection des civils ; la directrice adjointe de la Section stabilisation et relèvement, Mme Loubna BENHAYOUNE, sur les questions socioéconomiques et humanitaires.
On y notait aussi la présence des responsables de « Think Peace », Safia CISSE et Hawa DIOP ; ainsi que 200 jeunes venus de divers horizons.
Selon les responsables de « Think Peace », un groupe de réflexion et d’action qui œuvre pour le renforcement des capacités des organisations de la société civile, l’organisation de ce débat public revêt une importance incommensurable dans la mesure où il permet aux nombreux Maliens d’être bien éclairés et leur faire comprendre les missions réelles de la MINUSMA.
En fait, soutiennent-ils, malgré les différentes actions entreprises par le gouvernement, la société civile et la MINUSMA, elle-même, la majorité de nos compatriotes n’arrive pas à appréhender certains agissements de la MINUSMA par rapport à nos Forces armées et de sécurité (FAMA), dans la lutte contre le terrorisme et la mise en œuvre de l’accord de paix, signé à Bamako.
Par ailleurs, ont fait savoir les initiateurs, ce débat public vise à créer un cadre de discussion entre 200 jeune s de Bamako et certains hauts cadres de la MINUSMA ; et d’accroître, à cette occasion, le degré de compréhension et une large diffusion des informations sur le processus de paix au Mali, ainsi que le rôle de la MINUSMA.
Selon les conférenciers, la MINUSMA est la mission « plus dangereuse » des Nations unies des 20 dernières années. Cela au regard du nombre de victimes, 42 morts et 136 blessés, à la date de juin 2015.
Face à l’interpellation de différents intervenants, dont certains ont demandé de mettre fin à la MINUSMA, au regard de la recrudescence de l’insécurité au Nord et la difficile mise en œuvre de l’accord de paix, les cadres de la MINUSMA n’ont pas cessé de rappeler que le Conseil de sécurité a mandaté Serval et Barkhane en accord avec le Mali pour lutter contre le terrorisme ; même si la MINUSMA contribue dans cette lutte de façon indirecte, par la formation des soldats, la fourniture d’informations aux armées.
La MINUSMA, ont-ils noté, a été installée à la demande des autorités maliennes de la transition de 2012 par une lettre officielle adressée au Secrétaire général des Nations unies pour leur apporter son aide et assistance.
Aussi, ont-ils précisé, la MINUSMA n’est pas chargée d’établir son mandat. Et que c’est le Conseil de sécurité des Nations unies qui détermine ce mandat lequel ne l’autorise pas, pour l’instant, à combattre les terroristes.
Par ailleurs, ont rappelé les conférenciers, le nouveau mandat de la MINUSMA (Résolution N° 2227-2015 du Conseil des Nations un le Conseil de sécurité) a mandaté Serval en accord avec le Mali pour lutter contre le terrorisme ; même si la MINUSMA contribue dans cette lutte de façon indirecte, par la formation des soldats, la fourniture d’informations aux armées.
En effet, le nouveau mandat de la MINUSMA consiste à appuyer, surveiller et superviser l’application des arrangements relatifs au cessez-le-feu et des mesures de confiance par le gouvernement malien, les groupes armés de la Plateforme et de la Coordination ; assurer, sans préjudice de la responsabilité première des autorités maliennes, la protection des civils immédiatement menacés de violences physiques ; fournir un appui aux autorités maliennes pour stabiliser les principales agglomérations et les autres zones où les civils sont en danger, notamment dans le nord du pays ; appuyer le cantonnement, le désarmement, la démobilisation et la réintégration des groupes armés ainsi que le redéploiement progressif des forces de défense et de sécurité maliennes, en particulier dans le nord du Mali. Sans oublier les actions humanitaires, de développement et socioéconomiques en faveur des populations et des services publics.
En conclusion, les conférenciers ont invité les Maliens à approcher davantage les responsables de la MINUSMA qui sont prêts à les fournir toutes les informations, dont ils disposent.
En tout cas, le public qui est venu massivement à ce débat public est resté sur sa faim. D’autan plus que les cadres de la MINUSMA n’ont pas donné les réponses auxquelles il s’attendait, à savoir un délai pour ramener la paix au Mali ou mettre fin aux attaques terroristes.
Par Sékou CAMARA