Ouagadougou, 13 oct 2015 (AFP) - Les premières inculpations ont été
annoncées mardi dans l'affaire de l'assassinat de Thomas Sankara, 28 ans après
la mort de l'ancien président charismatique du Burkina Faso, dont la dépouille
est criblée de balles selon le rapport d'autopsie, ont annoncé les avocats de
la famille.
Icône du panafricanisme, Thomas Sankara a été assassiné, après 4 ans au
pouvoir, le 15 octobre 1987 lors d'un putsch qui a porté son compagnon d'armes
Blaise Compaoré au pouvoir.
L'enquête sur sa mort a été ouverte fin mars 2015, après le renversement de
M. Compaoré en octobre 2014, chassé par la rue après 27 ans au pouvoir. Les
ossements de M. Sankara ont été exhumés fin mai.
Cette enquête, dont les résultats étaient très attendus, vise à lever le
voile sur le mystère entourant les circonstances de la mort de Thomas Sankara.
Le sujet était entièrement tabou pendant l'ère Compaoré, qui a été soupçonné
d'avoir commandité son assassinat.
"Il y a huit ou neuf inculpés", dont certains "sont déjà déférés", a
indiqué Me Bénéwendé Stanislas Sankara, un des avocats de la famille. Parmi
les inculpés figurent "des militaires de l'ex-RSP (Régiment de sécurité
présidentielle)", l'unité qui a perpétré le coup d'Etat avorté du 17
septembre, a-t-il ajouté.
"Au niveau des impacts, ce qu'on a pu relever en ce qui concerne le corps
de Thomas Sankara, c'est vraiment ahurissant. On peut dire qu'il a été
purement et simplement criblé de balles", a déclaré Me Ambroise Farama, un des
avocats de la famille.
"En ce qui concerne les autres (personnes assassinées en même temps que
Sankara), on a pu retrouver par-ci par-là un ou deux impacts de balles. Mais
en ce qui concerne Thomas Sankara, il y en avait plus d'une dizaine à tous les
niveaux, et même en bas des aisselles. Ce qui montre qu'il avait certainement
levé les bras, si en tout cas c'est bien lui. Il y en avait partout, dans la
poitrine, les jambes. Tout porte à croire que c'est lui, il a été simplement
et purement criblé de balles", a-t-il expliqué.
L'avocat a souligné qu'il fallait attendre le résultat de tests ADN, en
cours en France, pour formellement identifier le "père de la révolution
burkinabè".
Pour Me Bénéwendé Stanislas Sankara, "il y a beaucoup d'éléments qui
concourent à pouvoir dire que c'est le corps de Thomas Sankara qui se trouvait
dans la tombe".
Le médecin colonel-major Fidèle Guébré, directeur de la santé militaire à
l'époque des faits, a été inculpé pour "faux en écriture publique" pour avoir
déclaré que le président Sankara était décédé de "mort naturelle" dans le
certificat de décès qu'il avait établi.
L'ex-dirigeant burkinabè avait été enterré en catimini au cimetière de
Dagnoën, en banlieue est de Ouagadougou.
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