Le linge sale se lave en famille. Cette assertion, le manager général des Aigles du Mali, Fousséïni Diawara, ne l’a pas encore comprise. Sinon comment comprendre que pour une affaire de primes, une affaire interne au Mali et aux Maliens, il puisse présenter notre pays en spectacle sur les ondes de RFI ?
En effet, alors qu’ils étaient regroupés en France pour un match amical contre le Burkina, les Aigles du Mali ont été poussés par M. Diawara à hausser le ton et à ne pas jouer la rencontre, si l’Etat n’honorait pas ses engagements vis-à-vis de l’équipe nationale. C’est du moins ce qui n’a pas du tout plu au ministre des Sports, Housseini Amion Guindo, et il l’a clairement exprimé lors d’une conférence de presse qu’il a donnée le jeudi 8 octobre 2015 au Stade Ouezzin Coulibaly.
«Le staff technique a pris acte du communiqué des joueurs. Ce qu’ils revendiquent est un dû, c’est tout à fait normal. On comprend leur revendication, il y a plusieurs manques, ils ne peuvent pas travailler dans la sérénité. Il y a des problèmes de primes de matches, il y a aussi d’autres problèmes. Les joueurs sont là depuis trois jours, l’ostéopathe n’est pas là, parce qu’il n’a pas été payé. Il y a le problème d’équipements aussi qui sont arrivés en retard. Ça fait beaucoup. Les joueurs ont envie de faire quelque chose, de faire qualifier le Mali pour la prochaine Can, pourquoi pas à la Coupe du monde ? Plus on avance, plus les conditions se dégradent… À chaque fois, si l’Etat ne veut pas financer, c’est un problème. C’est un constat. Ils ont joué au Bénin…Ils ont réussi à prendre un point dans un match très difficile. À la fin du match, on aurait dû leur donner leur prime de match. Pourquoi ils ne l’ont pas eue ? On ne comprend pas. Le stage aussi a commencé mais il y a des primes de sélection ; il y a des choses qui sont mises en place, il faut les respecter», déclarait Fousséini Diawara, manager général des Aigles du Mali, sur les ondes de RFI (Radio foot du 7 octobre 2015).
Ces propos de Diawara n’étaient pas de nature à apaiser le climat social déjà assez tendu avec la crise qui secoue la Fédération malienne de football (Femafoot). Cette attitude du manager général manque d’un peu de sérieux, parce que, selon le ministre Poulô, c’est en entente directe avec la Femafoot que le délai de paiement des primes du match Bénin/Mali a été fixé au vendredi 9 octobre 2015, compte tenu du regroupement de l’équipe nationale senior de football à Troyes. Et, dit-il, contre toute attente, les joueurs sont intervenus le mercredi pour communiquer sur leurs conditions de préparation. Des revendications qui portent sur les primes, les matériels sportifs, les équipements sportifs…. Pour la prime réclamée, indique le ministre, il s’agit de celle du match Bénin-Mali, joué à Cotonou le 6 septembre dernier et qui s’est soldé par un nul (1-1). «Cette prime est d’un montant d’un million Fcfa par joueur, soit 28.600.000 Fcfa en tout. Il faut noter que la prime de sélection Bénin-Mali a été payée à Cotonou. On ne pouvait pas payer la prime du match, car le résultat n’était pas connu et l’état de payement n’était pas validé par le ministère des Finances», a expliqué le ministre.
Abordant le problème de matériel sportif, le ministre Guindo dit qu’il a été choisi, en son temps, par l’entraîneur Kasperczak et a été payé par l’Etat et mis ce matériel à la disposition de l’encadrement technique de l’équipe nationale à Kabala. «Pour la première fois que j’entends qu’il y a un problème de matériel sportif, c’était mercredi sur RFI. En tout cas, ça n’a jamais été posé sur ma table», déplore M. Guindo.
En ce qui concerne les équipements sportifs, le premier responsable des sports précise que depuis 2006, un contrat a été établi entre la Femafoot et l’équipementier Airness. Pour ce qui est de l’ostéopathe, dans l’arrêté interministériel N°2015-1423/MS-MEF-SG du 22 mai 2015 fixant les taux des primes allouées aux sportifs de haut niveau et à leur encadrement technique, l’ostéopathe n’y figure pas et n’est pas pris en charge en terme de primes. «C’est un prestataire de service dont les honoraires sont payés après service rendu sur la base d’un contrat signé entre la Femafoot et lui. À ce jour, aucun contrat n’est signé», précise le ministre. Avant de rassurer que les primes du match nul au Bénin devraient être payées le vendredi dernier, de même que les primes de sélection de ce match amical et les 18 millions Fcfa de la société Evol sport pour ce dernier regroupement des Aigles en France. Ce qui, selon nos informations, a été d’ailleurs fait et bien fait. Parlant des 112 millions Fcfa qu’Evol sport réclame, le ministre a déclaré : «On doit voir clair dans certaines factures que mon prédécesseur avait refusé de payer».
Selon Housseïni Amion Guindo, malgré le contexte difficile, son département est parvenu à accompagner toutes les Fédérations sportives en 2015. «Toutes les activités réalisées cette année sont des activités hors budget. Ce qui a amené l’Etat à débourser plus de 2 milliards de Fcfa hors budget. Nous avons, en terme de primes, payé près d’un milliard cette année». Aux dires du ministre, ces primes représentent 68 millions de Fcfa. Il a également fait savoir que la prise en charge des joueurs et de l’encadrement technique pour le match nul Bénin-Mali au niveau des seniors, la prime de qualification de l’équipe nationale senior masculine en quarts de finale de l’Afro-basket Tunisie 2015, la prise en charge des primes des médaillés de la 11ème édition du Tiao et du Grand prix de Moscou et la prime de U16 Afro-basket masculin Bamako 2015 n’ont pas été payées et représentent 164 millions de Fcfa. Pour le conférencier, beaucoup d’efforts ont été faits et concernant ces primes, des dispositions sont en train d’être prises pour que tout le monde soit dans ses droits.
Bruno E. LOMA