La semaine dernière, huit militaires et un civil, en détention au camp I de la gendarmerie, ont pris la clé des champs, au terme d’une évasion rocambolesque. Aujourd’hui encore, beaucoup de zones d’ombre entourent cette affaire. Cependant, cette évasion est loin de surprendre. Elle rentre même dans une logique, pour ne pas dire plusieurs logiques.
Première logique : le Mali connait, depuis deux ans, une gouvernance calamiteuse, porteuse de dérives à tous les niveaux. Dans cette optique, les garnisons militaires, les brigades de gendarmerie et autres unités de police sont appelées à être des remparts solides pour la sécurité individuelle et collective des Maliens. Mais, la réalité à ces niveaux est alarmante. Ici et là, le laxisme, l’impunité et la négligence ont atteint des proportions inquiétantes à la fois pour le pays et les populations maliennes. C’est dire que s’évader d’une brigade de gendarmerie peut s’avérer un jeu d’enfant pour n’importe quel détenu. Surtout si celui-ci y met le prix…
Deuxième logique : le pouvoir, ces derniers temps, a longuement contribué à entretenir un sentiment d’impunité dans le pays, en procédant à la libération de nombreux criminels de guerre, sans aucune condition. Dès lors, policiers et gendarmes n’hésitent point à ouvrir les portes des violons, afin de laisser filer des détenus. Cela intervient toujours dans des conditions douteuses. Aussi, cette même logique d’impunité justifie le manque et/ou l’absence de réaction au niveau des autorités. De cette évasion à maintenant, aucun responsable du camp I, encore moins de la gendarmerie n’a été inquiété. Pas de sanction, encore moins de responsabilité à situer dans cette affaire qui intervient dans un contexte où le Mali semble livré à lui-même…
CH S