Après une première tentative avortée au mois d’août dernier qui devait se tenir à Niamey, sous l’égide Premier ministre, Brigi Rafini, les groupes armés rivaux du Nord du pays ont finalement enterré la hache de guerre. Désormais, ces acteurs, qui veulent tourner la page sombre des violences fratricides, ont décidé, à Anefis, de cheminer ensemble pour la mise en œuvre intégrale de l’accord de paix.
Annoncée pour être les retrouvailles qui scellent la paix des braves entre tous les fils appartenant au même terroir, la « réunion de réconciliation » des groupes armés rivaux du Nord du Mali, qui vient de se tenir à Anefis, ouvre de nouvelles perspectives, après la signature de l’accord, pour le retour à la normalité dans les régions Nord du pays perpétuellement confrontées à des conflits sanglants entre fils d’un même terroir.
Vraisemblablement résolus à matérialiser la paix des braves entre les différentes composantes desdites localités, les notables des différentes tribus et les plus hauts cadres des groupes armés sont parvenus à un terrain d’entente pour le retour d’une solide paix. C’est à Anéfis, cette ville devenue symbolique par la force des circonstances, tant son contrôle fut disputé dans le sang par les ennemis d’hier, que les groupes armés (CMA et Plate forme), avec leurs communautés, ont convenu d’enterrer la hache de guerre.
Après plusieurs heures de débats francs et directs durant lesquelles les parties ont fait l’historique des récents événements qui ont entaché les bonnes relations, les premiers responsables, selon des sources proches de la rencontre, ont tour à tour privilégié le dialogue, la compréhension et le pardon. Ces derniers, apprend-on, ont été largement suivis par les participants qui ont soutenu l’esprit du pardon, de la réconciliation, de l’entente et de la concorde.
Voilà pourquoi, les groupes armés rivaux, représentants les différentes communautés du Nord (Ifoghas, Imghades, Dawsahak, et Arabe) ont décidé de signer un pacte d’honneur et un contrat social, en s’engageant à vivre dans un bon voisinage marqué par le respect mutuel.
Leurs chefs respectifs : Alghabas Ag Intalla, Alhaj Gamou, Moussa Ag Acharatoumane et Hanoune Ould Ali, ont juré sur l’honneur à cesser tout acte de violence et toutes formes d’hostilités entre eux, tout en promettant de régler, de façon définitive, et durable, tout différend les opposant.
Dans un document, dont nous nous sommes procurés une copie, les parties ont convenu de se pardonner mutuellement les malheureux incidents survenus entre leurs communautés respectives ; de ne jamais reposer ces mêmes actes ; de se concerter dorénavant sur toutes questions intéressant la vie de leurs communautés, notamment sur les questions politiques, économiques et sociales…
Les rencontres d’Anéfis regroupant les groupes armés et les leaders communautaires sont consécutives à celles tenues à Bamako avec le gouvernement. Trois membres du Gouvernement se sont rendus à Anefis, dans la région de Kidal, en accord avec toutes les parties, entre les 25 et 29 septembre 2015, en vue de mettre fin aux affrontements sur le terrain et de constituer des Commissions de sensibilisation des populations et des groupes armés pour le retour de la paix et de la réconciliation dans les trois régions.
Une initiative qui a porté ses fruits, cela d’autant plus qu’il est prévu dans les semaines à venir une réunion de signature d’un pacte de paix intra et inter communautaire, qui sera contresigné par le Gouvernement.
Sans compter également des mesures de confiance prises par le Gouvernement, à travers un échange de détenus du fait de la crise avec les mouvements armés, en partenariat et avec l’appui de la MINUSMA, de l’Opération française Barkhane et des organisations des droits de l’homme. Cette opération a concerné 16 militaires des FAMA et 32 des groupes armés. Une autre vague de libération, a-t-il annoncé, est prévue dans les tous prochains jours.
Aussi, l’avènement de cette paix des braves intervient après la déclaration du Représentant spécial du Secrétaire général, Mongi Hamdi, à la tribune de l’ONU, lequel regretté qu’un temps précieux a été perdu dans la mise en œuvre de l’accord de paix du 20 juin 2015. Devant le Conseil de sécurité, le patron de la MINUSMA a mis en exergue le fait que le calendrier de mise en œuvre de l’accord a subi de graves revers, à cause principalement de fréquentes violations du cessez-le-feu, par les parties signataires de cet accord.
Par Mohamed D. DIAWARA